On arrive à la nuit. […] J’éprouvai si douloureusement cette nuit-là l’angoisse absurde, mystérieuse, d’être si loin de « chez moi », sous un ciel qui ne me connaissait pas, parmi des gens qui ne parlaient pas ma langue et qui n’avaient pas le cerveau fait comme le mien, que je sortis par la fenêtre pour attendre la diligence qui repartait à trois heures du matin. […] Et le mauvais chemin, c’était toute la nuit passée dehors.
Le jour, les ailes réjouissent les feuilles ; la nuit, les feuilles protègent les ailes. […] La lumière n’emporte pas dans l’azur les parfums terrestres sans savoir ce qu’elle en fait ; la nuit fait des distributions d’essence stellaire aux fleurs endormies. […] ” « Marius et Cosette étaient dans la nuit l’un pour l’autre. […] La nuit, je viens ici. […] La nuit était sereine et splendide au-dessus de leur tête.
Je peux vous dire où : c’est dans l’Hymne de la nuit, dans l’Hymne du matin et dans Encore un hymne. […] Et l’anneau nuptial s’échangeait sur la nappe, Premier chaînon doré de la chaîne des nuits. […] Les belles visions de nuit, d’aurore et de crépuscule ! […] Ils entendaient grossir cet immense murmure Qui sifflait nuit et jour parmi sa chevelure. […] C’est ta raison, miroir de la raison suprême, Où se peint dans la nuit quelque ombre de lui-même.
Le Jardin des plantes ; un atelier de trente élèves ; une ville d’Asie Mineure racontée par un coloriste ; une partie de canotage la nuit ; quelques aperçus sur la cuisine russe ; une vente après décès d’artiste pauvre et malchanceux ; un atelier au crépuscule ; l’ouverture du Salon ; ce qu’on voit en omnibus le soir ; le corps d’un modèle ; une pluie de printemps au Palais-Royal ; une synagogue ; un bal masqué chez un peintre ; les amours d’un bohème et d’un singe ; un petit cochon dans un atelier ; l’auberge de Barbizon ; la forêt de Fontainebleau ; la Bièvre et ses paysages ; la plage de Trouville ; je ne sais quelle rue derrière Saint-Gervais ; une pleine eau, la nuit, dans la Seine, sous les ponts… — le tout mêlé de tirades amusantes et truculentes sur l’École de Rome, sur Ingres et Delacroix, sur les primitifs, sur le bourgeoisisme des artistes.. […] La sœur Philomène, toute changée, vient prier, la nuit, auprès du cadavre. Le lendemain en se réveillant au bruit creux du cercueil cogné dans l’escalier trop étroit, Malivoire, se rappelant vaguement l’apparition de la nuit, se demanda s’il n’avait pas rêvé, et, allant machinalement à la table de nuit, il chercha sur le marbre la mèche de cheveux qu’il avait coupée pour la mère de Barnier : la mèche de cheveux n’y était plus. […] Qu’on juge de la précision de cette chasse par quelques détails : «… La mélancolique métamorphose se faisait, changeant sur les toiles l’azur matinal des paysages en pâleurs émeraudées du soir… Au-dessus de la copie de Saint-Marc, du noir était entré dans la gueule ouverte du lion… Le parquet perdait le reflet des châssis de bois blanc qui se miraient dans son luisant… » Et voici le trait final : « Une paillette, sur le côté des cadres, monta, se rapetissa, disparut à l’angle d’en haut ; et il ne resta plus dans l’atelier qu’une lueur d’un blanc vague sur un œuf d’autruche pendu au plafond et dont on ne voyait déjà plus ni la corde ni la houppe de soie rouge. » Qu’on lise tout le morceau, on y sentira, parmi l’amusement des détails, la mélancolie légère de cette décroissance et de cet insensible effacement du jour dans un fouillis d’objets élégants et brillants qui se noient l’un après l’autre, doucement et silencieusement, dans la nuit. […] Il y avait dans ce coin le jour caressant, enseveli, presque angélique de la nuit.
. — Nuits d’Épiphanie (1894). — Les Estuaires d’ombre (1896). — Crépuscules (1897). — L’Ornement de la solitude, roman (1899). — Le Jardin des îles claires (1901). […] Lisez dans Crépuscules le long poème intitulé : L’Eau du fleuve, arrêtez-vous plus particulièrement à la pièce qui commence ainsi : La lune illumine la nuit du fleuve et vous connaîtrez l’ampleur de vision de M.
