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1887. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Puis l’on peut se défier d’une analyse qui trop souvent consiste en des interrogations au lecteur : le lecteur doit apprendre de l’auteur pourquoi se produit tel ou tel phénomène moral, et non entendre l’auteur le lui demander.

1888. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Ses attributs physiques se prolongent en qualités morales, ses fonctions se multiplient les unes par les autres, ses épithètes se transforment en légendes nouvelles.

1889. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Les métaphores, les comparaisons, les hypotyposes sont des symboles, parce qu’elles transportent les lois du monde physique au monde moral.

1890. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Le front large et bossué, l’œil bleu et à fleur de front, le nez gros et arqué, les pommettes relevées, les joues lourdes, les lèvres épaisses, le menton à fossette, le visage rond plutôt qu’ovale ; le cou bref, mais relié par de beaux muscles à la naissance de la poitrine ; les épaules massives, la taille carrée, les jambes courtes ; la stature pesante en apparence, mais souple au fond, tant il y avait de ressort physique et moral pour l’alléger ; mais ce front était si pensif, ces yeux si transparents et si pénétrants à la fois, le nez si aspirant le souffle de l’enthousiasme par ses narines émues, les joues si modelées de creux et de saillies par la pensée ou par les sentiments qui y palpitaient sans cesse, la bouche si fine et si affectueuse, le sourire bon, l’ironie douce et la tendresse compatissante s’y confondaient tellement pour plaisanter et pour aimer sur les mêmes lèvres ; le menton si téméraire, si sarcastique, si défiant et si gracieux tout ensemble en se relevant contre la sottise ; de si belles ombres tombées de ses cheveux, et de si belles lumières écoulées de ses yeux flottaient sur cette physionomie pendant qu’elle s’animait de sa parole ; l’accent de cette parole elle-même, tantôt grave et vibrante comme le temps, tantôt sereine et impassible comme la postérité, tantôt mélancolique et cassée comme la vieillesse, tantôt badine et à double note comme le vent léger de la vie qui se joue le soir sur les cordes insouciantes de l’âme !

1891. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

On reconnut bien tous les avantages qu’une étude assidue des Poëtes & de l’ancienne Mithologie, devoit donner à l’Abbé Bannier sur les autres interprêtes d’Ovide ; mais on s’apperçut que, trop plein de ses connoissances mithologiques, il sacrifie assez souvent au sens moral ou historique, le sens physique ou littéral.

1892. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Mais en cet avenir de devoir, rationnel, moral, mon vœu serait qu’il fût dit que j’ai fait pour le Mieux.

1893. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Celle-ci finit par amener une dissertation sur les géans ; & après avoir prononcé que tout ce qui sortoit des regles de la proportion pour la taille, comme pour la grosseur, devoit s’en ressentir au moral. […] Nous distinguâmes avec raison les différentes sortes d’industrie qui donnent au monde moral la circulation & la vie, & après avoir considéré cette précieuse industrie qui fait la richesse & la splendeur des états, nous gémîmes sur celle qui emploie le luxe & l’intrigue d’une maniere absolument ruineuse. […] Il est bon qu’un roi ait sous ses yeux l’indigence de ses peuples, & qu’il apprenne de bonne heure à souffrir patiemment la vue des miseres humaines ; il est bon qu’il sache qu’un individu parfaitement semblable à lui du côté du physique & du moral, qui a la même origine, qui aura la même fin, n’a que la terre pour lit, tandis que S.

1894. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Les conclusions morales, si dures parfois, du fabuliste ne sont qu’une sensibilité violente, mais éclairée, qui se tourne en dérision elle-même et se met à philosopher. […] Gardons nos habitudes morales ou physiques, tout est là. […] On fit briller les lumières dans la salle à manger, et la faim humilia nos douleurs morales.

1895. (1900) La culture des idées

Cela est difficile, ces mots du lexique moral n’ayant plus qu’une signification fuyante et toute relative. […] L’accord est plus facile avec des dieux qui furent des hommes ou qui, du moins, font figure d’hommes, par leur corps, même perfectionné, par leurs passions, leurs amours ; et presque toute la religion tourne autour de cet acte simple et moral, le contrat. […] L’Hygiène sexuelle et ses conséquences morales, p. 215.

1896. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Monsieur, j’admets, — non sans de grandes réserves, notez bien… car on est toujours plus ou moins responsable du milieu où l’on vit, des courants qu’on subit, du tour habituel que l’on donne à ses pensées… — mais enfin j’admets que vous soyez victime de l’incrédulité du siècle, que vous soyez tout à fait innocent de votre scepticisme… de votre athéisme, puisque vous ne craignez pas les gros mots, n’en est-il pas moins certain que l’union d’une croyante comme ma nièce avec un homme comme vous serait un désordre moral, dont les conséquences pourraient être désastreuses ? […] Des dégoûts plus profonds lui montaient aux lèvres quand elle assistait par hasard à certains entretiens que le relâchement du goût et du sens moral, favorisé par d’étranges lectures, a mis à la mode jusque dans les salons, quand elle entendait, par exemple, des femmes bien nées parler couramment entre elles ou même avec les hommes de curiosités physiologiques, de dépravations latentes, de désordres monstrueux Et de vices peut être inconnus aux enfers ! […] Si elle doit produire plus de justice et de lumière et que ce surplus de justice et de lumière se répartisse entre des âmes qui ne doivent pas périr, si c’est vraiment à une œuvre éternelle que nous travaillons, au progrès de la conscience universelle, à la réalisation de plus en plus étendue et profonde du monde moral sur la terre, comme inauguration et commencement du règne de Dieu, certes il n’est pas de but plus élevé, plus digne de nos efforts.

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