Et il ajoute, après avoir cité Sainte-Beuve, Stendhal et Renan, qui sont les saints par lesquels il jure : « J’ai contribué pendant quinze ans à ces psychologies particulières ; j’aborde aujourd’hui la psychologie générale. » Et de fait, il l’aborde et s’y rue si bien que s’il ne s’y perd pas lui-même, il y a perdu ses lecteurs.
Tout autant que les individualistes, enfants trouvés ou perdus de Jean-Jacques Rousseau, auxquels il fait justement la guerre, Dupont-White n’a pas même l’air de se douter que l’État réel, dont il change les définitions aux pages viii, xiii xix, xx de sa préface, enfermé dans le cadre des mœurs, tient essentiellement dans cette double réserve de la famille et de l’ordre toujours retrouvée à la marée basse de toute révolution, et que peuvent toujours sortir de là, à la voix du législateur et du pouvoir, ramassé par le premier caporal venu, l’organisme social et la vie ! […] Il appartient à l’école sans âme des penseurs politiques qui se perdent par leur impersonnalité même.
Quand, sorti de chez sa maîtresse pour rentrer chez sa femme, il y trouve des enfants qui, tout à l’heure, par le fait du roman, vont le mettre au supplice (sa fille en voulant épouser le fils d’un ennemi politique, son fils en jugeant et en réprouvant sa conduite quand il accepte le ministère), ce père, qui aurait pu être sublime dans ce déchirement de Laocoon, dévoré non plus par des serpents, mais par ses propres enfants, a perdu le bénéfice et l’auguste caractère de la paternité, et tous les sophismes de l’auteur n’ont pas le pouvoir de les restituer à cette paternité souillée. […] Littérairement trop martelé, trop retentissant des hugotismes qui tyrannisent la mémoire ou la pensée de l’auteur, il a parfois des pages d’une certaine grâce et même d’une certaine force ; mais tout cela se noie et se perd dans l’absurdité d’un système (si on ose ainsi nommer de telles billevesées) qui a eu sur Paul Meurice la même influence que sur son livre et sur son héros.
Ensuite on représente Rome désespérée d’avoir perdu un si grand prince ; Rome suppliante et à genoux, lui tendant les mains, lui adressant un discours pathétique et touchant, pour le conjurer de vouloir bien encore régner sur elle. […] Le genre humain semble en avoir perdu la trace, et il faut des révolutions et des siècles pour l’y ramener.
Qu’un aveugle, un boiteux, un sourd, un cul-de-jatte, Un héros, dont le cou se perd sous l’omoplate, Dans un drame bien noir s’introduise à propos ; Le parterre attendri poussera des sanglots. Peut-être direz-vous, qu’en adoptant les larmes, La joyeuse Thalie a perdu tous ses charmes ; Qu’autrefois chaque muse avait son genre à part.
J’ai perdu tout cela. […] Songe, malheureux, que puisque nous avons perdu les joies du ciel, au moins nous faut-il celles de l’enfer. […] Ces talismans ont perdu à jamais leur puissance, et ce n’est pas ainsi que la société actuelle se régénérera. […] Mais Dieu lui-même prévit dès lors que l’homme retrouverait le paradis perdu. […] Qui nous a perdus ?
Il perdra le relief que lui donne son siècle, et les lettres dont il est composé ne se verront plus guères qu’en creux, — malheureusement ineffaçables ! […] Il se jeta dans cette mer de matérialisme comme Sapho dans une mer plus pure, et, comme elle, il y perdit sa lyre et s’y noya. […] Eh bien, c’est cette personnalité de Diderot, noyée, perdue, et que je n’ai pas repêchée dans l’Encyclopédie, que je retrouve aujourd’hui dans la. […] Je ne sais pas vraiment ce que Diderot y perdrait en talent, en idées ou en formes d’idées ; mais je sais bien ce qu’en dignité il y gagnerait. […] — si l’épouvante pouvait exister avec le ridicule et ne se perdait pas, grâce au sien, dans l’âpre gaîté du mépris.
Il perdit sa seule pudeur et sa dernière dignité. […] Alors tout est perdu ; on croit que l’État va périr. […] Olympe se perdit bientôt elle-même par une esclandre de sabbat. […] Celui qui tarde se fatigue et perd ses ressources. […] Le jour où ils disparaîtront, le monde perdra, non pas une vertu, mais une poésie.
Il semblait qu’on vînt de retrouver le grand secret perdu, et cela était vrai, on avait retrouvé la poésie. […] Dans un seul art je suis devenu presque un maître, dans l’art d’écrire en allemand, et c’est ainsi, poète malheureux, que je perds hélas ! […] Le style se réchauffe et prend des nuances plus ardentes sans rien perdre de sa clarté. […] » ou bien : « Je suis bien malheureuse », ou encore : « Mais je suis perdue, moi ! […] Chaque heure consacrée à ces besognes est peut-être une heure d’immortalité qu’on se vole ; ce temps perdu, le retrouvera-t-on ?
Pascal, Jouffroy, ayant perdu la foi de leurs ancêtres, se crurent acculés à une impasse. […] Renan nous raconte toutes ces horreurs sans rien perdre de son aménité souriante. […] J’ai perdu toute ma joie, et je ne puis mourir. […] Son existence gagne en intensité, comme disent les savants, ce qu’elle perd en étendue. […] Mais ici, le ton est si personnel que la critique perd ses droits.