Là le rossignol, sous la feuille, se lamente et pleure mélodieusement toute la nuit. […] « Combien de fois pendant les nuits d’été, à la douzième heure, après avoir récité mon bréviaire, je suis allé me promener dans les campagnes au clair de la lune ! Combien de fois même suis-je entré seul, malgré les ténèbres intimidantes de la nuit, dans cet antre terrible où, le jour même et en compagnie d’autres hommes, on ne pénètre pas sans un secret saisissement ! […] Semblable aux anciens esclaves fabulistes qui faisaient dire aux apologues ce qu’ils n’osaient dire eux-mêmes, Rienzi faisait attacher la nuit, autour du Capitole ou du Vatican, des tableaux emblématiques autour desquels la foule se pressait le matin. […] Il s’évada pendant la nuit et se réfugia auprès du roi de Hongrie.
Je n’allais jamais dans son palais ; il venait chez moi, la nuit, dans une voiture sans armoirie, suivi d’un seul valet de chambre qui aidait ses pas infirmes à monter l’escalier de ma villa, hors des murs de Florence. […] L’entretien terminé, bien avant dans la nuit, je le reconduisais respectueusement jusqu’à sa voiture ; il laissait après lui dans ma pensée un parfum d’honnêteté que je crois respirer encore. […] Quand nous remontâmes sur nos vigoureux petits chevaux de Corse, pour gravir le plateau rocheux qui monte aux Camaldules, la nuit en descendait à grandes ombres. Avant d’atteindre la cime du plateau, et de tourner à gauche dans la gorge sombre de pâturages, de torrents, de grands bois qui servent d’avenues à l’abbaye, la nuit était faite ; on ne voyait plus le chemin sous les pas de son cheval ; quelques rares lueurs, à travers les branches d’arbres, indiquaient seules une ou deux chaumières éparses, châlets des pasteurs de l’Apennin plaqués sur les flancs de la montagne, à notre gauche ; à droite, le murmure d’un torrent invisible et profondément encaissé montait comme une terreur dans la nuit. […] X Nous passâmes une nuit délicieuse, sous les couvertures de nos mules, étendus sur le foin embaumé par les fleurs du thé de montagnes, au bruissement des feuilles de sapin et des châtaigniers, qui faisaient chanter, sur des modes différents, les brises de la nuit.
Ma visite ne finissait pas ; je n’ai guère le temps d’en faire d’inutiles, mais cela paraissait donner tant de plaisir à trois personnes, que j’attendis pour sortir qu’il fit presque nuit dans la cour. […] que prierais-je, moi, dans mes nuits terribles, sans la consolation des affligés, sans ce confident divin qui veille à mon chevet, qui ne s’endort jamais, et qui entend tout ! […] Le malheur se ressemble, et le malheur s’assemble, Ensemble nous chantions, ou nous pleurions ensemble Tous les jours et toutes les nuits. […] Adolphe Dumas était de cette famille de penseurs solitaires, et de chanteurs de nuit, rossignols de ténèbres ! […] Ils s’étaient adoptés l’un et l’autre ; ils ne se quittaient ni la nuit ni le jour ; elle le suivait paisible et roucoulante, et si triste, et si tendre !
Du matin au soir, et même pendant la nuit, l’hôtel du Bœuf-Rouge tenait table ouverte. […] Voilà donc pourquoi tu travaillais jour et nuit ! […] L’empereur Napoléon y racontait que chaque nuit les chevaux périssaient par milliers. […] « Bonne nuit ! […] » Elle me fit transporter dans leur maison, et me veilla jour et nuit.
Et toujours des émotions à poignée et un incessant crucifiement de cette organisation nerveuse, qui va avec une sorte d’attrait à tout ce qui la tourmente, lui fait mal, la martyrise, lui enlève la tranquillité de la pensée et le sommeil de la nuit. […] * * * — On a aperçu, chez la portière, la toilette du coucher que la Deslions envoie par sa bonne chez l’homme à qui elle donne une nuit. […] On ne sait pas, ça peut se vendre très cher après sa mort… » Puis, il parle de l’attrait qu’ont toujours eu pour lui les trous dans les montagnes, les entrées de cavernes, les cratères désaffectés, au fond desquels dorment la Nuit et l’Inconnu. […] Au fond du jardin, et à toutes les fenêtres de tous les étages, sur le fond éclairé des cabinets, ainsi que dans les loges d’un théâtre, des têtes de femmes saluant de gauche et de droite, quelques-unes de leurs anciennes nuits ou peut-être quelques-uns de leurs louis d’hier. […] La bouche sèche comme après une nuit de fièvre.