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403. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

» La situation de cette pauvre Berte égarée ressemble extrêmement à celle d’Una dans Spencer, de la vierge dans le Cornus de Milton, et de la belle Damaïanti des poèmes indiens. […] Tel est le sec canevas de ce poème, dont la parfaite naïveté éveille involontairement dans l’esprit du lecteur l’essaim des moqueries familières à l’Arioste.

404. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

. — À la suite de ces poésies lyriques, parmi lesquelles se détache encore l’hymne éclatant à la mémoire de Paul de Saint-Victor, se placent des poèmes philosophiques qui ont aussi leur grande valeur, d’un symbolisme profond et d’une émotion communicative ; quelques-uns m’ont rappelé, avec une langue plus moderne, certaines inspirations très heureuses d’Émile Deschamps, qui présente quelques analogies avec notre poète, ne serait-ce que par un caractère commun dans leur talent, caractère de conciliation et de transaction. […] Or, il est évident que par tout le reste de son œuvre, Attila, Saint Paul, Mahomet et les poèmes couronnés par l’Académie, M. de Bornier est « un monsieur bien sage », je veux dire un excellent littérateur de plus de noblesse morale que de puissance expressive, poète par le désir et l’aspiration, mais un peu inégal à ses rêves.

405. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Ils ont un goût plus sûr, une imagination plus noble : ils ne savent travailler que l’ensemble, et négligent les ornements ; un berger qui se plaint, un vieillard qui raconte, un héros qui combat, voilà pour eux tout un poème ; et l’on ne sait comment il arrive que ce poème, où il n’y a rien, est cependant mieux rempli que nos romans chargés d’incidents et de personnages.

406. (1911) Études pp. 9-261

Sur ses poèmes le poète ne cesse d’exercer son empire. […] Chaque poème est le doux corps précis d’un sentiment unique. […] Le poème dans son ensemble se développe sur le modèle d’une phrase. […] Une pensée secrète, la même jusqu’au bout, pèse au cœur du poème. […] La musique des premiers poèmes atteignait l’âme à force de déferler contre les sens.

407. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

Ses poèmes sont achevés avec une perfection que n’ont jamais atteinte ni les maîtres parnassiens, ni aucun de nos poètes. […] Emmanuel Signoret est riche d’expression et, si l’on sait lui pardonner un déplorable abus de fausse joaillerie, de sonorités assourdissantes, d’images futiles et désordonnées, ses poèmes peuvent offrir de remarquables dons d’évocation.

408. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Ce « Chef d’École » — rôle ou d’ailleurs l’appelait la qualité d’aîné de sa petite bande (il a quelque 30 ans) — n’est ni le plus fécond ni le plus original de ces poètes, néanmoins l’accent tout particulier de tel de ses poèmes, les qualités de sonorité et de coloris qui distinguent son style font de ses œuvres des livres de bibliothèque. […] Il a fait paraître successivement : Les Poèmes saturniens, les Fêtes galantes, La Bonne Chanson, Romances sans paroles, Sagesse, Jadis et naguère.

409. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Le poème didactique ici est dépassé dans son cadre : c’est grand, c’est triomphal, c’est épique déjà. […] Puis vous passez à la discussion sur le mérite de son poème. […] Vous examinez ensuite quelles sont les conditions du poème épique. […] Le poème épique ne peut et ne doit naître qu’à une époque du monde où il peut être cru. […] Ce sont, en effet, les peuples qui font les poèmes épiques, ce ne sont pas les poètes.

410. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

La traduction vulgarisatrice sera dans quelques années achevée : Tristan, les Maîtres, la Tétralogie, Parsifal seront des poèmes français, que liront les Français, qui seront chantés en les théâtres français, et par lesquels largement sera répandue dans le public français la gloire Wagnérienne. […] Depuis que la représentation de Lohengrin à l’Opéra-comique a été décidée, une importante question s’est présentée, celle de la traduction du poème. Sans parler de la traduction en prose des Quatre poèmes, qui date de 1860, il existait depuis 1870 une traduction faite en vers pour la musique, celle de M.  […] Cette traduction n’est pas excellente, cela saute aux yeux ; l’auteur ne paraît pas s’être assez soucié de la valeur littéraire du poème : sa traduction est un pur livret d’opéra. […] Aussi, l’homme qui s’est consacré à la vulgarisation des poèmes Wagnériens, le traducteur de la Tétralogie (un poème autrement difficile que Lohengrin !)

411. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

En 1848 le plan du Nibelungenring fut ébauché, et les poèmes achevés en 1853, couronnant la reconquête de l’antique nouveau monde allemand par Wagner. […] En 1853 le poème du Ring était achevé à Zurich, le Rheingold avait été composé et instrumenté jusqu’au printemps de 1854, lorsque le poète Herwegh, un autre exilé de 1848, lui apporta les œuvres de Schopenhauer. […] Pendant l’hiver de 1857, il compose le premier acte de Siegfried avec les chants de la forge, le deuxième pendant l’été ; en automne le poème de Tristan est achevé, et au printemps de la même année le drame de Parsifal est esquissé. […] Le public écouta religieusement de la première note à la dernière, avec une admiration croissante, et se retira plein d’enthousiasme pour ce grand poème musical. […] Autant dire que le poème ici présenté est bien sage en comparaison de certaines pages de son roman Lesbia Brandon qui décrivent le plaisir sauvage d’un adolescent qui se laisse violenter par les rouleaux d’une mer déchaînée et qui correspondent finalement plus à l’atmosphère de l’ouverture du Vaisseau fantôme.

412. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

C’est, dans le poème dramatique, un discours qui précède la pièce, et dans lequel on introduit, tantôt un seul acteur, et tantôt plusieurs interlocuteurs. […] La catastase est, selon quelques-uns, la troisième partie du poème dramatique chez les anciens, dans laquelle les intrigues, nouées dans l’épitase ou l’exposition, se soutiennent, continuent, augmentent jusqu’à ce qu’elles se trouvent préparées par le dénouement qui doit arriver dans la catastrophe. […] Ces sortes de récits sont, pour l’ordinaire, dans la bouche des personnages qui, s’ils n’ont pas un intérêt à l’action du poème, en ont du moins un très fort qui les attache au personnage le plus intéressé dans l’événement funeste qu’ils ont à raconter. […] Je m’étonne qu’un moderne ait dit que la monodie est un poème composé pour un seul personnage, tel que la Cassandre de Licophron ; car n’étant pas même d’accord avec Scaliger touchant l’intelligence de ce simple terme poétique, il me semble qu’on peut bien aussi n’approuver pas son opinion. […] Quant aux prologues, ils sont récités ordinairement par des personnages seuls, mais non pas en forme de monologues : c’est une scène hors d’œuvre, qui, à la vérité, fait bien partie du poème ancien, mais non pas de l’action théâtrale ; c’est un discours qui s’adresse aux spectateurs et en leur faveur, pour les instruire du fond de l’histoire, en attendant l’entrée du chœur, où commence précisément l’action, selon Aristote.

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