» Le Journal des Débats montra moins d’indulgence3 ; ce journal, dans son premier brillant, avec son état-major critique au complet, était alors en tête de la réaction classique, et contribuait à réduire à l’ordre le mouvement d’insurrection littéraire qui s’essayait à la suite des révolutions politiques. […] Ainsi, notre terre a son double mouvement, et elle tourne à la fois sur elle-même et autour du soleil. Mais faites que ce mouvement sur elle-même soit supprimé, et qu’elle regarde toujours fixement l’astre : voilà que vous avez une terre à moitié torréfiée, sans saisons, sans rosée et sans lune. […] Le danger, dira-t-on peut-être, n’est pas là aujourd’hui, et c’est plutôt le concours au mouvement social que l’on incline à s’épargner. […] Ballanche connut de bonne heure à Lyon Fourier, auteur des Quatre Mouvements ; mais il entra peu dans les théories et les promesses de ce singulier ouvrage, publié en 1808 ; aujourd’hui il se contente d’accorder à l’auteur une grande importance critique en économie industrielle, et de penser avec lui en des termes généraux que l’homme a pour mission terrestre d’achever le globe.
Et tout ce mouvement autour de vous fait l’effet d’une agitation automatique, et le coin de foyer qu’on entrevoit, vous montre, assis sur la banquette, des personnages en costumes, les bras tombants comme des marionnettes aux ficelles cassées. […] » Puis l’on vague dans des corridors, où l’on cause avec des têtes de femmes, qui, pendant qu’on les habille par derrière, se voilent la gorge avec les deux rideaux de leur loge, croisés sur elle, dans le coquet mouvement de la Frileuse d’Houdon. […] Tout ce qui est élan et de premier mouvement y est averti et corrigé. […] Il y a quelque chose de plus mort que la mort ; c’est le mouvement de la place d’une ville de province. […] Paris, 30 septembre Au sortir de cette ville de bruit et de mouvement (Vienne), où les voitures volent, où les pavés sonnent, où il y a dans les rues un monde riant et gai à poignée, et où les femmes ne sont plus les Allemandes de Berlin, mais des femmes au sang mêlé, des métis de Hongroises, de Croates, de Bohêmes, de Russes, au front bas, à l’œil amoureux, et qui depuis la fille de boutique jusqu’à l’Impératrice, sont des images de volupté… Paris me paraît gris et morne, et ses femmes inexpressives, et les roues de ses voitures avoir des chaussons de lisières.
Il aurait besoin de passer un mois dans une ferme, en Beauce… et dans ces conditions… avec une lettre de recommandation d’un riche propriétaire à son fermier… lettre, qui lui annoncerait l’arrivée avec son mari, d’une femme malade, ayant besoin de l’air de la campagne… « Vous concevez, deux lits dans une chambre blanchie à la chaux, c’est tout ce qu’il nous faut… et bien entendu, la nourriture à la table du fermier… autrement je ne saurais rien. » Les chemins de fer, son roman sur le mouvement d’une gare, et la monographie d’un bonhomme vivant dans ce mouvement ; avec un drame quelconque… ce roman, il ne le voit pas dans ce moment-ci… Il serait plus porté à faire quelque chose, se rapportant à une grève dans un pays de mine, et qui débuterait par un bourgeois, égorgé à la première page… puis le jugement… des hommes condamnés à mort, d’autres à la prison… et parmi les débats du procès, l’introduction d’une sérieuse et approfondie étude de la question sociale. […] Mais aussitôt, c’est l’avenue de l’Opéra, ce sont les boulevards, avec les enchevêtrements de milliers de voitures, la bousculade des trottoirs, les populations tassées au haut des tramways et des omnibus, le défilé à pied ou en voiture de cette innombrable humanité d’ombres chinoises, sur les lettres d’or des industries des façades ; avec dans la nuit l’éveil agité et pressé, le mouvement, la vie d’une Babylone. […] Elle marche les bras croisés, ses mains soutenant ses bras, dont elles se délient par des mouvements d’abandon. […] Nous sommes à la porte du caveau provisoire, devant lequel, elle se tient la tête renversée en arrière, les yeux fermés, les lèvres murmurantes de paroles d’adoration, dans une pose d’aveugle, ayant étendues devant elle, et agitées de mouvements convulsifs, ses mains gantées de laine noire : des mains tragiques.
Donc, quand nous disons que ce tableau est bien dessiné, nous ne voulons pas faire entendre qu’il est dessiné comme un Raphaël ; nous voulons dire qu’il est dessiné d’une manière impromptue et spirituelle ; que ce genre de dessin, qui a quelque analogie avec celui de tous les grands coloristes, de Rubens par exemple, rend bien, rend parfaitement le mouvement, la physionomie, le caractère insaisissable et tremblant de la nature, que le dessin de Raphaël ne rend jamais. — Nous ne connaissons, à Paris, que deux hommes qui dessinent aussi bien que M. […] C’est là un fléau bien dangereux, et qui comprime dans leur naïveté bien d’excellents mouvements. […] Ces dessins, dont les uns représentent la grande lutte entre Arminius et l’invasion romaine, d’autres, les jeux sérieux et toujours militaires de la Paix, ont un noble air de famille avec les bonnes compostions de Pierre de Cornélius. — Le dessin est curieux, savant, et visant un peu au néo-Michel-Angelisme. — Tous les mouvements sont heureusement trouvés — et accusent un esprit sincèrement amateur de la forme, si ce n’est amoureux. — Ces dessins nous ont attiré parce qu’ils sont beaux, nous plaisent parce qu’ils sont beaux ; — mais au total, devant un si beau déploiement des forces de l’esprit, nous regrettons toujours, et nous réclamons à grands cris l’originalité. […] Ç’a été un des hommes les plus justement heureux du mouvement rénovateur. […] Millet a fait une jolie bacchante — d’un bon mouvement ; mais n’est-ce pas un peu trop connu, et n’avons-nous pas vu ce motif-là bien souvent ?
