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1203. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le dernier mois s’était passé aux querelles politiques, à aiguiser ses épées, à négocier des cartels : n’était-il pas juste de varier un peu son humeur ? […] Le côté amoureux, mystique et insinuant du saint-simonisme est assez fidèlement rendu ; le côté politique et économique n’est pas même soupçonné.

1204. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Je n’ai pas cru impossible d’écarter toutes les passions du présent, et de goûter en chaque œuvre la puissance individuelle du talent, quelle que fût l’orthodoxie politique, religieuse, métaphysique, et même esthétique, qui s’y révélât. […] Je n’ai pas prononcé des noms à qui l’histoire politique fera honneur : il y a d’excellents hommes d’État, et de grands patriotes, dont les discours ne sauraient être comptés dans la littérature.

1205. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Mais partout, dans l’aise élégante de la vie comme dans l’élan hardi de la pensée, une sensation esthétique se dégageait : dans la politique, l’amour, la philosophie, la science, le besoin s’enveloppait d’art, et l’activité humaine, s’affranchissant des fins particulières qu’elle poursuivait, les dépassant, se complaisait dans la grâce de son libre jeu, ou se réalisait en formes d’une absolue beauté. […] Toutes les sciences se détachent et se constituent : histoire, philosophie, politique, agronomie, sciences naturelles : les spécialités, les écrits techniques apparaissent en Paré et Palissy.

1206. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Dès la fin du règne de Louis XIV, cette réaction de la littérature anglaise sur la nôtre se produit par l’intermédiaire des journaux de Hollande581, très curieusement rédigés par des réfugiés français que leurs idées politiques et religieuses disposent à prêter grande attention à toutes les œuvres qui viennent d’Angleterre. […] La Correspondance de Grimm590 est le chef-d’œuvre du genre : les princes qui s’y étaient abonnés sous la promesse du secret absolu, recevaient chaque mois toutes les nouvelles littéraires, dramatiques, philosophiques, politiques, mondaines, le jugement et l’analyse de toutes les publications importantes, le journal détaillé en un mot de la vie de Paris, avec laquelle ils restaient ainsi en communication constante.

1207. (1902) L’humanisme. Figaro

Mais je ne veux faire allusion qu’en passant aux lointaines conséquences de l’humanisme au point de vue philosophique, religieux, politique et moral. […] Mais il proclame, lui aussi, avec toutes les âmes jeunes et hardies de notre temps, cette doctrine de l’humanisme, qui s’empare actuellement de toute la civilisation moderne et qui dirige en un sens très déterminé la littérature, l’art, la politique, la sociologie d’aujourd’hui et de demain.

1208. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Après quoi la révolution politique faite cherche son expression, et la révolution littéraire et sociale s’accomplit. […] Il était, certes, aussi injuste de l’employer pour caractériser tout le mouvement littéraire qu’il est inique de l’employer pour qualifier toute la révolution politique ; il y a dans ces deux phénomènes autre chose que 93.

1209. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Ils veulent trouver partout des vérités absolues, tandis qu’en morale et en politique les vérités sont relatives. […] Supposons qu’une pensée soit représentée par A et une autre par B : quelle prodigieuse différence n’y aurait-il pas entre l’homme qui développera ces deux pensées, dans leurs divers rapports moraux, politiques et religieux, et l’homme qui, la plume à la main, multipliera patiemment son A et son B en trouvant des combinaisons curieuses, mais sans avoir autre chose devant l’esprit que les propriétés de deux lettres stériles ?

1210. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Cependant, comme c’était sous le masque du patriotisme et au nom de la liberté, qu’à cette époque déplorable on persécutait les patriotes et qu’on établissait la tyrannie, Chamfort était assez difficile à atteindre : depuis le commencement de la révolution, il marchait sur la même ligne, et en quelque sorte aux premiers rangs de la phalange républicaine ; nul n’avait supporté, avec plus de courage, et ses propres pertes, et les crises violentes qui avaient agité le corps politique, et cette espèce de réforme, ou si l’on veut ce commencement de dégradation sociale, qui, rangeant l’esprit parmi les objets de luxe, privait nécessairement l’amour-propre d’une partie de ses jouissances. […] Il avait pris, dans les réunions politiques et dans les clubs, l’habitude de parler haut, de soutenir son opinion à outrance, et de mettre la violence de la dispute à la place de cette discussion polie et spirituelle dont lui-même avait été le parfait modèle.

1211. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Elle a fait plusieurs espèces de livres, soit des romans, comme Delphine et Corinne, soit des livres d’histoire et de politique, comme les Considérations sur la Révolution française, soit de philosophie morale, comme l’Influence des passions, soit de critique littéraire, mêlée de philosophie et de métaphysique, comme l’Allemagne ; et dans tous ces divers ouvrages, on trouve une écrivain d’un prodigieux talent. Mais dans ses romans, elle se raconte elle-même : elle est sa Corinne ou sa Delphine, l’une après l’autre ; mais en histoire et en politique, elle n’a guère que l’opinion des hommes qu’elle aime, ou son père, ou Benjamin Constant, ou Narbonne, ou tout autre, et elle dit même quelque part que la femme, dont elle juge d’ailleurs très bien la destinée, ne doit pas avoir d’autre opinion que celle-là !

1212. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

il voulait conserver l’état politique de son temps, parce qu’il voulait se conserver lui-même. En politique, c’était, comme en autre chose, un coquin voluptueux.

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