Parlons des Grecs plutôt. […] Je parle mieux depuis que je ne parle pas à des hommes. […] Je ne sais pas… Je ne sais plus parler, Néoptolème. […] Elle parle bien du « devoir ». […] Il semble parfois que Mithridate parle des Romains parce qu’il convient que Mithridate en parle ; mais qu’il a hâte de parler d’autre chose.
Ce qui peut frapper dans le récit, d’ailleurs intéressant, que Duclos nous fait de ses jeunes années, c’est le ton brusque et sans charme ; l’espèce de gaieté qui s’y montre est une gaieté sèche et sans fleur ; il ne s’étend un peu et ne marque un sentiment de complaisance que lorsqu’il y parle des hommes qu’il a connus, et qu’il se met à développer les caractères. […] L’astrologie judiciaire, la pierre philosophale, la médecine universelle, la cabale, etc., ont toujours leurs partisans secrets, sans parler des folies épidémiques, telles que l’agiot dont je venais d’être témoin, temps où chacun s’imaginait pouvoir devenir riche, sans que personne devînt pauvre. […] En voulant parler de passion ou de sentiment, il est évident qu’il parle une langue qui n’est pas la sienne. […] pour Duclos, il a son parler franc », disait à son tour Louis XV. […] Ses pensées morales ne sont guère que de la bonne monnaie courante bien frappée ; mais, quand il parlait, il la faisait si bien sonner qu’elle doublait de valeur.
Je dis surtout les qualités de l’homme distingué dont je parle ; personne ne niera, en effet, qu’il n’eût celles-là77. […] Beyle n’y est plus cependant sur son terrain ; on l’y sent un peu novice sur cette terre gauloise ; quand il se met à parler antiquités ou art gothique, on s’aperçoit qu’il vient, l’année précédente, de faire un tour de France avec M. […] Dans les beaux temps de cette littérature, c’est à peine si La Bruyère, qui a parlé de toutes choses, ose dire un mot en passant de l’impression profonde qu’une vue comme celle de Pau ou de Cras en Dauphiné laisse dans certaines âmes. […] Beyle, qui vivait dans des salons charmants, littéraires et autres78, a donc parlé de ceux du faubourg Saint-Germain comme on parle d’un pays inconnu où l’on se figure des monstres ; les personnes particulières qu’il a eues en vue (dans le portrait de Mme de Bonnivet, par exemple) ne sont nullement ressemblantes ; et ce roman, énigmatique par le fond et sans vérité dans le détail, n’annonçait nulle invention et nul génie. […] Celui-ci a tout simplement parlé de Beyle romancier comme il aurait aimé à ce qu’on parlât de lui-même : mais lui du moins, il avait la faculté de concevoir d’un jet et de faire vivre certains êtres qu’il lançait ensuite dans son monde réel ou fantastique et qu’on n’oubliait plus.
Qu’on me laisse un moment parler de ce roman ancien, le seul ou presque le seul que nous ait légué la littérature latine (car le livre de Pétrone n’est pas un roman proprement dit), qu’on m’en laisse parler comme je le ferais de tel ou tel de nos romans modernes. : il les vaut bien. […] Laissons-le parler : « Quoi ! […] Il ne tarde pas à engager l’affaire qui marche vivement ; et ici se trouvent des scènes d’amour telles que les Anciens osaient les peindre ; les savants et les critiques érudits modernes qui ont à en parler font d’ordinaire les dégoûtés en public, et ils s’en donnent à lèche-doigt dans le cabinet. Voilà que je parle comme Bayle qui, lui, n’était pas si prude, et qui nous a entretenus à fond d’Apulée comme d’un de ses régals favoris. […] Si l’on pouvait voir dans une sorte d’aquarium la formation et le progrès de la fable de Psyché à ses divers états d’éclosion et de croissance, je me persuade que l’on reconnaîtrait que cela a commencé bien simplement, par un conte qui s’est grossi peu à peu, mais que ni la philosophie ni la théologie n’ont présidé à l’heureuse venue du germe ; ç’a été, si j’ose ainsi parler en naturaliste, un globule, une cellule qui a prêté au développement et qui a réussi.
