Au lieu de lire : l’homme naît libre, et partout il est dans les fers, lisez : l’homme naît esclave, et il ne devient relativement libre qu’à mesure que la société l’affranchit de la tyrannie des éléments et de l’oppression de ses semblables par la moralité de ses lois et par la collection de ses forces sociales contre les violences individuelles. […] Et je me réponds : Le premier et l’infaillible législateur, c’est celui qui a fait l’homme ; c’est celui qui, en faisant l’homme, a mis en germe dans l’âme de sa créature ces lois, non écrites, mais vivantes, consonances divines de la nature intellectuelle de l’homme avec la nature de Dieu, consonances qui font que, quand le Verbe extérieur, la loi parlée se fait entendre, à mesure que l’homme a besoin de loi pour fonder et perfectionner sa société civile, la conscience de tout homme, comme un instrument monté au diapason divin, se dit involontairement : C’est Juste ; c’est Dieu qui parle en nous par la consonance de notre esprit avec sa loi ! […] Il s’approprie une partie de l’espace, dans une part à lui destinée par la mesure de ses membres qui le remplissent, et qui lui appartient, en s’agrandissant, à la mesure de ses bras, de ses pas, de ses mouvements dans le nid ; et, s’il en est dépossédé, il périt étouffé, faute de place au soleil. […] L’hérédité des biens dans la famille est en général la mesure correspondante de l’hérédité de l’État, ou de l’hérédité des castes, ou de l’hérédité des enfants, ou de l’hérédité même des trônes. […] La liberté baisse à mesure que l’égalité des héritages s’élève dans la législation des familles.
Au point de vue religieux et quand il s’y plaçait lui-même, son système du consentement universel donné comme base et mesure de l’orthodoxie était une invention insoutenable, tout au moins une innovation étrange ; et cependant il ne paraissait pas se douter qu’il y eût lieu seulement de la mettre en question, de la discuter. […] Scherer ; il ne tâtonne pas, il n’hésite pas ; c’est un esprit assis et ferme qui a en soi de quoi prendre l’exacte mesure de tout autre esprit, c’est un pair qui rend son verdict sur ses pairs, un vrai juge. […] Malheureusement, cette tendance se développa à mesure que l’auteur entra plus avant dans la carrière politique ; son rôle d’opposition, le vague de ses principes, ses emportements le poussaient à la phrase.
Protagoras disait que « l’homme était la mesure de toutes choses » ; mais il reconnaissait ainsi que chacun était pour soi-même la mesure de la vérité, et par conséquent il entendait bien admettre l’existence des divers individus. […] Ici encore je ne connais aucune mesure qui permette de fixer le degré d’union en deçà ou au-delà duquel on sera ou l’on ne sera pas panthéiste.
Mais je veux qu’ils n’aient pas eu dans l’esprit ces réflexions aussi analysées qu’elles l’ont été depuis : on ne peut au moins nier raisonnablement qu’ils n’en aient eu le fond et la substance, et qu’ils les ont développés peu à peu, à mesure qu’ils voyaient le succès bon ou mauvais de leurs spectacles. […] Mais il n’en est pas de même d’une action mise en spectacle : c’est une autre sorte d’édifice, qui non seulement doit avoir une étendue beaucoup moindre que le premier, mais encore qui ne peut souffrir qu’une mesure déterminée, pour ne pas rebuter le spectateur, obligé de le parcourir sans repos et sans interruption. Il est donc naturel que la mesure de l’action ne passe pas de beaucoup celle de la représentation.
Bref, il a conçu l’idée d’une métaphysique qui s’élèverait de plus en plus haut, vers l’esprit en général, à mesure que la conscience descendrait plus bas, dans les profondeurs de la vie intérieure. […] Un Descartes a beau rompre avec la philosophie des anciens : son œuvre conserve les qualités d’ordre et de mesure qui furent caractéristiques de la pensée grecque. […] Lui-même a tracé les linéaments d’une philosophie qui mesure la réalité des choses à leur degré de beauté.
Ces ornements employés avec tant de mesure et placés avec tant de goût ne sont point le principal charme de son style. […] Au lieu de commencer les mathématiques par une définition de la quantité et de la mesure, ils font naître et rendent distinctes par une foule d’exemples les idées de quantité et de mesure.
Adolphe Retté, qui sont des satires violentes et sans mesure, au moins le Soleil des morts de M. […] De là l’effort (dans la mesure d’effort que comporte une spontanéité peut-être trop habile) de M. […] des successions de longues et de brèves équilibrées selon le mouvement et l’émotion, des assonances et des allitérations, parmi lesquelles la rime est comprise, et il diffère de la prose dans la mesure où il maintient un emploi continu, avec des retours, de ces éléments.
