Quelques esprits prirent cette méthode au pied de la lettre et se mirent à la pratiquer, à l’appliquer en toute rigueur, ayant fait maison nette et table rase pour commencer ; cela menait droit et loin. […] Cet arrangement fait, il se mit à profiter de toutes les ressources que fournissait ce savant quartier pour l’étude et l’instruction dans toutes ses branches : Mes études du collège étant achevées, j’eus le bonheur, dit-il, de passer trois ou quatre années à l’étude de la physique. […] Après trois ou quatre ans donnés à la physique, à laquelle il eût été propre peut-être plus qu’à aucun autre objet, désirant surtout faire servir ses progrès personnels au bonheur des hommes, il suivit l’exemple de Pascal et de Socrate, il passa à l’étude de la morale ; et comme celle-ci ne trouve guère son application en grand et son développement qu’à l’aide des lois et des institutions civiles, il fut conduit nécessairement à s’occuper de politique : car nul esprit n’était plus docile que le sien à mettre en pratique et à suivre jusqu’au bout la série de conséquences qui s’offraient comme justes. […] La Bruyère fut surtout frappé chez le jeune abbé du manque absolu de tact, de la confiance à se mettre en avant soi et ses idées, de la distraction sur tout le reste, et de ce parfait oubli des nuances sociales. […] C’est bien lui qui, lorsqu’il crut devoir passer de l’étude de la morale à celle de la politique, et qu’il eut acheté pour cela une charge de Cour (celle de premier aumônier de Madame, mère du duc d’Orléans), ne considéra cette espèce de sinécure auprès d’une princesse restée à demi protestante, que comme une petite loge à un beau spectacle, comme une entrée de faveur pour approcher plus aisément ceux qui gouvernaient, et se mit à les regarder, à les étudier à bout portant, bientôt à les aborder et à les harceler de questions, en attendant qu’il les poursuivît, sous la Régence, de ses projets et de ses conseils.
Ces alinéas mettent toutes les idées sur le même plan, et la confusion renaît : elle sort de l’excessive division, comme de l’indivision. […] Une fois qu’on aura arrêté les proportions de l’ouvrage qu’on se propose de faire, on passera à considérer les idées dont on a fait provision, pour mettre à part et retenir définitivement celles qui conviennent le mieux. […] Tout ornement qui n’est qu’ornement, une beauté qui n’est que belle, un trait d’esprit qui n’est mis que pour être spirituel, tout cela est mauvais et doit être écarté. […] Ce sera ce qu’on peut appeler la loi d’économie : on mettra chaque idée là où elle devra prendre le plus de force et produire le plus d’effet, là aussi où elle pourra le mieux s’acquitter de toutes les fonctions qui lui appartiennent, de façon qu’il n’y ait pas besoin de la rappeler dans le cours de l’ouvrage. […] Corneille avait mis devant une grande, longue conférence de Chimène avec sa confidente : le maladroit !
Au xvie siècle, Lyon avait de plus des imprimeries florissantes : des souffles y parvenaient qui mettaient bien du temps à atteindre Paris, et la pensée s’y exprimait plus librement, loin des théologiens sorboniques et des inquisiteurs toulousains. […] Partout, on le voit, les Italiens sont mis sur le même pied que les anciens : tant il est vrai, comme on ne le redira jamais trop, que l’Italianisme a été le principe et la condition de notre Renaissance. […] Mais les anciens leur apprirent du moins la valeur de la technique, et leur inspirèrent la passion de perfectionner l’instrument que la langue et l’usage mettaient à leur disposition. […] Le tort qu’il a eu, c’est d’essayer cela deux siècles et demi trop tôt : nos romantiques ont légué à nos naturalistes le goût des substantifs abstraits mis à la place des adjectifs classiques. […] Ce que Villon seul avait fait en deux ou trois endroits, d’exprimer les plus intimes réactions de l’individualité au contact de la vie, de mettre par conséquent une sincérité sérieuse au fond de l’œuvre poétique, Ronsard et son école en firent la loi et comme l’essence de la poésie moderne.
Le recueil de Flaminio Scala met sous nos yeux une partie de leur répertoire. […] Bernagasso et la gouvernante refusent, l’un d’apporter du bois, l’autre de laver les plats, l’un de vider le baquet, etc., et viennent se plaindre l’un de l’autre à Arlequin, qui répond : « Allez, allez ; je le porterai, — je les laverai, — je le viderai. » Bernagasso met en fuite Cintio et ses spadassins. Arlequin, pour le récompenser, lui donne sa nièce et lui cède, par acte notarié, sa maison ; Bernagasso lui donne des coups de bâton, et veut le mettre à la porte. Arlequin déchire l’acte, s’empare du bâton et met Bernagasso à la porte à son tour. […] Toutefois, cette dame travailla si bien l’esprit du roi que, quelques mois après, Costantini fut mis en liberté, à condition de sortir immédiatement des États du prince rancunier.
On la mit dans le couvent de la Visitation de la rue saint Antoine. […] Lacombe, on lui fit l’honneur de le mettre à la Bastille. […] Fière & sûre d’une telle conquête, elle s’en servit pour mettre en vogue toutes ses idées, & elle les répandit avec succès dans saint Cyr. […] Elle fut mise à Vincennes l’an 1695. […] Elle n’avoit encore extravagué qu’en prose ; mais à Vincennes elle composa des milliers de vers mystiques, parodia les opéra de Quinault, & ne mit aucune borne à sa folie.
Les jésuites mettaient des coussins sous les coudes des pécheurs, M. Bordeaux met des cornets acoustiques dans les oreilles de ses lecteurs. […] Et mettre à nu ces thèmes, apercevoir ce permanent, c’est la vie même de la critique. […] Elle-même mettait d’ailleurs Rousseau au-dessus de tous les écrivains. […] L’idée doit sans doute être mise au point et rectifiée.
Il ne mit jamais un bout de ruban à sa boutonnière. […] On les récite dans les écoles, on les met en musique. […] Et voici qu’il se met à l’aimer éperdument. […] Peu à peu ils se mettaient à l’unisson. […] Mettons qu’Hermann est un saint.
S’ils sont à part, c’est qu’on les y a mis. […] Je mets des épithètes gracieuses sur tes traits, mais est-ce une raison ? […] Me saura-t-on gré de tout ce que je mets là-dedans ? […] Aucun prêtre n’a mis le pied chez lui. […] mettre sous le nez d’un maréchal d’Empire des cochonneries !
Oui, c’est là le cadeau que la vie met dans notre berceau. […] ils se mettent contre vous. […] Nous croyons à cette unité et nous mettons tous nos efforts à la réaliser. […] Cet homme a mis ma patience à une forte épreuve. […] Et voilà des motifs puissants qui vous mettent un livre dans la main.
Ceux qui l’avaient eue jusqu’ici ne l’avaient que très-imparfaitement mise à exécution. […] Pourquoi faut-il que le texte, du moins, soit si sauvage, si mal digéré, et qu’un poète définitif n’ait pas mis la dernière main à une si belle matière ! […] Les critiques, s’ils n’y prennent garde, sont de plus en plus portés à admirer dans un auteur moins encore ce qui y est que ce qu’ils y mettent. Ne mettons dans Villon rien de plus qu’il n’y a, et il y aura encore assez pour le maintenir à son rang. […] Les guerres civiles survenant avaient coupé encore une fois le train des choses et mis la tradition en défaut.