Ce procédé expérimental essentiellement analytique est mis tous les jours en pratique en physiologie. […] Il n’y a plus lieu de distinguer ici l’observateur de l’expérimentateur par la nature des procédés de recherches mis en usage. […] À cet effet, il met en usage tous les instruments qui pourront l’aider à rendre son observation plus complète. […] Mais on a voulu de plus mettre les altérations en rapport avec les phénomènes morbides et déduire, en quelque sorte, les seconds des premières. […] Je mis donc à découvert sur un chien la glande sous-maxillaire, ses conduits, ses nerfs et ses vaisseaux.
Il importe assurément que ces vocations irraisonnées soient au plus tôt éclairées et mises à l’épreuve. […] Il suffit sûrement, désormais, d’y mettre le prix pour doter à bref délai les études historiques des instruments de recherche indispensables. […] On doit donc se demander : à cette époque et dans ce groupe d’hommes avait-on l’habitude de mettre par écrit des faits de ce genre ? […] La première nécessité qui s’impose à l’historien mis en présence du chaos des faits historiques, c’est de limiter son champ de recherches. […] Or toute œuvre scientifique doit être sans cesse refondue, revisée, mise au courant.
Toutes les facultés de l’âme humaine doivent être subordonnées à l’imagination, qui les met en réquisition toutes à la fois. […] L’œuvre de Delacroix a été mis en poudre et jeté aux quatre vents du ciel. […] Il a mis un doigt d’eau dans son vin ; mais il peint et il compose toujours avec énergie et imagination. […] Quelle force prodigieuse l’Egypte, la Grèce, Michel-Ange, Coustou et quelques autres ont mise dans ces fantômes immobiles ! […] Franceschi avait simplement mis debout une figure couchée de Michel-Ange.
Il fallut mettre le sabre à la main et courir ainsi la ville. […] Alors Napoléon fit promptement mettre en batterie l’artillerie de la Garde et alla lui-même vérifier le pointage d’une des pièces contre la colonne, puis il cria à Dorsenne de faire avancer un des six bataillons de la vieille Garde qui restaient seuls en réserve. […] les natures spécialement douées sont ainsi, et, mises en face de leur gibier, rien ne les détourne : Archimède est à son problème, Joseph Vernet est à sa tempête, Philidor est à sa partie. […] Je mettrai ici cette dernière demande qui résumait les précédentes, et qui établit les services de Jomini dans sa première carrière d’officier suisse avec toute la précision désirable : « État de services de Henri Jomini, chef de bataillon, né à Payerne, en Suisse, le 6 mars 1779. — Lieutenant dans les troupes helvétiques en 1798. — Capitaine, le 17 juin 1799 — Chef de bataillon, le 26 avril 1800. […] Je mets l’entretien tel qu’il est dans le livre du colonel Lecomte, et tel que Jomini lui-même aimait à le raconter.
S’il a pu dire un non bien net à quelque opinion vague et reçue, s’il a pu déconcerter une chronologie sacro-sainte ou prendre en flagrant délit de fabrication quelque juif hellénisant, s’il a pu mettre à sec un déluge ou faire taire à propos la statue de Memnon, il est content. […] Il ne s’est jamais mis aux champs, soit en histoire, soit en littérature, que pour rapporter quelque chose de neuf, d’imprévu, et noneulement quant aux faits, mais quant aux idées qui s’y cachent. […] Un petit voyage d’outre-mer ou d’outre-Rhin ne fait pas mal pour mettre en vogue. […] En quelques rares endroits, si je l’osais remarquer, son raisonnement, en faveur de l’authenticité historique qu’il soutient, m’a paru plus spécieux que fondé, comme quand il dit par exemple : « Les premiers siècles de Rome vous sont suspects à cause de la louve de Romulus, des boucliers de Numa, du rasoir de l’augure, de l’apparition de Castor et Pollux… ; effacez donc alors de l’histoire romaine toute l’histoire de César, à cause de l’astre qui parut à sa mort, dont Auguste avait fait placer l’image au-dessus de la statue de son père adoptif, dans le temple de Vénus191. » Une fable qu’on aura accueillie dans une époque tout avérée et historique ne saurait en aucune façon la mettre au niveau des siècles sans histoire et où l’on ne fait point un pas sans rencontrer une merveille. […] Et quand il achèverait, le temps y met bon ordre en détruisant.
