L’Empire était tombé ; la Restauration s’inaugurait avec de nouvelles modes et un changement complet de décoration, bien qu’avec bon nombre des mêmes personnages : c’était l’heure de la dévotion de salon, de l’aristocratie plus fine, de l’élégance plus assaisonnée d’esprit. […] Mais, à la manière dont Mme de Girardin décrit les alentours, les personnages secondaires, et l’oncle fat, et la duchesse coquette, et l’héritière parée, il est évident qu’elle a déjà passé au portrait, à l’observation fine et satirique.
Dans notre jeunesse, et quand le Moyen Âge était à la mode, je me rappelle avoir entendu regretter, au sujet de Volney, qu’au lieu de ce nom qui siérait aussi bien à un personnage de roman, il n’eût point gardé ce premier nom pittoresque de Chassebœuf, qui rappelait un chevalier et haut baron poursuivant dans la plaine le vilain et piquant les troupeaux de sa lance : mais le commun du monde y voyait naturellement le vilain et le bouvier encore plus que le chevalier. […] Dans cette composition originale et simple, quel est en effet le personnage, le motif principal selon la pensée du peintre ?
Une sorte de parti pris gigantesque, la mesure habituelle dépassée, le grand partout, ce qui est l’effarement des intelligences médiocres, le vrai démontré au besoin par l’invraisemblable, le procès fait à la destinée, à la société, à la loi, à la religion, au nom de l’Inconnu, abîme du mystérieux équilibre ; l’événement traité comme un rôle joué et, dans l’occasion, reproché à la Fatalité ou à la Providence ; la passion, personnage terrible, allant et venant chez l’homme ; l’audace et quelquefois l’insolence de la raison, les formes fières d’un style à l’aise dans tous les extrêmes, et en même temps une sagesse profonde, une douceur de géant, une bonté de monstre attendri, une aube ineffable dont on ne peut se rendre compte et qui éclaire tout ; tels sont les signes de ces œuvres suprêmes. […] Après avoir ainsi pourvu de vie réelle son personnage, le poëte peut le lancer en plein idéal.
Quand les Grecs et les Latins ont dit quelques mots d’un paysage, ce n’a jamais été que pour y placer des personnages et faire rapidement un fond de tableau ; mais ils n’ont jamais représenté nuement, comme nous, les fleuves, les montagnes et les forêts : c’est tout ce que nous prétendons dire ici. […] Les voûtes des thermes de Titus, dont Raphaël étudia les peintures, ne représentaient que des personnages.
Durantin, mais il était nécessaire de changer le titre et le nom des personnages pour dépister les personnes qui avaient eu connaissance du premier manuscrit. […] Comme c’est dans un monde d’exception qu’évoluent tous ces personnages, M. […] Il n’y a d’ailleurs pas que ces deux personnages dans ce livre qui ressemble singulièrement à une comédie, et qui a fourni à l’auteur l’étude de caractères très variés. […] C’est presque du théâtre tant les traits sont nets, les personnages mis en relief. […] Parmi les personnages qu’on y voit évoluer, il en est un qui est particulièrement curieux à suivre : c’est Fouché qu’il faut étudier comme on étudierait un monstre, merveilleux dans son horrible structure.
Bonaparte y semble un personnage de Rabelais, un Picrochole réalisé. […] Parmi ses personnages, ceux du sexe masculin sont en général des conférenciers, ceux du sexe féminin de petites oies blanches, ou des gourgandines de la plus plate catégorie. […] Il s’agit, en effet, d’une sorte de fissure intérieure subite, par laquelle l’âme aperçoit tout un système, toute une gravitation d’idées ou de personnages, colorés par des aspects imprévus. […] Comme à un personnage des Mille et une Nuits, d’immenses richesses me sont apparues. […] Un personnage de l’Immortel (le célèbre roman d’Alphonse Daudet) déclare, à un moment donné, que « les corps constitués sont lâches ».
Le principal intérêt est dans le caractère des deux personnages qui y figurent.
Il en est de même pour la peinture qu’il fait des caractères de certains de ses personnages.
L’auteur n’échappe jamais à ce défaut ; déjà dans la belle ode où il fait parler Louis XVII, il s’était mis à chaque instant à la place de son personnage.
Et s’ils luttent, les uns, dans un four à coke ; s’ils élèvent, les autres, des abeilles ; s’ils cultivent des roses et des blés, ce n’est point par un stratagème, ni une simagrée des hasards… Ces pêcheurs, ces maçons, ces bouviers ont été, sans nul doute, élus à travers toute l’Éternité pour solenniser les guêpes et les marbres… Et ils apparaissent moins des hommes que de vivantes Enclumes, les uns ; et ceux-ci des Houlettes ; des Corbeilles et des Faux… » Au lieu d’inventer des aventures où paradent et dialoguent d’impossibles personnages, il convient de célébrer également la pacifique sublimité des fêtes familiales et civiques.