Cette pauvre fille qui s’enfuit pour ne pas épouser son cousin qu’elle ne peut aimer, qui s’enfuit sans dire un mot de plainte ou de reproche à l’homme qu’elle aime de toutes les forces de son âme, offre un mélange touchant d’exaltation et de naïveté. […] Voilà notre pauvre terre obligée de décrire un mouvement circulaire autour du soleil, qui décrit lui-même un mouvement elliptique. […] La peinture du printemps est pleine de grâce et de fraîcheur ; le bonheur du pauvre, pendant les beaux jours de l’année, est tracé avec une grande richesse d’expression, et, malgré quelques détails puérils, produit sur l’âme du lecteur une émotion douce à laquelle l’auteur ne nous a pas habitués. […] Les pauvres enfants, en l’écoutant, si toutefois ils l’écoutent jusqu’au bout, ne doivent savoir que penser.
Faisons cependant un nouveau pas ; cherchons quelque moyen de ramener à un centre toutes ces scènes éparpillées ; supposons des cheminées qui dialoguent entre elles, et se content l’histoire des riches traitants ou des pauvres diables qui se chauffent à leur foyer : nous avons l’Entretien des cheminées de Madrid. […] « M. de Marivaux est de tous les auteurs français, écrivait Diderot en 1749, celui que les Anglais aiment le plus » ; et il en donnait des raisons très ingénieuses, qui devaient aller au cœur du romancier : « C’est que toute langue, en général, étant pauvre de mots propres pour les écrivains qui ont l’imagination vive, les situations qu’ils inventent, les nuances délicates qu’ils aperçoivent dans les caractères, la naïveté des peintures qu’ils ont à faire les écartent à tout moment des façons de parler ordinaires, et leur font adopter des tours de phrase qui sont admirables toutes les fois qu’ils ne sont ni précieux ni obscurs, défauts qu’on leur pardonne plus ou moins difficilement selon que l’on a plus d’esprit soi-même et moins de connaissance de la langue. » Mais nous en pouvons aujourd’hui donner d’autres, moins subtiles, plus générales, et comme telles d’une vraisemblance plus voisine de la vérité. […] il n’en fallait pas plus pour ouvrir toutes grandes au pauvre romancier les portes de la Bastille. […] C’est un mérite ici dont il faut tenir d’autant plus de compte au pauvre abbé que ses traductions contribuèrent bien plus qu’aucune œuvre de ses rivaux à dégoûter le lecteur français du genre de Cléveland et du Doyen de Killerine.
Est-il pauvre : sa courageuse sagesse luttera contre l’indigence, en jetant les yeux sur la foule des citoyens plus infortunés que lui : exempt de jalouse haine pour les heureux, il ne verra dans leur situation et la sienne qu’un jeu de la destinée ; et, ne faisant pas de ses souffrances un prétexte à sa faiblesse, il ne mettra lâchement aux gages de la servitude ni sa plume, ni sa voix, qui ne pourraient démentir son cœur. […] Bientôt Tirésias, vieux, demi-nu, aveugle, pauvre, et sans pouvoir, jettera la consternation dans l’âme d’un roi si puissant, qui n’appela ce devin que pour trouver un remède aux maux de ses sujets.
Il y avait de quoi jeter hors des gonds de moins pauvres têtes, de quoi pousser de guerre lasse tout ce triste cabinet, ainsi enfermé sous clef dans la Charte, à sauter en effet par la fenêtre, non pas seul, hélas !
Le plus pauvre et le plus retiré ménage son habit bleu-de-roi et sa croix de Saint-Louis pour pouvoir, à l’occasion, présenter ses devoirs au grand seigneur son voisin ou au prince qui est de passage Ainsi l’état-major féodal s’est transformé tout entier, depuis ses premiers jusqu’à ses derniers grades.
XVII M. de Talleyrand avait passé ses années d’obscurité volontaire en Amérique, pauvre, solitaire, errant, sans agir, sans écrire, sans faire retentir son nom en Europe par aucune voix de la renommée.
Soyez donc mes cautions auprès de Criton, mais d’une manière toute contraire à celle dont il a voulu être la mienne auprès de mes juges ; car il a répondu pour moi que je ne m’en irais point ; vous, au contraire, répondez pour moi que je ne serai pas plutôt mort que je m’en irai ; afin que le pauvre Criton prenne les choses plus doucement, et qu’en voyant brûler mon corps ou le mettre en terre, il ne s’afflige pas sur moi, comme si je souffrais de grands maux, et qu’il ne dise pas à mes funérailles qu’il expose Socrate, qu’il l’emporte, qu’il l’enterre ; car il faut que tu saches, mon cher Criton, lui dit-il, que parler improprement, ce n’est pas seulement une faute envers les choses, mais c’est un mal que l’on fait aux âmes.
C’est à Moor-Park, en 1696, qu’il résigna son bénéfice de Kilroot, et non pas à Kilroot même, ni en faveur d’un père de famille, âgé et pauvre, comme on l’a souvent répété.
La vie est riche ou pauvre selon qu’elle reflète l’univers ou les simples modifications mécaniques de quelque molécule voisine.
Les Lapins n’ont guère, il est vrai, été gardés en domesticité que pour servir d’aliments, mais ils ont été le plus souvent gardés par de pauvres familles, ou du moins par des familles de paysans, et le soin en a presque toujours été laissé aux femmes et aux enfants.