Elle est morte pour ainsi dire debout, courageuse jusqu’à la dernière heure, et dans tout le rayonnement de sa beauté physique et morale. […] Votre philosophie de l’art est, ma chère mère, une espèce de béatitude morale. […] Est-ce pour la modifier et l’arranger à son usage, pour les satisfactions de sa propre vie physique et morale ? […] J’adopte donc l’idée de l’incinération, et je la trouve religieuse, morale et civilisatrice. […] Il semble que Goethe ait eu horreur d’une conclusion morale, d’une certitude quelconque.
Mais quelle intention morale peut-on supposer à l’auteur ? […] « Passe pour la morale, répondit Molière ; mais le reste ne vaut pas la peine que l’on y fasse attention : n’est-il pas vrai, mon père ? […] Ils discutèrent alors divers points de morale très sombres, et se livrèrent aux réflexions les plus plaisamment sérieuses. […] Il désirait accroître le nombre de ses admirateurs sans augmenter encore celui de ses ennemis ; mais il voulait avant tout, fidèle observateur de la morale, immoler les vices : et comment y serait-il parvenu en faisant rire aux dépens de la vertu ? […] « Pourquoi, répondit-il à ceux qui lui faisaient un reproche d’avoir profané la morale en la mettant en scène, pourquoi ne me serait-il pas permis de faire des sermons, tandis qu’on permet au père Maimbourg de faire des farces ?
Ces sentiments et ces idées forment déjà notre atmosphère morale, et il faut que les gouvernements s’y placent aussi, car, hors de là, il n’y a point d’air vital. » Suivaient les pages sur la Révolution française qu’on peut lire en partie reproduites au tome Ier des Mélanges 208. […] Il agitait en lui une question très-familière à quiconque réfléchit, et qu’il était appelé plus que tout autre à se poser : « Que devient la nature morale de l’homme dans un temps où l’intelligence prévaut sur tout le reste ?
On ne le lit aux jeunes gens que comme cours de poésie, on devrait le leur lire comme cours de bonté et de morale. […] Pour quiconque lit Homère avec attention, il est impossible de ne pas conclure une civilisation morale et industrielle très avancée derrière cette apparente rusticité.
quelle disgrâce physique ou morale me valait la froideur de ma mère ? […] La nature morale a-t-elle donc, comme la nature physique, ses communications électriques et ses rapides changements de température ?
Nous lisons dans le Petit National (21 janvier) : « On est venu nous raconter que l’auteur, préoccupé d’une haute question de morale, a voulu montrer la décadence fatale d’une famille d’ouvriers, dans le milieu empesté de nos faubourgs. […] Cette suite est si rigoureuse, qu’elle semble fatale ; malgré cela, Coupeau et Gervaise restent d’un bout à l’autre responsables de leurs actions ; le point auquel ils pourraient s’arrêter et ne s’arrêtent pas, par lâcheté, est soigneusement marqué ; et là est toute la morale de l’œuvre.
Il y a une morale imposée par les bourgeois contemporains, à laquelle il faut se soumettre. […] 23 mars C’est une grande force morale chez l’écrivain que celle qui lui fait porter sa pensée au-dessus de la vie courante, pour la faire travailler libre et dégagée et envolée.
Il est d’essence métaphysique encore plus que morale. […] Quant à la souffrance morale, elle est au moins aussi souvent amenée par notre faute, et de toute manière elle ne serait pas aussi aiguë si nous n’avions surexcité notre sensibilité au point de la rendre morbide ; notre douleur est indéfiniment prolongée et multipliée par la réflexion que nous faisons sur elle.
Où Kant, assez naïvement, peut-être, avait cru voir la Loi Morale, Mallarmé percevait sans doute l’impératif d’une poésie : une Poétique. » L’intuition n’a pas pris ici de forme poétique, mais nous voyons déjà sur quels tableaux elle joue : deux tableaux contraires, être et non-être, et le ciel d’étoiles porté indifféremment au compte de l’un ou au compte de l’autre, chacun de ces tableaux logiques détruit logiquement par l’autre, et leur réalité pour le poète comme leur réalité pour le physicien consistant dans un ordre ou une nature de relations. […] Les difficultés, les obstacles, la douane qui ne laisse passer que certaines paroles et qui exclut les autres, cela doit se trouver à l’intérieur du vers, cela lui fait sa discipline morale et la culture de son corps, cela lui donnera une chair solide et une conscience nette. […] Ils vivent profondément par un double élan vers deux puretés paradoxales, celle du moi pur, celle de la poésie pure : le moi pur seul objet de la poésie pure, tous deux d’ailleurs identiques et ne comportant qu’une différence de point de vue, — de même que la seule matière possible de la loi morale universelle est chez Kant l’idée même d’universalité.
J’aime aussi beaucoup la morale… en action, en littérature moins, parce qu’elle s’y trouve être un élément étranger et troublant qui ne peut que donner à l’œuvre une allure empesée, roide et gauche, de même du reste que la politique, la passion et l’émotion, toutes choses très-bonnes… à leurs places respectives. […] Le nouveau chef-d’œuvre de Victor Hugo s’ouvre par une merveilleuse vision d’un avenir selon le Droit et le Devoir, ces deux solidarités inséparables en bonne logique et en bonne morale. […] En effet, l’art violent ou délicat prétendait régner presque uniquement dans les précédents, et il devient dès lors possible de discerner des vues naïves et vraies sur la nature, matérielle et morale.