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1843. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Ce premier moment qui nous laisse voir André Chénier dans la modération toujours, mais pas encore dans la résistance, se distingue par quelques écrits, dont le plus remarqué fut celui qui a pour titre : Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, et qui parut d’abord dans le numéro XIII du Journal de la Société de 89. […] La langue est noble, pure, ferme, pas très éclatante : elle pourrait même, par moments, l’être plus, sans le paraître trop. […] C’est à cette Société des Jacobins qu’il pensait encore, quand il disait : « Aux talents et à la capacité près, ils ressemblent à la Société des Jésuites. » Il fait sentir la distinction profonde qu’il y a entre le vrai peuple, dont, suivant lui, la bourgeoisie laborieuse est le noyau, et ces sociétés, « où un infiniment petit nombre de Français paraissent un grand nombre, parce qu’ils sont réunis et qu’ils crient : Quelques centaines d’oisifs réunis dans un jardin ou dans un spectacle, ou quelques troupes de bandits qui pillent des boutiques, sont effrontément appelés le Peuple ; et les plus insolents despotes n’ont jamais reçu des courtisans les plus avides un encens plus vil et plus fastidieux que l’adulation impure dont deux ou trois mille usurpateurs de la souveraineté nationale sont enivrés chaque jour par les écrivains et les orateurs de ces sociétés qui agitent la France. […] Il lui prête un rôle impossible après le 20 juin et quand la partie est déjà perdue : ce jour, en effet, qui est déjà celui de la chute du trône, lui paraît pouvoir être le point de départ d’une restauration idéale dont il trace un tableau chimérique et embelli.

1844. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Et l’on soupe assez gaiement, toutefois avec un fonds d’affairement et de préoccupation du lendemain, au milieu de sorties de Zola et de Chabrillat, allant voir les journalistes qui soupent au-dessous, au milieu de la lecture de fragments d’un grand article, devant paraître le lendemain, au milieu de racontars d’après lesquels un contrôleur aurait envoyé faire f… le préfet de police. […] * * * — Un vilain, un odieux livre, ce livre de Vallès qui vient de paraître. […] et je n’y comprends rien, mais c’était comme ça… Il y a un moment dans le galop, où le pied gauche ne laissait plus de trace, ne laissait que cette petite marque presque invisible. » Et voilà l’original garçon, qui se met à parler du galop du cheval, avec une grande science, des aperçus nouveaux, des divagations amusantes, tout en me faisant passer sous les yeux des croquetons, où il s’est essayé à saisir la réalité du galop : « C’est le diable, vois-tu, cette jambe est vraie, et elle paraît bête, c’est juste et ça semble faux. […] Alors les notes du supplément… et mon volume paraîtra au commencement de 1881… Je me mets aussitôt à un volume de contes… le genre n’a pas un grand succès… mais je suis tourmenté par deux ou trois idées à formes courtes.

1845. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Il y a trois ans, quand ce livre parut, quelques personnes imaginèrent que cela valait la peine d’en contester l’idée à l’auteur. […] Nous l’avouerons cependant, si jamais révolution nous parut digne et capable d’abolir la peine de mort, c’est la révolution de juillet. […] Au dix-septième siècle, à l’époque de barbarie du code criminel, sous Richelieu, sous Christophe Fouquet, quand M. de Chalais fut mis à mort devant le Bouffay de Nantes par un soldat maladroit qui, au lieu d’un coup d’épée, lui donna trente-quatre coups6 d’une doloire de tonnelier, du moins cela parut-il irrégulier au parlement de Paris : il y eut enquête et procès, et si Richelieu ne fut pas puni, si Christophe Fouquet ne fut pas puni, le soldat le fut. […] Il paraît qu’il y a des gens qui vivent de cette vente.

1846. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Au temps où parurent les Misérables, Louis Veuillot, après avoir fait les réserves les plus légitimes, les plus nécessaires, reconnaissait, dans le roman de Hugo, ce qu’il appelle « un souffle de justice, un souffle de foi chrétienne, et catholique par conséquent, souffle court et mêlé, mais brûlant, parfois sublime ». Parlant encore de la scène où Jean Valjean, pour sauver un accusé innocent, va se livrer à la justice et paraît en cour d’assises, il disait encore : « La scène est d’une extraordinaire beauté. […] Nos voisins les Anglais me paraissent posséder une littérature populaire plus abondante que la nôtre et plus saine, et, de même, les Russes. […] Pourquoi déclarer impossible en littérature une tentative qui paraît heureusement accueillie en musique ?

1847. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

— Et il retourne à son sillon de poussière, moins rassuré pourtant qu’il ne le veut paraître ; il regarde souvent de côté et d’autre ; un œil ouvert et l’autre clos, un pied replié et l’autre droit, il s’appuie à un mur, et, comme celui qui est fatigué de chanter et de veiller, il se met à sommeiller peu à peu. […] ; Renart y fut pris cette fois ; l’idée lui parut heureuse, et, au premier cri que lança Costant, il lâcha ce mot d’ironie : « Oui, malgré vous ! […] Mais à peine a-t-il laissé échapper ce mot que Beaumanoir a paru.

