Sa parole s’y exerçait et y faisait sa gymnastique ; mais elle n’y trouvait pas à s’étendre et à déployer ses ailes. […] Il y a quelque chose dans la parole de M. […] Sa parole, semblable à ces oiseaux de haut vol qui ne sont à l’aise que dans l’espace et l’étendue, avait trouvé sa région. […] Il a du clairon dans la voix, et l’éclair du glaive brille dans sa parole. […] Une de ces récentes homélies a paru exhaler contre la bourgeoisie des paroles imprudentes.
On leur prête la conception, j’oserai dire ridicule, d’admettre que la parole ait été enseignée à l’homme par des notions grammaticales sur les diverses parties du discours. […] Ce que j’avais voulu induire, et non prouver, c’était l’identité de l’homme et de la parole ; c’était le moi humain s’éveillant en présence du monde extérieur. Tous mes lecteurs cependant ne se sont pas trompés sur ma théorie de la parole. […] Avant la création de ces mots, ou pendant les différentes époques successives du perfectionnement de la parole, on pense souvent avec des images ; un grand nombre de perceptions de rapports a lieu, et ces perceptions sont des idées, des pensées réelles, qui demeurent indépendantes de la parole, faute de mots pour les rendre concrètes, les fixer, les exprimer. […] Mais à mesure que les mots se créent, que les conjugaisons et les déclinaisons s’établissent, enfin que les formes grammaticales s’organisent, les idées, les pensées (liaisons d’idées), passent dans le domaine de la parole, se fixent dans l’ordre des signes vocaux ; « Et la pensée devient, de plus en plus, dépendante de la parole.
C’est qu’il ne veut renoncer en effet ce jour-là qu’aux pompes et non à la parole, et à tout ce qu’elle avait de salutaire et d’efficace dans sa bouche de pasteur. […] Au travail, il jetait sur le papier son dessin, son texte, ses preuves, en français ou en latin indifféremment, sans s’astreindre ni aux paroles, ni au tour de l’expression, ni aux figures : autrement, lui a-t-on ouï dire cent fois, son action aurait langui et son discours se serait énervé. […] Enfin monté en chaire, et dans la prononciation, il suivait l’impression de sa parole sur son auditoire, et soudain, effaçant volontairement de son esprit ce qu’il avait médité, attaché à sa pensée présente, il poussait le mouvement par lequel il voyait sur le visage les cœurs ébranlés ou attendris. […] Bossuet, en un mot, reste de tout temps l’homme de la parole de Dieu ; il l’aime, il n’aime qu’elle essentiellement. […] Il est naturellement l’homme le plus considérable d’alors dans l’ordre catholique et gallican, et partout où prévalait la parole ; et cette parole nous a été transmise presque dans toute sa beauté : que faut-il de plus ?
Guizot a pris ensuite la parole, et, dès les premiers mots, on a senti vibrer l’arc et les flèches sonores : on a retrouvé un orateur. […] En retraçant avec cette netteté vigoureuse qui est le cachet de sa parole les traits du caractère scientifique de M. […] Lacretelle qui traitent des différentes époques de la Révolution ont l’intérêt de mémoires ; elles rendent les impressions d’un honnête homme, sympathique, mobile, toujours sincère, et dont la plume conserve la vivacité et le coulant de la parole. […] Guizot a dit en terminant, cette sorte d’appel où il invoque une parole du sermon de la montagne nous transporte ailleurs. […] Ne confondons pas les sphères, et laissons les paroles, les promesses du Christ dans toute leur portée sublime et qui n’est point de l’ordre terrestre.
Une fois la parole intérieure constituée à l’état d’habitude positive toujours en acte, à l’état de série continue et homogène, son indépendance vis-à-vis de la pensée est beaucoup plus grande que ne put jamais l’être celle des images visuelles ; quand la parole intérieure devient un état vif (parole imaginaire), cette indépendance grandit encore ; enfin, quand la parole est matériellement externée et devient audible, l’écart est extrême entre l’intensité du signe et celle de la pensée. Et cette intensité relative de la parole intérieure, d’où résulte son indépendance, est toujours maintenue, toujours régénérée, toujours défendue contre l’habitude négative, tantôt par des intermittences de parole imaginaire ou de parole extérieure, tantôt, quand la parole intérieure proprement dite persiste longtemps sans interruption, par l’attention toute spéciale que nous lui accordons. […] Ce dernier progrès, le passage de l’indépendance à l’impartialité, s’accomplit simultanément pour les deux paroles, car elles ont le même vocabulaire. […] Que l’intensité moyenne des idées provoquées par la parole intérieure ou extérieure soit très faible, le fait suivant, que chacun de nous a pu observer sur lui-même le montre avec évidence : la parole intérieure et la pensée se trouvent alors, en quelque mesure, dissociées et, par suite, séparément observables. […] Mais le lapsus est toujours isolé dans la phrase de l’homme éveillé, tandis que, pendant le sommeil, la série entière des paroles est incohérente ; on pourrait dire que la parole du dormeur présente le lapsus à l’état continu.
