Dans le moderne, ils mirent en scène des artistes barbouillant des fresques religieuses, à intentions sadiques, sans être, pour cela, d’aucune religion, choyant de petits garçons bien frisés, racontant d’érotiques calembredaines dans des salons peuplés de vierges lesbiennes et de bas-bleus au clitoris exigeant, ou bien des pédérastes romantiques, ou bien encore des assassins titrés. […] Éclairé, enfin, sur cette religion qui, figée dans un Absolu chimérique, réprouvant le mouvement, c’est-à-dire l’évolution perpétuelle des idées et des êtres, ne peut que combattre en face ou sournoisement, selon qu’elle domine ou qu’elle perd du terrain, l’idéal de science et de justice élaboré par les temps modernes, il ne croyait plus à l’efficacité de l’aumône. […] Thiers, et aux pataquès de Mac-Mahon dit l’Homme-à-la-fesse-meurtrie ou le Bayard des temps modernes. — Puis il mourut, ce qui lui épargna le spectacle des filouteries ingénieuses du Grand Français et le soin de démêler les raisons pourquoi ses compatriotes se prosternent devant un chef de Kalmoucks et vénèrent, comme suprême fétiche, le panache de généraux déclarés infaillibles.
Après tout, peut-être dans la grande loi du changement des choses d’ici-bas, pour les sociétés modernes, les ouvriers sont-ils, comme je l’ai déjà dit, dans Idées et sensations, ce qu’ont été les barbares, pour les sociétés anciennes, de convulsifs agents de destruction et de dissolution. […] On craint toutefois que Courbet ne soit sur la voie, et les peureux employés du Musée, bien à tort, je crois, craignent tout du farouche moderne contre le chef-d’œuvre classique. […] Ça avait été, ajoute-t-il, une tentative d’attraper le bonheur domestique, et la chose relative à la femme étant réglée, on pouvait se donner une bosse de travail, mais il faut faire encore de la putain, et je n’ai pour ces dames qu’un goût médiocre. » Puis il me parle d’une pointe qu’il a poussée en Italie, de la belle pâte, de la belle matière que les Vénitiens mettaient si facilement sur leurs toiles, et il est à la recherche de cette confiture qu’il veut appliquer à la vie moderne.
Il sait les lois générales des nombres et des lignes ; il sait ce que sont les forces physiques : la pesanteur, la lumière, le son, l’électricité, la chaleur, et il sait qu’elles ne sont peut-être que les diverses apparences d’un mouvement unique et qu’elles obéissent toutes à des lois semblables dont un certain nombre d’exemples ont suffi à lui montrer l’éternelle fixité. » Soit l’histoire naturelle, l’anthropologie, l’histoire, un humanisme fait de la tradition gréco-romaine, où le christianisme ne figure que pour avoir versé dans le cœur de l’homme nouveau « le sentiment nouveau de la pitié » (contre sens qui vient de la proscription subie officiellement par tous les sens du mot charité), et qui se termine sur « la Réforme et la Renaissance l’éveillant pour ainsi dire de la longue nuit du passé, et lui mettant au front comme une aurore le rayon de la liberté de penser ; la France moderne, de Descartes à Voltaire, achevant dans une langue d’une force et d’une précision définitive l’affranchissement de son esprit, et faisant enfin, dans l’explosion de 1789, tomber autour de lui les dernières entraves, et le dressant, au milieu du monde, dans la hauteur de tous ses droits et le rayonnement de toutes ses libertés. » Évidemment, c’est monument de Gambetta, c’est court, et l’on comprend que ce manifeste officiel du laïcisme ait été alors accueilli avec quelque gaîté par l’opinion littéraire, laquelle allait céder au mouvement dit des Cigognes, et prendre parti, en sens divers, dans la bataille Brunetière-Berthelot de 1894 sur la faillite ou l’apothéose de la science, — sorte d’ouverture de l’affaire Dreyfus, où l’on se disputa fort le jeune Français de demain. […] « Il n’y a point d’Humanités modernes, dit Alain, par la même raison qui fait que coopération n’est point société. » Et qui fait que cette solidarité entre personnes contemporaines, d’où le radicalisme superficiel de Léon Bourgeois prétendait tirer le principe de l’éducation démocratique, n’a jamais mené, pour notre génération, qu’une existence assez dérisoire, dans les discours de distribution de prix et les inaugurations de monuments. […] Pierre Cot qui représente cette gauche indique la ligne de cette évolution lorsqu’il écrit : « Nous rejetons le dogme de la Souveraineté Nationale parce que, jadis ce dogme garantissait notre indépendance, et qu’il n’est plus, dans le monde moderne, qu’une survivance dangereuse. » Aujourd’hui l’opinion de M.
Il ne faut pas demander à Saint-Simon de penser au peuple dans le sens moderne ; il ne le voit pas, il ne le distingue pas de la populace ignorante et à jamais incapable.
À l’époque où s’ouvrit ce grand concile de la politique moderne, Mathieu de Montmorency, philosophe et novateur comme son maître Sieyès, s’élança sur ses pas et sur les pas de Mirabeau au-devant de toutes les théories de liberté et d’égalité qui allaient être soumises à l’épreuve de l’expérience du siècle futur.
Ce que je note ici, c’est qu’une institution qui nous est commune avec toutes les nations littéraires de l’Europe moderne, chez celles-ci vient après les modèles, et chez nous vient avant, en sorte que l’esprit français semble faire d’avance ses conditions à tous ceux qui prétendront en donner dans leurs écrits des images ressemblantes.
Les anciens estimèrent la flûte un instrument incomparable, parce qu’ils aimaient surtout le beau simple ; les modernes préfèrent le violon avec ses accents humains et tragiques.
… S’il parcourt l’espace, s’il remonte les temps, il voit presque autant de religions que de grandes divisions de temps ou que de grandes divisions du globe : la foi de Wichnou et de Brama dans l’Orient, celle de Fô et de Confutzé dans la Chine, celle de Zoroastre dans la Perse, celle de Pythagore dans l’Asie, celle d’Osiris dans l’Égypte, celle de Jupiter et de son Olympe, foi d’enfants en nourrice, dans la Grèce, celle de Teutatès dans la Gaule, celle des dieux scandinaves dans les Germanies, celle de Jéhovah dans la Judée, celle du Christ dans l’Asie et dans l’Europe romaine, celle d’Allah dans l’Arabie, dans l’Inde moderne, dans l’Asie Mineure, dans l’Afrique entière ; et, parmi ces religions, presque autant de subdivisions, de schismes, d’antipathies, de rameaux divergents que de souches, se disputant les symboles et les interprétations, et s’arrachant les unes aux autres les sectateurs, la polémique acharnée sur les lèvres ou le glaive impitoyable dans la main.
On ne peut nier que nous ne soyons encore très ignorants, quant à l’importance des divers changements climatériques ou géographiques, qui ont affecté la terre pendant les périodes modernes ; or de tels changements ont sans nul doute puissamment favorisé les migrations.
Ainsi, conclut-il, la Renaissance italienne ne serait pas, « comme le croyaient Burckhardt et d’autres historiens, le produit du peuple qui créa la civilisation romaine, mais celui d’une race nouvelle, apparentée d’une part aux Grecs de la belle époque, de l’autre aux Francs, aux Saxons et aux Angles, qui tous prirent une prépondérance à l’élaboration de notre civilisation moderne… ». […] » s’effraie le critique du Temps : « les moralistes anciens et modernes, Aristote, Platon, Marc-Aurèle, Spinoza, Puffendort, Nicole, E.