1848. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Nous nous embrassâmes avec cette effusion de tendresse qu’une absence de trois mois fait trouver si charmante à de parfaits amants… » Et ce qui suit : « Tout le reste d’une conversation si désirée ne pouvait manquer d’être infiniment tendre… » Quand des écrivains de talent ont voulu depuis paraître aussi simples, ils ne l’ont pas été sans quelque manière. […] Il voyait le monde à tous ses étages, et, dans sa philosophie naïve, tous ces étages lui paraissaient souvent n’en faire qu’un. […] Mais, si huit mois d’éloignement et de silence peuvent vous paraître une satisfaction suffisante, je me flatte, monseigneur, que votre bonté achèvera de se laisser toucher en considérant que mon caractère est tout à fait exempt de malignité, que, dans plus de quarante volumes que j’ai donnés au public, il ne m’est rien échappé qui soit capable d’offenser, et que l’accident même qui fait mon crime n’a été qu’un aveugle sentiment de charité et de compassion pour un malheureux camarade d’école que j’ai voulu secourir dans sa misère après l’avoir aidé longtemps de ma propre bourse… M. le curé de Saint-Sulpice et Mlles de Raffé du Palais-Bourbon, qui l’ont assisté aussi à ma recommandation, ne me refuseront pas ce témoignage.

1849. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Arago vient de paraître : il contient, après une introduction de M. de Humboldt, une centaine de pages intitulées Histoire de ma jeunesse, qui sont des mémoires assez détaillés jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, et une suite de notices biographiques que l’auteur eut à prononcer comme secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences : la série de ces notices ne remplira pas moins de trois volumes. […] Sans entrer dans aucune discussion sur la prééminence des talents et sur la préséance des genres, il m’a toujours paru en effet que le premier rang dans l’ordre de l’intelligence pure était dû à ces hommes qu’on appelle Archimède, ou Newton, ou Lagrange. […] Par cette lettre d’avances et de bienvenue qui allait prendre le nouvel arrivé au port, le premier il semblait convier Arago à cette renommée scientifique universelle dont lui-même il n’a pas cessé d’être la personnification la plus illustre et par moments le maître des cérémonies un peu empressé, dont ils parurent quelquefois ensemble les deux consuls perpétuels, et qui a bien ses douceurs, mais aussi ses écueils.

1850. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Floquet, s’y est livré depuis plusieurs années, et l’Histoire de Bossuet qui en résultera n’est pas éloignée de paraître. […] En se prêtant à ces singuliers exercices et à ces tournois où l’on mettait au défi sa personne et son talent, traité comme un virtuose d’esprit dans les salons de l’hôtel de Rambouillet et de celui de Nevers, il ne paraît pas que Bossuet en ait été atteint en rien dans sa vanité, et il n’y a pas d’exemple d’un génie précoce ainsi loué, caressé du monde, et demeuré aussi parfaitement exempt de tout amour-propre et de toute coquetterie. […] Il cite un peu plus loin le témoignage de l’abbé Ledieu, qui rapporte « que le regard de Bossuet était doux et perçant ; que sa voix paraissait toujours sortir d’une âme passionnée ; que ses gestes dans l’action oratoire étaient modestes, tranquilles et naturels ».

1851. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

La médecine, avant lui, avait des chaires, il lui créa une tribune, et les avantages de cette tribune ont paru jusqu’ici supérieurs aux inconvénients. […] Quoiqu’il eût de la fermeté dans le caractère, il s’y mêlait quelque faiblesse : aimant les louanges, il paraissait les négliger ; sensible aux contrariétés, il avait l’art de se contraindre, mais sa rougeur le trahissait, et les impressions étaient durables. […] Vicq d’Azyr eut le bon goût de ne jamais répondre à ces attaques inspirées par l’envie, et de ne point paraître s’en apercevoir.

1852. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Pour comprendre qu’elles le parussent de son temps à d’autres que lui, on a besoin de se rappeler que ce temps était celui où l’art, le génie épistolaire, qui allait briller et éblouir dans la correspondance de la charmante cousine de Bussy, était encore à s’essayer et à se former. […] Saint-Évremond au fond est un épicurien, et il est cela avant tout ; les circonstances tournant autrement, il aurait pu paraître un tout autre personnage sans doute, mais il avait en lui essentiellement l’étoffe d’un philosophe d’indifférence et de plaisir, d’un observateur souriant et ferme qui compare, qui apprécie la valeur des choses et s’en détache autant qu’il lui sied. […] On sait peu de chose de la vie de Tallemant ; il paraît avoir exercé une charge de finance (contrôleur provincial ancien des régiments au département de la Basse Bretagne, c’est ainsi que cela s’appelait).

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