Il ne faudrait pas oublier Sénèque ; ils n’ont connu les Grecs que par ses sombres et libres transcriptions ; il leur a fait bonne mesure d’horreur. […] La mesure dans laquelle les règles dites d’Aristote ont pu contribuer à cette épuration demeure sujette à discussion selon moi. […] Le bonheur d’être praticien du théâtre et non d’abord littérateur, d’avoir un instrument technique à sa portée, à sa mesure. […] « Tenez, vous êtes là, vous pianotez deux mesures de piano et personne ne peut savoir ce que je mets d’amour dans ces deux mesures… Comme c’est vous, cet air-là ! […] Dans quelle mesure elle peut en changer les rites ; il est encore trop tôt pour le dire.
Sans cesse nous pensons, et, à mesure que se déroule notre pensée, nous la parlons en silence ; mais presque toujours nous la parlons ainsi sans le savoir, comme nous ignorons nos habitudes, nos instincts, les principes directeurs de notre pensée : car nous nous livrons à notre nature sans la réfléchir ; allant à nos fins, nous nous projetons au dehors sur les choses extérieures ou sur les objets abstraits que nous présente notre entendement, sans savoir ou sans vouloir nous replier sur nous-mêmes, acte difficile, pénible et surtout sans profit pour la vie pratique. […] Elle traduit l’écriture à nos esprits ou la dicte à nos doigts sous l’impulsion de la pensée ; elle répète comme un écho les paroles que nous avons entendues ou bien elle souffle à nos organes vocaux des paroles nouvelles ; quand nous contemplons, quand nous nous remémorons les événements passés, quand nous méditons à mesure que nos pensées surgissent à notre conscience, elle les accompagne et les exprime. […] Dans la conversation, d’ordinaire, on invente peu, on répète plus volontiers ce que l’on a déjà dit, appris ou pensé ; la parole intérieure, au contraire, est le langage de la pensée active, personnelle, qui cherche et qui trouve et s’enrichit par son propre travail ; elle a donc pour mesure chez la plupart des hommes l’énergie et la vivacité de la pensée. […] Nous allons essayer d’exposer méthodiquement la suite logique de cette doctrine, en citant textuellement les courts passages qui ont sur notre sujet une valeur psychologique, et en critiquant à mesure celles des thèses de l’auteur qui ne sont pas d’accord avec une saine observation : 1° Description de la parole intérieure. — D’après Bonald, la « parole simplement pensée, parole mentale, parole intérieure », souffle la parole extérieure, dicte l’écriture, accompagne la méditation : il ne dit rien de la lecture. […] L’observation ou la contemplation du monde extérieur n’est utile à l’esprit et ne laisse un souvenir durable que si elle est accompagnée de réflexion, c’est-à-dire si nous nommons et définissons intérieurement les objets à mesure que nous les apercevons75.
. — Double mesure sensible de l’amplitude du même mouvement effectué par le même membre. — Notion finale du trajet effectué ou de l’espace parcouru. — Théorie de Stuart Mill. — À quoi se ramène la notion d’espace vide parcouru et d’étendue solide continue. — Toutes les propriétés du corps se ramènent au pouvoir de provoquer des sensations. […] En effet, si nous expérimentons les différentes manières de donner au bras tout son déploiement, nous trouverons que les mouvements lents longuement prolongés équivalent aux mouvements rapides de durée courte, et nous sommes ainsi en état d’acquérir par les deux moyens une mesure de l’amplitude de notre mouvement, c’est-à-dire une mesure de l’étendue linéaire. » — « Soient, dit encore Stuart Mill28, deux petits corps, A et B, assez voisins l’un de l’autre pour être touchés simultanément, l’un avec la main droite, l’autre avec la main gauche. […] Nous le concevons comme composé de parties, parce que la sensation dont la durée le mesure est elle-même composée de parties. […] Il évaluait la force par la grandeur de sa sensation d’effort ; il la mesure, maintenant par la vitesse du mouvement qu’elle imprime à une masse donnée, ou par la grandeur de la masse à laquelle elle imprime un mouvement d’une vitesse donnée. — Il arrive ainsi à concevoir le corps comme un mobile moteur, en qui la vitesse et la masse sont des points de vue équivalents. […] Seulement nous sommes tenus de limiter cette analogie autant que l’exigent les autres indices ; c’est d’ailleurs ce que nous faisons pour nous figurer l’animal lui-même, lorsque, ayant admis en lui des sentiments et des idées comme les nôtres, nous diminuons cette analogie à mesure que l’expérience accrue nous prescrit des réductions.