— l’empêcher d’écrire ce livre d’Elle et Lui dont elle croit orner son déclin, il n’y aurait ici qu’un roman, triste en soi, ni meilleur, ni pire, ni plus nouveau en talent et en morale, que les autres productions de l’auteur d’Indiana, de Jacques et de Leone Leoni 9 ! […] C’est toujours la morale de tous ses livres, à elle, et de ceux de son père, qui dit « toi et moi » comme s’il n’y avait dans le monde que des amants et des maîtresses, et que l’amour supprimât du même coup la société et Dieu ! […] En ceci, la morale de madame George Sand l’a profondément trompée, et de cette morale elle n’a même pas eu la logique.
et de distiller, si on dit vrai, sa goutte de poison homicide, — nous venons de le lire avec soin, et nous pouvons bien affirmer que sans la célébrité et l’intimité trop publique de Mme George Sand et d’Alfred de Musset, qui donnent à tout des significations terribles et qui auraient dû, en fierté, en délicatesse et en pitié, puisqu’elle s’en targue, de pitié, l’empêcher d’écrire ce livre d’Elle et Lui dont elle croit orner son déclin, il n’y aurait ici qu’un roman triste, en soi, ni meilleur, ni pire, ni plus nouveau en talent et en morale, que les autres productions de l’auteur d’Indiana, de Jacques et de Leone Leoni 24 ! […] C’est toujours la morale de tous ses livres à elle et de ceux de son père, qui dit « toi et moi », comme s’il n’y avait dans le monde que des amants et des maîtresses, et que l’amour supprimât du même coup la société et Dieu ! […] En ceci, la morale de Mme George Sand l’a profondément trompée, et de cette morale elle n’a même pas eu la logique.
Au milieu des prêtres catholiques s’épanouissait le sentiment du surnaturel avec des effets extraordinaires et visibles ; maintenant nous entrons parmi des pasteurs plus graves, plus pieux, plus exemplaires que le commun des hommes et qui ont pour objet l’exaltation morale. […] Nous sommes sur les sommets de la vie morale. […] La morale des hommes n’est pas celle de Dieu… » Ce sergent du génie est un brave entre les braves. […] Ces protestants, quand nous voyons leurs temples qui nous glacent et leurs prêches, toujours sur la morale, nous semblent des esprits calmes et modérés, raisonneurs au point qu’à les comparer avec les héros catholiques dont nous avons décrit les états de conscience violents et l’ivresse joyeuse, nous songions d’abord à parler de leur philosophie plutôt que de leur religion ; mais apprenons à mieux les connaître par l’amitié et l’admiration que nous inspirent de tels actes et de tels cris sublimes.
C’est alors en effet que, de toutes parts, dans ces chambres hautes où ils s’assemblaient, dans ces catacombes où ils se cachaient, dans ces mines qu’ils étaient condamnés à fouiller, des hommes chantaient un hymne à Dieu et se fortifiaient de la maxime de l’Évangile : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole sortie de la bouche de Dieu. » C’est-à-dire que, rejetant pour eux-mêmes le partage d’un grossier bien-être acheté par le silence et la servitude, ils aspiraient à tous les biens de l’âme, à la profession publique de leur culte, au soulagement de leurs frères, à la flétrissure du vice et de l’oppression, à la réforme, à la conquête morale du monde. […] L’Asie Mineure est une autre Amérique, à la porte de l’Europe. » Et ce grand esprit, qui n’avait pas dédaigné de tracer le modèle d’un travail de statistique usuel pour Paris, mais qui, dans sa profonde science mathématique, gardait et laissait voir un instinct d’élévation morale, était inépuisable dans ce qu’il disait alors de cette renaissance d’un monde oriental annexé à l’Europe et gouverné par ses arts et son humanité. […] Là même, cependant, quelle vaste carrière et quelles inspirations offertes à l’activité morale de l’homme ! […] Quand de telles œuvres sont réservées à l’action de la parole humaine, quand le pur enthousiasme du bien demeure un ressort journalier de réformes sociales, ne craignons pas pour un peuple ni pour une époque le dessèchement des sources de la vie morale : ce n’est point-là ce progrès du calcul matériel et de la force, qui ne prolongerait la durée d’une nation qu’en atrophiant son âme.
Autant la langue y est vive, claire, le tour franc et rapide, autant, dans les ouvrages de morale et de théologie, les expressions sont languissantes et obscures, les tours équivoques et traînants. […] Sa morale, c’est la volonté de Dieu qui châtie les péchés par les revers et qui fait réussir tous ceux qu’il veut aider. […] L’expérience et les années semblaient lui avoir donné, avec la satiété des spectacles qui avaient amusé sa jeunesse et son âge mur, un certain goût de pénétrer dans les causes et de tirer la morale des événements. […] Du reste, il ne faut pas chercher la morale de l’histoire dans les jugements qu’imposaient à Comines son rôle de confident et de complice de Louis XI, la morale si relâchée du temps12 et cette indifférence pour les crimes politiques, dont l’Italie faisait alors des pratiques régulières de gouvernement. […] Les noms historiques de ce temps disent assez ce qu’était la morale.
