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216. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

Nous ne parlerons pas de ses Poésies : on convient généralement qu’elles sont mauvaises, quoiqu’elles fourmillent de pensées ingénieuses, galantes, philosophiques ; ce qui prouve combien M. […] Sa diction est toujours convenable aux matieres qu’il traite ; elle est ordinairement pure, nette, élégante : les seuls défauts qu’on y trouve se réduisent à une affectation de tours, à un vernis de morgue philosophique, peut-être excusable dans lui, mais poussée depuis jusqu’à l’extravagance par des Auteurs qui ne le valent pas.

217. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère 1. […] C’est par l’effet de ce défaut de réflexion, qui rend les barbares incapables de feindre, que Dante, tout profond qu’il était dans la sagesse philosophique, a représenté dans sa Divine Comédie, des personnages réels et des faits historiques.

218. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Par passion ou par logique, les autres vont jusqu’au bout  Une première campagne enlève à l’ennemi ses défenses extérieures et ses forteresses de frontière ; c’est Voltaire qui conduit l’armée philosophique. […] Ici commence la seconde expédition philosophique. […] Les enfants perdus du parti philosophique. — Naigeon, Sylvain Maréchal, Mably, Morelly. — Discrédit complet de la tradition et des institutions qui en dérivent. […] Voltaire, Dictionnaire Philosophique, article Supplices. […] Voltaire, Dictionnaire Philosophique, article Religion.

219. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

Est-ce bien encore à notre auteur qu’il convient de relever si impitoyablement ce qu’elle appelle la conduite philosophique de madame d’Épinay et de madame Du Deffant ? […] L’une épouse, l’autre fille d’un ministre, elles furent portées dans la vie publique, plutôt qu’elles ne s’y jetèrent ; élevées, l’une dans le recueillement des mœurs bourgeoises, et l’autre au bruit des discussions philosophiques, elles avaient contracté dès l’enfance de fortes et sérieuses habitudes d’esprit, qu’elles déployèrent dans l’occasion avec toute l’énergie de la jeunesse et de la vertu.

220. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Il n’était plus guère question en effet dans les grandes familles d’imposer le petit collet aux cadets les plus jeunes ; la raillerie philosophique Pavait décrédité, et plus d’un gentilhomme, comme Boufflers, se métamorphosait d’abbé en chevalier. […] A Berlin surtout, dans une cour timide, froide et naguère ennemie, en présence d’une Académie peut-être encore philosophique et frondeuse, en présence de cette colonie de réfugiés français qui n’avaient pas oublié les injures de leurs pères3, combien une noble contenance eût été séante, combien elle eût racheté de préjugés et d’erreurs !

221. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Nous n’avons pas totalement oublié, durant la révolution, quoi qu’il en dise, nos études philosophiques du xviiie  siècle, nous les avons même poussées plus avant et plus haut ; nous pouvons nous croire, sans vanité, capables encore de comprendre Condillac et même quelque chose au-delà. […] Bœrne avait pris la peine de s’informer à ce sujet, il eût rencontré facilement, à Paris, des conférences philosophiques moins ridicules que celles dont il nous a tracé une agréable caricature.

222. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

De même que Manéthon, le grand prêtre d’Égypte, interpréta l’histoire fabuleuse des Égyptiens par une haute théologie naturelle, les philosophes grecs donnèrent à la leur une interprétation philosophique. […] Quatrièmement, elles leur donnaient la facilité d’exposer les idées philosophiques les plus sublimes en se servant des expressions des poètes, héritage heureux qu’ils avaient recueilli.

223. (1813) Réflexions sur le suicide

Néanmoins Votre esprit transcendant n’est étranger à aucun sujet philosophique, et Vous voyez de trop haut pour que rien puisse Vous échapper. […] Les Sauvages n’ayant point l’idée de la destinée religieuse ou philosophique de l’homme croient rendre service à leurs pères en les tuant, quand ils sont vieux : cet acte est fondé sur le même principe que le Suicide. […] Ces mêmes hommes mettent en contraste le christianisme avec la doctrine philosophique des anciens et prétendent que cette doctrine était bien plus favorable à l’énergie du caractère que celle dont la résignation est la base. […] Quelle grandeur aussi dans cet entretien philosophique sur l’immortalité de l’âme, continué avec tant de calme jusqu’à l’instant où le poison lui fut apporté ! […] En effet, on ne peut s’empêcher de voir de l’affectation sentimentale d’une part et de la vanité philosophique de l’autre dans la manière dont le double Suicide de Berlin a été combiné.

224. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

On trouve bien çà et là dans les auteurs quelques pensées philosophiques, quelques réflexions morales propres à guider le lecteur dans la recherche des causes qui amenèrent la chute de la République ; mais ce ne sont que des aperçus partiels, des données incomplètes, des systèmes vagues et quelquefois superficiels. […] Aussi, dans une contre-partie non moins éloquente et plus philosophique, il expose les raisons supérieures qui, aux yeux de consciences plus éclairées, auraient dû interdire l’acte sanglant, le châtiment pourtant mérité, et contenir la colère à la simple réprobation. […] Mais vous êtes donc bien assuré des effets de votre éloquence, ô voix d’Orphée, pour croire qu’on peut ainsi soulever et enflammer les courroux, dire à ces vingt-trois poignards leurs motifs d’agir, et tout d’un coup dans une seconde partie oratoire ou philosophique, les arrêter, les suspendre, les faire rentrer tous dans la gaîne comme par enchantement !

225. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Mais cette manière d’être affectée n’a que des rapports très indirects avec le plan général de mon ouvrage ; et celui qui aurait des opinions tout à fait contraires aux miennes sur les plaisirs de l’imagination, pourrait encore être entièrement de mon avis sur les rapprochements que j’ai faits entre l’état politique des peuples et leur littérature ; il pourrait être entièrement de mon avis sur les observations philosophiques et l’enchaînement des idées qui m’ont servi à tracer l’histoire des progrès de la pensée depuis Homère jusqu’à nos jours. […] Mais ce livre, c’est le temps qui le fera ; et la postérité ne partagera pas plus la petite fureur qu’excitent aujourd’hui les idées philosophiques, que les atroces sentiments que la terreur avait développés : Les fils sont plus grands que leurs pères, Et leurs cœurs n’en sont pas jaloux. […] Serait-il vrai qu’une âme fière et indépendante, de quelque supériorité qu’elle soit douée, ne doit attendre des adversaires des idées philosophiques, qu’injustice ou silence ; injustice, lorsqu’ils peuvent l’attaquer encore ; silence, lorsqu’une gloire consacrée la place au-dessus de leurs efforts ?

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