Le XIXe siècle n’a pas de mouvement, dans le sens que je donne à ce mot, en parlant des Croisades et de Jeanne d’Arc. […] Aussitôt que l’esprit humain s’ébranle dans le sens de la conception du mouvement et des modalités du mouvement, il s’ébranle simultanément dans la catégorie de la vie animée. […] Il y a un rythme intérieur, qui préside aux atteintes des émotions comme aux mouvements de la raison. […] Ceux qui ne voient pas le soleil ne voient pas davantage le mouvement. […] Un mouvement réel, saisi par un œil exercé, paraît faux au commun public.
Se confessant eux-mêmes, en quelque sorte créant leur Dieu, et se dévouant à leur perfection personnelle, ils doivent être attentifs aux moindres mouvements de leur âme. […] Adhérant, sans le savoir, au mouvement dada, il ne voulut plus « manger dans la vaisselle commune » sinon des mots du moins des livres que l’on avait découverts avant 1914. […] Il a vu à travers les personnages, en apparence les plus dénués de vie intérieure, les mouvements qui les font secrètement agir. […] Donnera-t-il, ce mouvement, un style à notre époque, un renouveau de mysticisme ? […] Et le premier acte d’un surréaliste ne devrait-il pas être l’aveu que le mouvement le dépasse ?
» C’est l’avilissement de la Religion, Dieu mis en tiers dans tous les mouvements auxquels il plaît au cœur de se laisser entraîner. […] L’élan des mouvements naturels chez les autres avive l’espèce de honte qu’elle éprouve de ne pouvoir se livrer aux siens propres. […] Volontiers, elle se persuade d’avoir peint les êtres et les choses, quand, d’un mouvement dont le négligé peut avoir bien de la magnificence et de la grâce, elle les en a drapés. […] Sand, jusqu’au bon Dumas, sont entraînés dans ce mouvement et ajoutent à la maladie toute la puissance de leur santé. […] Il fait, d’un trou un abîme et les plus simples mouvements de son âme l’étonnent au point de lui persuader qu’elle est la plus étonnante de son temps et de tous les temps.
Je distingue dans les pages suivantes un beau mouvement encore à l’occasion de l’armée, car chez Camille c’est l’orateur à tout instant qui reparaît et palpite dans l’écrivain. […] L’accusation d’avoir entravé la paix est un autre thème qui prête à un nouveau mouvement. […] Les développements sont abondants, solides, animés d’un mouvement et d’un nombre qui, dans la bouche de l’orateur et sortant de ses lèvres, seraient de l’éloquence. […] — Pourquoi donc n’avez-vous pas le même mouvement ? […] Je crois que vous ne savez peut-être pas qu’au milieu de la nature et de la solitude je vous conviendrais mieux, quoique au reste, vous aussi, vous ayez comme moi cet esprit de société qui donne du mouvement à la vie.
Toujours, dans ses livres, la discussion saisit et emporte le lecteur ; elle avance d’un mouvement égal, avec une force croissante, en ligne droite, comme ces grands fleuves d’Amérique, aussi impétueux qu’un torrent et aussi larges qu’une mer. […] La véritable éloquence est celle qui achève ainsi le raisonnement par l’émotion, qui reproduit par l’unité de la passion l’unité des événements, qui répète le mouvement et l’enchaînement des faits par le mouvement et l’enchaînement des idées. […] Ses occupations sont sédentaires, ses membres délicats, ses mouvements languissants. […] À la vérité, il est très-important que les législateurs et les administrateurs soient versés dans la philosophie du gouvernement ; de même qu’il est très-important que l’architecte qui doit fixer un obélisque sur son piédestal, ou suspendre un pont tabulaire sur une embouchure de fleuve, soit versé dans la philosophie de l’équilibre et du mouvement. […] Ces détails précis, ces conversations de soldats, cette peinture des soirées passées au coin du foyer, donnent à l’histoire le mouvement et la vie du roman.
Assis à ses côtés, il ne regrettait ni les grandeurs de la Russie ni les délices de la Pologne ; ce qu’il eût voulu ressaisir de lui-même, c’étaient les premières émotions de son enfance et les mouvements si purs d’une âme encore innocente. […] Quoiqu’il fût toujours en mouvement, dès que sa sœur paraissait, il devenait tranquille et allait s’asseoir auprès d’elle: souvent leur repas se passait sans qu’ils se dissent un mot. […] Aucun souci n’avait ridé leur front ; aucune intempérance n’avait corrompu leur sang ; aucune passion malheureuse n’avait dépravé leur cœur: l’amour, l’innocence, la piété, développaient chaque jour la beauté de leur âme en grâces ineffables, dans leurs traits, leurs attitudes et leurs mouvements. […] La lame jeta bien avant dans les terres une partie des spectateurs, qu’un mouvement d’humanité avait portés à s’avancer vers Virginie, ainsi que le matelot qui l’avait voulu sauver à la nage. […] C’est du fond de cette retraite que l’auteur assista, pour ainsi dire, aux premiers mouvements de cette révolution qui devait faire tant de mal à sa patrie et au genre humain.