Au sortir d’un duel où l’on avait blessé un ami, on arrivait au déjeuner de l’abbé Raynal pour y guerroyer contre les préjugés ; on était le soir du quadrille de la Reine après avoir joui d’une matinée patriarcale de Franklin ; on courait se battre en Amérique, et l’on en revenait colonel, pour assister au triomphe des montgolfières ou aux baquets de Mesmer, et mettre le tout en vaudeville et en chanson. […] Ce faible une fois découvert, M. de Ségur n’avait qu’à le mettre sur son sujet favori, qui était l’origine et les causes du schisme grec, et, l’entendant patiemment discourir durant des heures entières sur les conciles œcuméniques, il faisait chaque jour de nouveaux progrès dans sa confiance. […] Un jour, à cette heure même de la promenade impériale, M. de Ségur imagina de se trouver dans la seconde des allées au moment du détour, et de ne pas s’y trouver seul, mais de se faire apercevoir, comme à l’improviste, prenant ou recevant une légère, une très-légère marque de familiarité d’une des jolies dames de la cour qu’il n’avait sans doute pas mise dans le secret. — Au dîner qui suivit, le front de Sémiramis apparut tout chargé de nuages et silencieux ; vers la fin, s’adressant au jeune ambassadeur, elle lui fit entendre que ses goûts brillants le rappelaient dans la capitale, et qu’il devait supporter impatiemment les ennuis de cette retraite monotone. […] La Politique de tous les Cabinets de l’Europe sous Louis XV et sous Louis XVI, contenant les écrits de Favier et la correspondance secrète du comte de Broglie, avait déjà paru en 93 ; mais M. de Ségur en donna une édition plus complète, accompagnée de notes et de toutes sortes d’additions qui en font un ouvrage nouveau où il mit ainsi son propre cachet. […] Vœu honorable, mais qui est plus de mise dans les livres que dans la pratique, même depuis qu’on croit l’avoir renouvelée !
Théodore de Banville lui mit aux mains un bouquet de fleurs joyeuses. […] Je ne sais quel sera le jugement des temps futurs sur ces puissants et brillants écrivains, mais je croirais volontiers que, mis à part leur incontestable talent, ils représenteront un jour un célèbre exemple d’une des plus graves et des plus éclatantes erreurs esthétiques de notre Littérature, au moins dans le principe de sa doctrine. […] Personne, qui l’ait étudiée, ne niera que Mallarmé n’ait été un esprit de haute et suprême culture et qu’il n’ait mis au jour d’importantes vérités poétiques. […] Ce n’est pas chose aisée, d’ailleurs, ajoute Théophile Gautier, que ce style méprisé des pédants, car il exprime des idées neuves avec des formes nouvelles et des mots qu’on n’a pas entendus encore. » Mettons à part, dans l’ample et belle définition de Gautier, quelques points plus particuliers et gardons-en les termes généraux tels que recherches des nuances, recul des bornes de la langue, expression d’idées neuves avec des formes nouvelles et des mots qu’on n’a pas entendus encore, tous ces soins s’appliquent parfaitement bien à toutes les époques de littérature actives et belles c’est justement cela que firent les Renaissants du xvie siècle et les Romantiques de 1830, Ronsard, comme Hugo. […] C’est ainsi qu’on crut affirmer des vérités nouvelles et même surprenantes en professant la volonté de réintégrer l’idée dans la littérature. » Il me semble que M. de Gourmont met excellemment les choses au point.
Mais il le faisait avec naturel, avec facilité, avec un don de récit et de mise en scène qui était son talent propre, avec une veine de raillerie et de comique qui se répandait sur tout, avec une morale vive, enjouée, courante, qui était sa manière même de sentir et de penser. […] Il s’en lit deux éditions en un an : « On travaille à une troisième, annonçait le Journal de Verdun (décembre 1707) ; deux seigneurs de la Cour mirent l’épée à la main dans la boutique de la Barbin, pour avoir le dernier exemplaire de la seconde édition. » Boileau, un jour que Jean-Baptiste Rousseau était chez lui, ayant surpris Le Diable boiteux entre les mains de son petit laquais, le menaça de le chasser si le livre couchait dans la maison. […] j’aurais déjà fait plus d’une banqueroute. » Et le trait final va servir comme de transition à la prochaine comédie de Lesage, lorsque Oronte dit aux deux valets : « Vous avez de l’esprit, mais il en faut faire un meilleur usage, et, pour vous rendre honnêtes gens, je veux vous mettre tous deux dans les affaires. » Lesage eut son à-propos heureux ; il devina et devança de peu le moment où, à la mort de Louis XIV, allait se faire l’orgie des parvenus et des traitants. […] Ce vieillard décrépit, qui se refait et se repeint chaque matin, a pour ami un autre vieillard qui, au contraire, affecte d’être vieux et s’en vante, et met sa vanité à le paraître, autant que l’autre affecte de paraître jeune. […] Il rompt de bonne heure avec la Comédie-Française, se met en guerre avec elle, avec les Comédiens du roi qui représentent le grand genre, la déclamation tragique.
