C’est aller trouver, comme dans le premier, et surtout dans le second Faust, c’est aller trouver le sens profond des inventions populaires, des pensées que le peuple a déposées dans ses récits, qui est le propre des hommes de génie.
Ajoutons que ce plaisir même n’est pas absolument semblable pour les différents peuples modernes ; que tel vers de Virgile doit paraître plus harmonieux à un Français, tel autre à un Allemand, et ainsi du reste ; mais que tout se compense de manière qu’il résulte en total pour chaque nation le même degré de plaisir harmonique de la lecture d’une page de Cicéron ou de Virgile.
Voilà pour les grands peuples. […] On a feint d’admirer beaucoup cette invention de Molière, qui met aux prises un simple homme du peuple, pétri de préjugés, avec un grand seigneur sceptique. […] C’est que nous sommes un peuple pourri de monarchisme jusque dans la moelle des os. […] — Je veux, répond le sénateur, que vous voyiez cela ; on va la répéter, pour en donner le divertissement au peuple. […] Je veux que vous voyiez cela : On va la répéter Pour en donner Le divertissement au peuple.
Il s’établit entre les différents peuples des courants d’influence qui activent la tendance naturelle de chacun d’eux. […] Jusqu’à présent nous avons vu ces sentiments se manifester surtout chez les peuples du Nord. […] Ce n’est pas tout : les malheureux qui avaient dû fuir leur patrie se trouvaient en rapports forcés avec des peuples chez lesquels la mélancolie avait déjà plus ou moins fortement établi son empire. […] Les perturbations qui l’ont travaillée s’étendaient à la plupart des peuples, éprouvés comme elle, de près ou de loin, par les soucis politiques et par les grandes guerres ; et l’on aperçoit bien le contre-coup de ces secousses, par exemple, dans Henri de Kleist et dans Ugo Foscolo. […] Alfred de Musset en donne encore une autre raison, à savoir, le prétendu abaissement d’un gouvernement, incapable, selon lui, de satisfaire un grand peuple partagé entre les regrets de sa gloire évanouie et les espérances d’une liberté sans cesse ajournée.
Moïse exterminait les peuples ennemis ! […] et sent très bien qu’il lui serait parfaitement ridicule d’être amoureux ouvertement et qu’il doit plutôt « rentrer ça », comme dit le bon peuple. […] Le prince Jean la décide par un petit chantage en règle qui est un peu vif, mais qui ne me blesse point : « Ou vous viendrez demain à mon petit pavillon secret, rue Passv-Vincennes, 393, ou je pars pour le pays de mon peuple, sans vous revoir. » J’ai entendu blâmer le petit chantage. […] Judith et Aubier ne se sont pas mariés, Judith étant partisan de l’union libre ; mais ils ont été faire un voyage de demi-noces à Jérusalem, où Aubier s’est ennuyé un peu et où Judith s’est exaltée au souvenir du peuple de Dieu. […] Or, avant de « se mettre ensemble », comme dit énergiquement le peuple, ils se sont fréquentés un an ou dix-huit mois.
Elles ont fleuri, on sait comment, les deux grossières et vigoureuses plantes, dans le fumier du moyen âge, plantées par le peuple narquois de Champagne et de l’Île-de-France, arrosées par les trouvères, pour aller s’ouvrir, éclaboussées et rougeaudes, entre les larges mains de Rabelais. […] Non-seulement Chaucer, comme Boccace, relie ses contes212 en une seule histoire, mais encore, ce qui manque chez Boccace, il débute par le portrait de tous ses conteurs, chevalier, huissier, sergent de loi, moine, bailli, hôtelier, environ trente figures distinctes, de tout sexe, de toute condition, de tout âge, chacune peinte avec son tempérament, sa physionomie, son costume, ses façons de parler, ses petites actions marquantes, ses habitudes et son passé, chacune maintenue dans son caractère par ses discours et par ses actions ultérieures, si bien qu’on trouverait ici, avant tout autre peuple, le germe du roman de mœurs tel que nous le faisons aujourd’hui.
Il n’a pas à « aller au peuple ». […] Voir à ce sujet ses curieuses études sur « le Romantisme chez les divers peuples », publiées dans les nos du 15 janvier, du 1er et du 15 février, de la Revue Idéaliste, 1902.
Le mouvement démocratique de ces vingt dernières années a encore accentué cet entraînement en rendant l’instruction obligatoire pour le peuple. […] Paris, capitale des peuples, ville idéale, la seule ville, l’Urbs antique ! […] Guy de Maupassant, toute révocation d’un monde poétique que le peuple des mondains ne sait plus apercevoir ni deviner. […] Le peuple provençal, les paysans, les pêcheurs l’ignorent, parce qu’ils ne lisent pas ou qu’ils ne savent lire que du français. […] Jean Aicard, lui, est plus que simple : il est familier, il prend le ton du peuple pour raconter les amours de Miette, comme Hugo dans ses Pauvres gens.
C’est un rude drame que celui où le peuple joue le tyran.
La curiosité, l’amour qui m’a poussé vers des religions et des peuples disparus, a quelque chose de moral en soi et de sympathique, il me semble.