Essayons de marquer ces nuances dans nos faibles proses, et de montrer au moins sur le papier les linéaments et les contours de la fleur desséchée : « Dans Sparte, jadis, près du blond Ménélas, les vierges, portant le vert hyacinthe mêlé dans leur chevelure, s’étaient arrêtées, formant un chœur, devant la chambre nuptiale peinte à neuf.
Le roman d’amour de l’émigré, peint délibérément comme un type français, le soin spirituel avec lequel l’auteur a décrit des cœurs et des milieux allemands, donnent à l’Émigré une figure de roman cosmopolite moins décoratif, mais plus vivant, plus émouvant et plus vrai que Corinne. […] Ne croyons pas d’ailleurs que la littérature ait jamais été absente de ce dessein : « Tu devrais peindre tout cela », disait à René sa sœur Lucile quand ils s’exaltaient ensemble à Combourg devant l’étang, la lande et la forêt. […] Les tableaux d’Italie et surtout ceux du Northumberland sont peints dans une assez belle manière. […] Car ce petit homme, que l’épigramme de Lebrunf nous peint trottant burlesquement au bas du Pinde, dès qu’il était en chaire donnait ses leçons et lisait ses citations en acteur, évoquait le débit de Lekain et de Clairon, imposait la littérature à ses auditeurs, comme une puissance physique. […] Le poète n’émeut, ne veut émouvoir que par des corps individuels, vivants, par les êtres qu’il peint, l’anecdote qu’il raconte, la tragédie à laquelle il participe.
Paul Hervieu le peint d’un trait : « Son esprit de conduite, écrit-il, sa célèbre habileté étaient fondés sur l’art, en tout, de suspecter tout le monde, et de toujours supposer le pire. […] Il complète Flirt et Peints par eux-mêmes, et forme, avec ces deux derniers, une trilogie que les moralistes futurs devront consulter avec soin, quand ils voudront se faire une idée de notre société mondaine d’aujourd’hui. […] Avec l’Enquête sur la question sociale, publiée, aujourd’hui, il nous montre, par de vivants et aigus portraits — des portraits peints par eux-mêmes — ce que c’est qu’un capitaliste et un prolétaire, et ça ne nous semble guère plus consolant. […] Pour peindre des êtres et des choses, il a, souvent, trouvé d’étonnantes, de fulgurantes images qui les éclairent en profondeur et pour jamais. […] … Dès qu’il y a de la douleur quelque part, et que cela ne se passe pas dans un livre, comme dans les Albums Guillaume et les revues de fin d’année, où la maison publique, avec ses bas noirs, ses chemises transparentes étoilées d’or, ses chairs peintes et ses lourdes sottises, descend et grouille sur la page et sur la scène… alors ils s’enfuient, les vieux messieurs et les vaudevillistes patriotes, et les Bonshommes Guillaume, et ils crient, en se voilant la face : « C’est trop dégoûtant !
René Arcos a peint d’une main prestigieuse et inégalée le Paris d’août 1914, le Bordeaux de la fuite gouvernementale, les ports, la vie en Angleterre, en Suisse, en Italie, les ports, la vie en Egypte pendant que régnait l’« ordre » et que l’idole anthropophage faisait, de gré ou de force, plier tous les genoux. Apte à saisir, en bon reporter, tout ce qui caractérise un homme, une société, une ville ou un pays, René Arcos a peint des fresques étonnantes de fraîcheur, de vie et de sincérité.
Entre les hommes de notre temps, celui dont le nom attire à lui et nous peint, nous réfléchit le mieux toutes ces louanges, est sans contredit M.
Mercure, d’autre part, est nommé avocat d’office de Folie, et il fera son devoir en conscience, « bien que ce soit chose bien dure à Mercure, dit-il, de moyenner déplaisir à Vénus. » Le discours d’Apollon est un discours d’avocat, un peu long, éloquent toutefois ; il peint Amour par tous ses bienfaits et le montre dans le sens le plus noble, le plus social, et comme lien d’harmonie dans l’univers et entre les hommes.
Ce trait est saisi d’après nature, il peint tout Farcy au physique et résume les plus minutieuses descriptions qu’on pourrait faire de lui : Écossais de physionomie et aussi de philosophie, c’est juste cela.
On s’y arrête un moment pour respirer la fraîcheur humide du bassin, et pour contempler les belles images renversées des frênes qui se peignent dans son miroir noirâtre, et pour voir les beaux insectes ailés appelés dans le pays demoiselles des lacs, patiner dans les rayons tremblotants de soleil sur la surface, semblable à l’acier, bleue et liquide, de l’étang.
Mais je veux porter dans l’histoire publique l’honnêteté de la conscience privée, peindre les acteurs non avec les traits du préjugé et de la vengeance, mais avec leurs propres traits.
Sa vieille église, remarquée des voyageurs par son caractère oriental et par ses découpures de pierre, porte l’hiver son linceul de neige, comme une morte attendant le fossoyeur sur la grille du cimetière ; des maisons de paysans isolées ou groupées, une auberge peinte s’ouvrent sur la principale rue ; sa porte est obstruée par une file de ces chariots comtois, attelés d’un seul cheval au collier garni de sonnettes, caravane de montagnes tout à fait semblable aux interminables caravanes de chameaux de Mésopotamie qu’on rencontre dans les défilés de Damas ; de petits champs pierreux ou quelques grasses chènevières, de noir humus tombé des rochers et retenu par des murs de pierres sèches autour de l’étable, voilà Saint-Lupicin.