Peyrot possesseur d’une précieuse collection sur la Révolution française l’a mise toute à notre disposition, avec un empressement et une grâce de bon office qui méritent qu’on n’en soit pas oublieux. […] Fossé d’Arcosse, etc., qui ont bien voulu mettre leurs richesses à notre disposition, et quelque prix à notre reconnaissance40. […] [Addition de l’édition en trois volumes (1878)] Cette biographie des Maîtresses de Louis XV 43, écrite il y a bien des années, quand je me suis mis tout dernièrement à la relire et à la retravailler, m’a semblé manquer de certaines qualités historiques. […] Il fallait encore apporter à cette étude l’intérêt de tous les documents autographes, que la bonne volonté des amateurs pouvait mettre à notre disposition. […] Préface de la première édition (1882)49 Avec l’ambition de mettre dans mes biographies — un peu des Mémoires des gens qui n’en ont pas laissé, — j’achetais, il y a une quinzaine d’années, chez le bouquiniste bien connu de l’arcade Colbert, les papiers de la Saint-Huberty.
L’art de l’homme, comme celui de la nature, consiste à mettre en effet dans la goutte d’eau un monde : la fauvette ne sentira que la fraîcheur vivifiante de la goutte d’eau, le philosophe et le savant apercevront dans la goutte d’eau les immensités. […] Pour bien comprendre un artiste, dit Guyau, il faut se mettre « en rapport » avec lui, selon le langage de l’hypnotisme ; et, pour bien saisir les qualités de l’œuvre d’art, il faut se pénétrer si profondément de l’idée qui la domine, qu’on aille jusqu’à l’âme de l’œuvre ou qu’on lui en prête une, « de manière à ce qu’elle acquière à nos veux une véritable individualité et constitue comme une autre vie debout à côté de la nôtre. » C’est là ce que Guyau appelle la vue intérieure de l’œuvre d’art, dont beaucoup d’observateurs superficiels demeurent incapables. […] Il faut comprendre combien la vie déborde l’art pour mettre dans l’art le plus de vie. » L’art pour l’art, la contemplation de la pure forme des choses finit toujours par aboutir au sentiment d’une monotone Maya, d’un spectacle sans fin et sans but. […] C’est donc surtout par des raisons morales et sociales que doit s’expliquer, — et aussi se régler, — l’introduction du laid dans l’œuvre d’art réaliste. » L’art réaliste a pour conséquence d’étendre progressivement la sociabilité, en nous faisant sympathiser avec des hommes de toutes sortes, de tous rangs et de toute valeur ; mais il y a là un danger que Guyau met en évidence. […] C’est ainsi que, peu à peu, en élargissant sans cesse ses relations, « l’art en est venu à nous mettre en société avec tels et tels héros de Zola. » La cité aristocratique de L’art, au dix-huitième siècle, admettait à peine dans son sein les animaux ; elle en excluait presque la nature, les montagnes, la mer. « L’art, de nos jours, est devenu de plus en plus démocratique, et a fini même par préférer la société des vicieux à celle des honnêtes gens. » Tout dépend donc, conclut Guyau, du type de société avec lequel l’artiste a choisi de nous faire sympathiser : « Il n’est nullement indifférent que ce soit la société passée, ou la société présente, ou la société à venir, et, dans ces diverses sociétés, tel groupe social plutôt que tel autre. » Il est même des littératures, — Guyau le montre dans un chapitre spécial, — qui prennent pour objectif « de nous faire sympathiser avec les insociables, avec les déséquilibrés, les névropathes, les fous, les délinquants » ; c’est ici que « l’excès de sociabilité artistique aboutit à l’affaiblissement même du lien social et moral ».