« Figurez-vous, nous dit Tolstoï, qu’il existe en France une théorie suivant laquelle il n’est nullement nécessaire pour la production d’une œuvre artistique de posséder la moindre notion sur ce qui est bien et sur ce qui est mal. » Oui !
Cléopâtre, à la vérité, dans la tragédie de Rodogune, ne s’attire nulle compassion ; mais songez que, si elle n’était pas possédée de la passion forcenée de régner, on ne la pourrait pas souffrir, et que si elle n’était pas punie, la pièce ne pourrait être jouée.
C’est un délicieux portrait de femme, un de ceux que, dans une nuit d’insomnie et d’extase, on lève de suspendre à son chevet, un de ceux qu’il faut ravir pour les posséder.
C’est-à-dire, répliqua le chevalier de Saint-Louis, qu’avec quelques écus on achete la science du droit, & qu’on a le bonheur de la posséder, dès qu’on a pris la robe & le bonnet de docteur. […] Pauvre manuscrit, que vas-tu devenir en passant par des mains si peu capables de te posséder, sous des yeux si peu faits pour te lire ?
Si les Français la possédaient, l’Italie serait flambée ; ils bâtiraient dans notre pays des forteresses à tout bout de champ ; ils feraient des chemins larges comme la grande allée du Verney jusque sur nos plus hautes montagnes194.
Que le poète le sache ou non, définir, peindre, émouvoir, choisir et disposer ses mots, tout cela n’est pour lui qu’un moyen de se libérer de la force mystérieuse qui le possède, de s’approprier la réalité, d’ailleurs ineffable, que l’inspiration lui a offerte.
Quant au regret que le poète fait paraître que Lanoue ne soit pas cocu, il me semble qu’il n’était pas nécessaire de l’être pour représenter au naturel Zamti, qui possède la plus fidèle des femmes.
Sa pensée désormais habite le monde surnaturel, et jusqu’au dernier terme il marche les yeux fixés sur le rêve qui l’a possédé dès le premier pas.
Les philologues nous montrent une époque primitive où les Indiens, les Persans, les Germains, les Celtes, les Latins, les Grecs, avaient la même langue et le même degré de culture ; une époque moins ancienne où les Latins et les Grecs, déjà séparés de leurs autres frères, étaient encore unis entre eux3 connaissaient le vin, vivaient de pâturage et de labourage, possédaient des barques à rames, avaient ajouté à leurs vieilles divinités védiques une divinité nouvelle, Hestia, Vesta, le foyer.
Musset n’avait certainement pas le don au degré où le possède M.