Saint-Simon, quand il parle du duc de Noailles (et il y revient souvent), commence d’ordinaire par en parler à ravir, puis il s’emporte peu à peu, ne se contient plus ; il excède, je le crois et j’en suis certain : il va jusqu’à crier au monstre. […] Je vous parle, Madame, avec cette franchise que vous m’avez permise, et comptant sur vos bontés… » Elle est jolie, la franchise ! […] Je parle pour l’avoir vu bien des fois, sachant ce qu’il m’en avait dit lui-même, et lui demandant après, dans mon étonnement, comment il pouvait faire. […] les courtisans (je parle de ceux du temps passé, du temps où il y en avait) ! […] L’on prétend que le roi rougit et marqua de la colère aux propos du maréchal, quoiqu’il parlât bien cependant.
Toujours parle même procédé, en ajoutant une épithète inutile. […] Paysan parvenu cabotin, il s’écoute parler et, sans doute, se regarde écrire, ébloui, dans « la confidence de la glace ». […] Il leur fait toujours parler le vocabulaire écrit et la syntaxe écrite d’un élève en concettis. […] Les personnages de cette tragédie parlent la plus prétentieuse, la plus exclamative et la plus vagissante des langues le naturisme. […] Parlez se traduit par « Prenez une voix ».
Cependant la nature parle, l’estomac crie ; il a faim. […] Tout ce joli parler est déduit ici au long avec une vérité de nature qui, poussée à ce degré, est plus que la science des mères, et qui est le don unique du génie. […] Ainsi elle a à parler clairement pour le Parisien, naïvement pour le paysan ». […] Il y a des moments où le chanvreur, qui est censé parler, oublie que c’est lui qui parle, et il s’exprime comme ferait directement Mme Sand ; puis il s’en aperçoit tout à coup, il remet des mots de campagne, des locutions vieillies, et cela fait un léger cahotement. […] Le Champi lui-même ne s’avoue cette pensée et ne l’ose exprimer que quand la malveillance a déjà parlé par la bouche de la Sévère.
Nous lisions l’autre jour ensemble Mme de Caylus et ses Souvenirs : mais de quels souvenirs d’enfance nous parle-t-elle ? […] Ce n’est pas de la délicatesse chevaleresque que je parle, c’est de la véritable, de l’intérieure, de celle qui est morale et humaine. […] Je distingue chez lui deux sortes d’altération dans la langue : une qui tient seulement à ce qu’il est de provinceb, et qu’il parle un français né hors de France. […] Quand il nous parle ainsi, il nous convainc en effet de la sincérité de son vœu et de son regret : tant respire en toutes ses paroles un sentiment profond et vif du charme doux, égal et honnête de la vie privée ! […] Il y a toutes les fois qu’il nous parle de la beauté, laquelle, même lorsqu’elle est imaginaire comme sa Julie, prend avec lui un corps et des formes bien visibles, et n’est pas du tout une Iris en l’air et insaisissable.
nous retrouvons le même excellent jugement dans la manière dont Pasquier en parle avant de l’avoir contracté. […] Quelques-uns estiment que c’est à la cour des rois qu’on parle le mieux, et que c’est là que s’apprend le vrai français : Pasquier le nie tout à plat. […] Les avocats y parlent sans assez de choix, et celui qui s’applique à mieux dire est taxé par les autres d’affectation et de recherche. […] Exposant les tentatives de conciliation du chancelier de L’Hôpital, il les juge honorables, mais impuissantes et chimériques : « On ne parle plus que de guerre ; chacun fourbit son harnois. […] » C’est ainsi que parlaient de la royauté, dans le péril et en face de l’ennemi, ceux qui lui résistaient en face à elle-même.
S’il m’est permis de parler pour moi-même, Boileau est un des hommes qui m’ont le plus occupé depuis que je fais de la critique, et avec qui j’ai le plus vécu en idée. J’ai souvent pensé à ce qu’il était, en me reportant à ce qui nous avait manqué à l’heure propice, et j’en puis aujourd’hui parler, j’ose le dire, dans un sentiment très vif et très présent. […] Toutefois il parle trop souvent de cet embarras pour ne pas l’éprouver réellement un peu. […] Il était plein de bons mots, de reparties et de franchise ; il parlait avec feu, mais seulement dans les sujets qui lui tenaient à cœur, c’est-à-dire sur les matières littéraires. […] Cependant, comme on parlait fort du dégât des ours, quantité de gens allèrent dans l’appartement voir tout ce désordre.