Triste chose, au fond, que cette fureur de la parole pour elle-même, que cette espèce de sensualisme intellectuel, qu’un tel asservissement à cette Sirène ! […] Quand on ne sait plus agir, on se met à parler et on adore la parole. […] Eh bien, qu’un tel fait ne soit pas perdu et me soit une raison pour reprendre en sous-œuvre la parole sans alliage du prédicateur, la parole froidie, corrigée, écrite, hors les lèvres qui l’animèrent, hors le corps qui parle au corps, dit Buffon, en parlant de l’éloquence, et pour rechercher ce que cette parole réduite à elle seule, avec la force muette de son verbe, contient d’essentiel, de grand et de vrai. […] Après le discours éteint, fumant, évaporé, le livre, qui condense la vie de la parole et qui la force à reparaître et à rester là pour qu’on la juge ; le livre, qui affronte la pensée solitaire, glacée, difficile ! […] Je ne crois pas que la chaire catholique, à aucune époque de son retentissement, ait entendu des paroles plus étrangement profondes et plus hardies sur la passion et le sens dépravé de l’homme.
Tous les honnêtes gens doivent protester contre de telles paroles. […] « (Plusieurs membres se lèvent et semblent se disposer à prendre la parole.) […] Je n’ai donc point inventé à plaisir une personnalité : elle était dans les paroles de M. de Ségur. […] Je ne rétracte pas ces paroles du tout… Je trouve que vous les relevez bien tard. […] « C’est vous qui le premier avez dit la parole offensante qui domine tout le débat.
La parole conserve encore la puissance d’une arme meurtrière ; mais elle n’a plus de force intellectuelle. […] Comment arriver à l’âme endurcie contre les paroles par tant d’expressions mensongères ? […] L’éloquence ne peut se composer que d’idées morales et de sentiments vertueux : et dans quels cœurs retentiraient maintenant des paroles généreuses ? […] Voulez-vous du moins faire entendre aux caractères haineux quelques paroles de bienveillance : vous serez également repoussé. […] Le fanatisme de la religion ou de la politique a fait commettre d’horribles excès, en remuant les assemblées par des paroles incendiaires ; mais c’était la fausseté du raisonnement, et non le mouvement de l’âme, qui rendait ces paroles funestes.
Repousser tout examen, toute comparaison entre ces témoins ou ces narrateurs, reconnus sincères et authentiques, n’a jamais été la voie la plus sûre pour arriver au respect et à la vénération la mieux conçue en ce qui regarde la mission et les paroles du maître. […] etc. » Sans doute il y a bien des obscurités mêlées aux douces lumières qui sortent de ces paroles. […] ne sentez-vous pas la réalité, la personnalité vivante, vibrante, saignante et compatissante qui, indépendamment de ce que la croyance et l’enthousiasme ont pu y mêler en surplus, existe et palpite sous de telles paroles ? […] Il ressuscite les morts et guérit toutes sortes de maladies par la parole ou par l’attouchement. […] Quel rapport y a-t-il, je vous le demande, entre la parole de Jésus et l’art romain sous Léon X ?
Il avait été frappé d’un coup de sang huit jours auparavant ; il avait perdu depuis lors la parole, mais il n’avait perdu que cela. […] Rufz cite l’observation d’une femme qui recouvra la parole dans un accès de jalousie et la reperdit immédiatement après. […] Il affirme que le siège de la parole réside dans la troisième circonvolution frontale de l’hémisphère gauche cérébral. […] Broca : c’est de fixer à gauche le siège du désordre de la parole. […] N’est-il pas possible qu’il en soit de même de la parole ?