C’est avant ou après, et quand on est à l’abri du prestige de cette puissance trompeuse qui s’appelle l’éloquence, qu’on peut prendre véritablement la mesure de l’homme. […] L’orateur a été mieux inspiré, quand il nous a dit tout ce qu’aimait M. de Tocqueville, quand il nous l’a peint surtout dans sa retraite, dans la vie privée, dans l’union domestique, où il ne fut trompé que dans la mesure de bonheur qui surpassa encore son espoir et son vœu.
On force sa pensée, on la déforme, on l’obscurcit par l’embellissement des figures ; on l’estropie, on la mutile, on la fausse par la contrainte du vers, de la mesure, de la rime. […] A mesure que le siècle avance, la grande ressource de la poésie est la périphrase, qui substitue la description de l’objet au nom de l’objet.
Or cette civilisation à mesure qu’on l’étudie avec moins de prévention, apparaît d’une rare fécondité en richesses réalisées ou virtuelles. […] Pour ce qui est de l’art de construire, si une même disposition naturelle a permis à nos architectes d’accommoder en quelque mesure le goût antique aux besoins si différents des temps modernes et aux nécessités d’un autre climat, il est trop évident que c’en est fait, dès la Renaissance, de notre architecture religieuse.
Problème simple et facile, lorsqu’il n’y a qu’un objet régulier ou qu’un point lumineux ; mais problème dont la difficulté s’accroît à mesure que les formes de l’objet sont variées, à mesure que la scène s’étend, que les êtres s’y multiplient ; que la lumière y arrive de plusieurs endroits, et que les lumières sont diverses.
D’où l’on doit conclure que ce système de mesures d’ordres vitruviennes et rigoureuses, semble n’avoir été inventé que pour conduire à la monotonie et étouffer le génie. […] Si l’on a appauvri l’architecture en l’assujettissant à des mesures, à des modules, elle qui ne doit reconnaître de loi que celle de la variété infinie des convenances, n’aurait-on pas aussi appauvri la peinture, la sculpture et tous les arts enfants du dessin, en soumettant les figures à des hauteurs de têtes, les têtes à des longueurs de nez ?
Il n’y eut plus de mesure dans les dépenses. […] Si vous êtes méchants, si vous êtes indigents, si vous êtes corrompus. ô richesse, mesure de tout mérite !
Car, à mesure qu’on avance dans la vie, on apprécie et on recherche la simplicité comme auparavant on aspirait à la force. […] L’idéal recule sans cesse à mesure qu’on en approche davantage. […] L’art peut être plus pathétique que la nature, et le pathétique, c’est le signe et la mesure de la grande beauté. […] Cette mesure n’est autre que l’expression. […] À mesure que la violence du désir augmente, la domination de l’homme sur lui-même diminue ; et à mesure que le désir s’affaiblit et que la passion s’éteint, l’homme rentre en possession de lui-même.
Les emprunts cachés, le pastiche et le plagiat deviennent-ils plus rares à mesure qu’il se commet plus d’irrévérences envers les maîtres ? […] À mesure que d’autres genres s’en détachent pour s’en éloigner, ils s’éloignent des véritables conditions de l’art. […] La nécessité de la mesure réagit sur la nature même de la pensée. […] Les images, les couleurs, sont, avec le nombre, la mesure, la cadence, inhérents à la parole poétique. […] Les mesures législatives qui sont intervenues sur cette matière n’ont pas étouffé la querelle.
L’insuccès d’une œuvre se mesure à la prétention. […] Sa conduite, dans ce poste tant désiré, fut louche et ambiguë ; il intrigua secrètement à la Chambre des pairs contre les mesures adoptées par le roi Charles X et par ses collègues les ministres. […] Le prince, confiant dans l’aplomb de la monarchie, ne prépara rien ; il signa un matin les ordonnances contre la presse, comme il aurait signé en pleine paix la plus innocente mesure de police sur l’édilité de Paris. […] Parvenu au but de ses désirs, qui était de renverser les libéraux modérés du ministère, pour créer et protéger un ministère de royalistes auxquels il prêterait son talent, puis, de le renverser ensuite et de se substituer seul à M. de Villèle, il semble d’abord ressentir ou affecter pour madame Récamier une passion de jeunesse sans mesure, qui n’a pour objet que de revenir de ses ambassades à Paris pour s’enivrer de sa passion équivoque auprès d’elle, dans la solitude et dans le désintéressement de son amour ; puis, après le congrès de Vérone et sa nomination au ministère des affaires étrangères, d’autres passions moins platoniques paraissent le refroidir et l’éloigner de madame Récamier. […] « Souvenez-vous de tout ce que je vous ai dit sur le manuscrit. » LXIV De Paris à Lyon, de Lyon à Turin, les mêmes billets suivent madame Récamier sur la route de Rome, comme des adieux que la distance affaiblit et qui perdent de leur expression à mesure que la distance augmente.
Je vous prie donc de ne pas vous laisser entraîner à imiter la vilaine manière traînante que nos chanteurs ont adoptée dans le récitatif : tout doit être rendu et rigoureusement en mesure, surtout au troisième acte, quand vous arriverez aux paroles « Merci, amis de Brabant », gardez strictement le premier mouvement pour donner à cette phrase toute la vivacité nécessaire. […] C’est une variété incroyable de rythmes, de modes et de tons, et une négligence complète de toutes les règles sur la mesure, la modulation. […] Platen disait qu’il y avait trois manières de mesurer les vers : 1° celle où seulement les syllabes accentuées donnent la mesure du vers, et où les syllabes non accentuées ne comptent pas (arsis et thésis) ; 2° la forme originalement romane, qui exige l’alternance régulière d’une syllabe accentuée avec une non accentuée ; 3° l’imitation des vers et strophes grecques. […] Mais cette forme étrangère ne pouvait s’acclimater, puisque, pour les appliquer, il fallait forcer la langue outre mesure et se priver d’autres formes poétiques plus belles et plus variées. Platen s’en aperçut, et, délaissant dès lors de plus en plus ces formes romanes, il imite plutôt les formes des vers et strophes grecques ; il s’y montrait grand maître aussi, même dans les mesures les plus difficiles, celles des odes.