Quant à Molière, certes il observait directement la vie, mais il était fort docte aussi et s’aidait beaucoup de sa culture, jusqu’à faire nombre d’emprunts aux anciens et aux meilleurs modernes. […] André Gide se distingue de ses « soties » par un certain réalisme, par un souci de vérité directe, qui exclut les inventions fantaisistes, et de ce qu’il appelle ses « récits » par le grand nombre des personnages et la complexité de l’action, ou plutôt des actions qui se mêlent et finiraient par s’embrouiller, si divers épisodes ne tournaient court.
Au fond, tout gouvernement quelconque qui diminue le nombre des illettrés, travaille à sa chute. […] Ainsi il attrape, ainsi il saisit, ainsi il happe au vol, sans rien digérer, vos idées, vos notions, votre science… Et je pensais, en riant dans ma barbe, à l’espèce de dévotion religieuse, avec laquelle un certain nombre de gens allaient lire cette étude… Tout de même, je crois que Sainte-Beuve fera bien de renoncer aux articles d’art !
Faguet, mon vieux camarade, dont les études sur les maîtres de la littérature française ont été si justement remarquées ; j’ai songé avec regret à plusieurs autres que je ne nommerai pas, pour ne pas faire de peine à ceux que je pourrais négliger de nommer, et je supplie humblement tout critique influent qui lira ceci de se considérer comme étant du nombre des privilégiés auxquels j’ai souhaité de faire une place. […] L’autre se fera de parti pris le greffier de l’opinion publique ; il jugera du mérite d’un livre par le nombre d’éditions qu’il a obtenues, de la valeur d’une pièce par les recettes qu’elle a fait encaisser. […] J’ai cherché d’ailleurs à l’expliquer plus qu’à le combattre ; j’ai tâché surtout de mettre en lumière les qualités maîtresses d’une œuvre aussi considérable par sa masse que par le nombre des idées qu’elle contient. […] À toute époque il y a au sein d’une société des aspirations vagues qui naissent à la fois dans un grand nombre de cœurs, des désirs à demi inconscients qui demandent à être satisfaits, des pensées indécises et des sentiments confus qui se respirent en quelque sorte dans l’air ambiant.
« Ce qu’il exécrait le plus violemment dans les romans de Thackeray, c’est que l’amour y est représenté (à la façon française) comme s’étendant sur toute notre existence et en formant le grand intérêt ; tandis que l’amour, au contraire (la chose qu’on appelle l’amour), est confiné à un très petit nombre d’années de la vie de l’homme, et que, même dans cette fraction insignifiante du temps, il n’est qu’un des objets dont l’homme a à s’occuper, parmi une foule d’autres objets infiniment plus importants… À vrai dire, toute l’affaire de l’amour est une si misérable futilité qu’à une époque héroïque personne ne se donnerait la peine d’y penser, encore bien moins d’en ouvrir la bouche6 ? […] Permettez-moi d’en excepter quatre ou cinq, entre autres Lélia, que vous mettez au nombre de mes plaidoyers contre l’institution sociale, et où je ne sache pas qu’il en soit dit un mot… Indiana ne m’a pas semblé, non plus, lorsque je l’écrivais, pouvoir être une apologie de l’adultère. […] « Il ne faut pas oublier, dit Mme Sand ingénument, que Bénédict était un naturel d’excès et d’exception. » Il le prouvera jusqu’à la fin, à travers des incidents sans nombre, des surprises et des rendez-vous manqués, jusqu’à un meurtre absurde, jusqu’au coup de fourche qui atteint le héros par suite d’un ridicule malentendu. […] Mais l’influence du roman ne s’arrête pas là ; il n’est pas uniquement l’entretien et la distraction intellectuelle d’un grand nombre d’esprits vides ou médiocrement cultivés.
Puis, quand on vient à songer quel mal infini eût de tout temps à se soutenir et à subsister cette famille d’élite et d’honneur, ce groupe rare d’êtres distingués et charmants, comptant des amitiés et, ce semble, des protections sans nombre, chéris, estimés et admirés de tous, on se demande ce que c’est que notre civilisation si vantée ; on rougit pour elle.
Il donna nombre de morceaux sur l’époque Louis XIII.
Ce n’est pas le nombre, mais le choix des traits qui importe.
Les uns votèrent par une puissante conviction de la nécessité de supprimer le signe vivant de la royauté en abolissant la royauté elle-même ; les autres par un défi aux rois de l’Europe, qui ne les croiraient pas, selon eux, assez républicains tant qu’ils n’auraient pas supplicié un roi ; ceux-ci, pour donner aux peuples asservis un signal et un exemple qui leur communiquassent l’audace de secouer la superstition des rois ; ceux-là par une ferme persuasion des trahisons de Louis XVI, que la presse et la tribune des clubs leur dépeignaient, depuis le commencement de la Révolution, comme un conspirateur ; quelques-uns par impatience des dangers de la patrie, quelques autres, comme les Girondins, à regret et par rivalité d’ambition, à qui donnerait le gage le plus irrécusable à la république ; d’autres par cet entraînement qui emporte les faibles âmes dans le courant des assemblées publiques ; d’autres par cette lâcheté qui surprend tout à coup le cœur et qui fait abandonner la vie d’autrui comme on abandonne sa propre vie ; un grand nombre enfin votèrent la mort avec réflexion, par un fanatisme qui ne se faisait illusion ni sur l’insuffisance des crimes, ni sur l’irrégularité des formes, ni sur la cruauté de la peine, ni même sur le compte qu’en demanderait la postérité à leur mémoire, mais qui crurent la liberté assez sainte pour justifier par sa fondation ce qui manquait à la justice de leur vote, et assez implacable pour lui immoler leur propre pitié !
Le luxe de sa cour éclipsait même celui des Médicis ; l’écrivain français Montaigne, à l’occasion de sa visite à Ferrare, s’extasie, dans ses notes de voyages, sur la prodigieuse splendeur de cette cour, sur le nombre des courtisans, et sur la magnificence des fêtes et des costumes.
Il ne le prononçait pas dans ses œuvres ; il était du nombre de ces savants issus du matérialisme le plus pur qui, n’osant pas le nier, le passent sous silence, ou qui disent : Dieu est une hypothèse dont je n’ai jamais eu besoin pour la solution de mes problèmes.