Toujours l’auteur se prépare à la composition par la solitude ; il s’y exalte longuement de ses souvenirs, de ses espérances, et de tout ce qui a prise sur son âme ; il se crée un monde selon son cœur, et le peuple d’êtres chéris ; le nombre en est petit ; il leur prête toutes les perfections qu’il admire, tous les défauts qu’il aime ; il les fait charmants pour lui : mais trop souvent, si son imagination insatiable ne s’arrête à temps, s’élevant à force de passion à des calculs subtils, et raisonnant sans nn sur les plus minces sentiments, il n’enfantera aux yeux des autres que des êtres fantastiques dans lesquels on ne reconnaîtra rien de réel que cet état de folle rêverie où il s’est jeté pour les produire.
La vérité, c’est qu’en exaltant l’espoir des peuples sans leur apporter plus de vertus, les fêtes de la paix sèment en eux des germes de guerre.
René Ghil n’avait pas faussé comme à plaisir son talent et son instrument, il aurait pu être ce poète, celui qui dit au vaste peuple sa propre pensée, qui clarifie ses obscurs désirs.
La considération de la gouvernante lui paraît déjà nécessaire pour préparer les peuples à respecter un prince appelé à es gouverner.
Nous savons bien qu’elle ne serait avec nous qu’en apparence et il nous est indifférent, à nous les seuls vivants, que notre patrie morale se peuple ou non de fantômes et d’échos.
Il est temps de séparer, par le changement radical des noms, la mythologie plagiaire des peuples latins de la mythologie créatrice et originale des races helléniques.
Les échanges sont supprimés entre des peuples qui tombent dans l’oubli les uns des autres, un rideau tombe devant des regards sur une partie du spectacle du monde.
Les Confrères de la Passion ayant loué une salle à l’hôpital de la Trinité, élevèrent un théâtre propre à ce genre de représentations qu’ils donnèrent au peuple les jours de fête.
Conduisez le peuple au théâtre : ce ne sont pas des hommes sous le chaume, et des représentations de sa propre indigence qu’il lui faut : il vous demande des grands sur la pourpre ; son oreille veut être remplie de noms éclatants, et son œil occupé du malheur de rois.
Le peuple fait grand cas de cette idée du peintre.