Les Sermons de morale du Pere la Rue n’approchent pas de ceux du Pere Bourdaloue, ni de ceux de Massillon. […] Leur talent étoit de bien exposer les mystères de la Religion, & de faire aimer sa morale. […] Il vivoit d’une maniere conforme à la morale qu’il prêchoit ; c’étoit un homme simple ; & qui, sous un extérieur peu imposant, cachoit un très-grand mérite. […] Les Sermons de morale ne sont pas les seuls où Massillon a excellé. […] On y trouve deux Sermons sur chaque sujet de morale.
Ils se sont pourtant trompés un peu Après la période de 1789 à 1815, il est vrai qu’il y avait une science politique à constituer ; mais après le xviiie siècle tout entier il y avait une science morale à faire, et les bases d’une morale à établir. Le xviiie siècle, c’est une religion qui s’en va, emportant avec elle la morale où elle était comme liée. […] J’ai dit qu’au commencement de ce siècle il y avait une science morale et une science politique à créer. […] Il me semble qu’elle ne voit pas encore aussi profondément qu’elle fera plus tard la révolution morale que le christianisme a consommée. […] Comme il ne sait jamais où en sont les affaires de sa vie morale, il les relève en partie double presque tous les soirs, pour essayer de s’y reconnaître.
C’est un logicien dogmatique, qui a rangé toutes les productions de l’esprit dans des catégories définies, et a de plus séparé les catégories bonnes des mauvaises, au nom d’une certaine destination morale de l’art qu’il a décrétée nécessaire en lui-même. […] Émile Faguet, qui est évidemment le plus sérieusement intellectuel et la plus solide personne morale de tous nos critiques, s’est tiré de ce mauvais pas par la large franchise de son intelligence, qu’illumine la clarté d’un beau caractère dédaigneux des intrigues et des mesquineries de l’arrivisme. […] L’essai est la forme supérieure de la critique ; il se rattache directement aux sciences psychologiques et contemplatives, il touche autant à la poésie qu’à la philosophie, il est l’expression morale des arts. […] L’essayiste peut être, dans l’afflux multiple des trésors apportés par les tempéraments et les vocations dans une littérature, l’homme sage qui classe les richesses, définit les forces, clarifie les notions, dégage de leur gangue les trouvailles de l’instinct, précise la signification morale des œuvres, indique à l’humanité quels bienfaits nouveaux sont nés pour elle du labeur humain. […] Personne au degré des frères Rosny, des puissants auteurs de Daniel Valgraive, de l’Impérieuse bonté et des Âmes perdues, ne saurait parler de l’évolution de la littérature vers la morale et la religion de l’humanité.
Songez donc qu’à moins d’un mensonge sacrilège, qui ne doit guère se rencontrer, tout prêtre, quelles qu’aient pu être ensuite ses faiblesses, a accompli, le jour où il s’est couché tout de son long au pied de l’évêque qui le consacrait, la plus entière immolation de soi que l’on puisse imaginer ; qu’il s’est élevé, à cette heure-là, au plus haut degré de dignité morale, et qu’il a été proprement un héros, ne fût-ce qu’un instant. […] Au grand séminaire, la séquestration morale se complète : les pratiques pieuses, toujours plus nombreuses et plus longues, pétrissent l’âme, lentement et invinciblement. […] C’est qu’il n’est pas de profession où les vues et les passions personnelles paraissent mieux s’identifier avec le dévouement à un intérêt supérieur, à l’intérêt de la cause de Dieu ; et de là, chez le prêtre, cette surprenante sécurité morale dans le gouvernement des choses de ce monde et dans les voies qu’il choisit pour y parvenir. […] C’est, en somme, et si l’on va au fond, la morale naturelle opposée à la morale religieuse ; et la raison opposée à la foi. […] L’Église souffre ce qu’elle ne peut empêcher : elle consent que les fidèles, qui ne sont que le troupeau, se composent un mélange de morale humaine et de morale chrétienne ; elle ne leur demande que d’accepter ses dogmes en bloc et d’observer certaines pratiques.
Il manque au livre de Voltaire, pour être l’image la plus exacte du grand siècle, l’élévation morale. […] Encore n’est-ce pas la civilisation dans les plus précieux de ses biens, dans ceux qui améliorent la condition morale de l’homme. […] Il l’a faite dans le même temps qu’il défendait contre Frédéric, alors prince de Prusse, la liberté morale, et Dieu contre Sa Majesté le Hasard. […] C’est ce temps où le doute théologique est devenu l’incrédulité, le doute métaphysique la négation de l’âme, et, comme conséquence inévitable, la négation de la liberté morale. […] La morale de Voltaire est celle de son temps.