Nous avons de tout temps emprunté des mots aux divers peuples du monde, mais le français possédait alors une volonté d’assimilation qu’il a négligée en grande partie.
Vous ne serez point content que vous ne jouissiez de tout ce que nous possédons.
L’artiste peut se vanter de posséder le secret de faire d’une couleur qui est d’elle-même si douce que la nature qui a réservé le bleu pour les cieux, en a tissu le manteau de la terre au printemps, d’en faire, dis-je, une couleur à aveugler si elle était dans nos campagnes aussi forte que dans son tableau.
La plupart des grandes bibliothèques n’en possèdent que des collections incomplètes ; il n’en existe nulle part de répertoires généraux. […] Le cas le plus simple est celui où l’on possède l’original, l’autographe même de l’auteur. […] Il a affirmé ce qu’il croyait de nature à produire sur le lecteur l’impression que lui ou les siens possédaient des qualités estimées. […] Possédons-nous plusieurs traditions diversement colorées ou une seule ? Possédons-nous des documents d’espèce diverse ou d’une seule espèce ?
L’idée est bonne, et avec le magasin d’idées que possède Daudet, il ferait un excellent directeur de revue. « Mais pourquoi le titre de « Revue de Champrosay » ? […] Puis la comtesse, prenant une lampe à la main, me fait voir les tapisseries de Boucher de la salle à manger, le portrait de Mme de Champcenetz peint par Greuze, un groupe d’Amours en marbre provenant du château de Ménars, qu’a possédé son beau-père, — et qui aurait échangé le mobilier de la chambre de Mme de Pompadour contre un mobilier d’acajou. […] Et à propos de la révolution opérée dans les esprits, Daudet cite ce fait curieux, c’est qu’autrefois la classe chic des humanités françaises était la classe de rhétorique, la classe des professeurs en vue et des élèves destinés à un grand avenir, tandis que depuis la guerre avec l’Allemagne, c’est la classe de philosophie qui possède les intelligences du moment, et les professeurs faisant du bruit, comme Burdeau. […] À propos d’un bal, où elle devait aller en Diane, on lui a parlé d’un buste de Diane de Houdon, que possédait un de ses voisins de campagne, où elle trouverait sa coiffure. […] La totalité des biens quelconques qui sont à moi, et que je posséderai, sont en garantie de toutes les paroles ci-dessus, jusqu’à ce que je les accomplisse.
Sa qualité dominante, en apparence moins spéciale, parce qu’elle appartient plus ou moins à tous les hommes et surtout à un certain âge de la vie où le besoin d’apprendre et de découvrir nous possède, lui est propre par le degré d’intensité, de sagacité, d’étendue. […] Quand une idée possède cet esprit inventeur, il n’entend plus à rien autre chose, et il va au bout dans tous les sens de cette idée comme après une proie, ou plutôt elle va au bout en lui, se conduisant elle-même, et c’est lui qui est la proie. […] Tant que tu les posséderas et qu’ils te posséderont, embrassez-vous en mémoire de moi : je vous laisse à tous mon cœur.
La tradition d’un Wagner délirant et possédé, d’abord en tous lieux reçue, ne demeura plus, bientôt, que dans quelques petites villes et dans des cercles spéciaux, où elle vit. […] Les renseignements que nous possédons sur les procédés de Beethoven à l’égard de Haydn nous donnent une explication caractéristique de cette liaison. […] Aussi, ressemble-t-il toujours, à un homme possédé par un démon intérieur : ce démon, vraiment, il l’avait en son âme, et de lui, plus que de tout autre, on peut dire — ce que Schopenhauer disait, en général, des musiciens : celui là parle la suprême sagesse, par un langage si profond et surnaturel, que son intelligence même n’en comprend pas la portée ! […] D’abord considéré comme un possédé, on reconnut ensuite la qualité de sa musique grâce à la Marche de Tannhäuser (celle dite « des pélerins ») et on relativisa son inimitié vis-à-vis de la France.
Il en possède la véracité. […] L’œuvre conçue comme l’intégration d’une série de notes prises au cours de la vie ou dans des livres, n’ayanten somme de l’auteur que le choix entre ces faits et la recherche de certaines formes verbales, possède l’inpassible froideur d’une constation et ne décèle des passions de son auteur que de rares accès. […] Que l’on se rappelle encore les chasses fantastiques de Julien, et surtout cette expédition où, quittant le lit nuptial, il parcourt une forêt enchantée dont les bêtes indestructibles le frôlent, et d’autres, qu’il abat, s’émiettent pourries dans ses mains puis l’immense horreur des lieux glacés, dont l’hostilité expie son crime involontaire ; Flaubert paraîtra posséder le sens des choses à peine perçues, des sentiments naissants et balbutiants, que le mot, clair exposant de l’idée précise, peut rendre seulement par la suggestion, de mystérieuses analogies ou d’indirects symboles. […] Par une cause inconnue, probablement en partie par suite de lectures exclusivement romantiques, Flaubert possédait un grand nombre de mots beaux, harmonieux, vagues, exprimant de la réalité certaines abstractions faites pour plaire plus que les choses, aux sens et à l’esprit humains.
Tous ceux qui ont vu et connu Mme Balletti, dite au théâtre et dans la société Silvia, ont parlé d’elle comme parlent de Mlle Mars ceux qui l’ont vue à quinze ans : « Action, voix, esprit, physionomie, maintien, et une grande connaissance du cœur humain », Silvia possédait tout cela. […] Quand on a aujourd’hui à parler de lui après cent ans, on rencontre encore des esprits justes et amis qui le possèdent en entier, et qui vous disent en le soignant, comme on ferait d’un contemporain : « Prenez garde de n’en pas trop mal parler !
Il y avait plus de dix ans que Jérusalem, possédée et gouvernée depuis Godefroi de Bouillon (1099) par des princes chrétiens, avait été reconquise par Saladin (1187). […] Villehardouin, par exemple, pour nous en tenir à lui, possédait à un haut degré le don de la parole et l’art d’insinuer les conseils que d’ordinaire la prudence lui dictait : c’est un témoignage qu’ont rendu de lui ses contemporains, et c’est ce qui ressort et s’entrevoit aussi d’après l’Histoire qu’il a laissée.