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1726. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Millerand, qu’il ne se démette point, c’est le principal, songea Xavier, qui manquait moins de sens que d’orthographe. […] Il a pris de nouveau le départ avec son ami Henri Duvernois ; le souffle, à l’un comme à l’autre, n’a point manqué. […] Un manque de composition y est évident. […] Alors, il faisait son droit au Louvre et à Notre-Dame, où il ne manquait pas un sermon. […] L’Orient apportera-t-il à l’Occident une valeur d’échange, un idéal neuf dont nous semblons manquer ?

1727. (1940) Quatre études pp. -154

. — Il s’est usé, à Wittenberg, — sur les bancs des salles de cours et des tavernes… Cet Hamlet poussif manquait de cœur ; il se livrait à d’innombrables monologues, mettait son courroux en vers, feignait la folie : adieu, Hamlet. […] Tout ce qui, par impossible, manquerait à la perfection de son bonheur, il l’obtiendrait lors de cette seconde naissance. […] Barbauld reprochait à son poème de manquer de morale : et voici quelle était sa réponse : Je lui dis qu’à mon avis, ce poème en avait trop ; et que le seul, ou plutôt, si j’ose ainsi m’exprimer, le principal défaut est que le sentiment moral soit si ouvertement imposé au lecteur comme principe ou cause d’action dans un ouvrage qui n’est que d’imagination pure. […] Ils n’hésitaient pas, ces audacieux, à descendre jusque dans les profondeurs inexplorées de la conscience, tant ils étaient sûrs que la poésie manque à son devoir, si elle n’offre pas aux générations successives un mélange d’éternel et de nouveau. […] L’homme de sentiment, tout en rendant justice à ses qualités, trouve qu’il manque de génie.

1728. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Ils manquent d’ampleur et d’audace. […] Il n’y manque guère, je crois, que l’amateur d’escrime. […] M. l’abbé Constantin manque ici gravement à son devoir. […] Vraiment, mon fils, tu manques un peu d’imaginative. […] Je les préviens qu’ils ont manqué leur but.

1729. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Ses vers ne manquent ni d’énergie, ni de couleur ; mais ils manquent parfois de propriété dans les termes et très souvent d’harmonie. […] il y manquera bien des choses, et, notamment, presque tout : car il y manquera l’accent, les intonations, le geste, le ventre… « Ah ! […] Il reproche à la tragédie de manquer d’action et de naturel. […] La foule ne lui permet pas d’y manquer. […] Son supplice lui manque ; il lui est redevenu cher.

1730. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

La joie y manque un peu, et la grâce. […] De quelles joies pouvais-je manquer ? […] Il n’y manque qu’une croix d’honneur en buis et un Napoléon en coquillages. […] … Un peu énervé par la nouveauté de cette expédition, il vise un oiseau et le manque. […] Alfred et Maurice Croiset n’y ont pas manqué.

1731. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Elles crurent voir, dans cette faculté de transformation épique de la vie, une sorte de charité intellectuelle qui manque aux purs analystes. […] Certes, dans cette époque de spleens longuement caressés et de complaisantes névroses, il ne manque cependant pas d’hommes robustes et qui célèbrent la joie de la vie. […] Quand Louvel a voulu tuer le duc de Berri, il a pris une carafe d’orgeat, et n’a pas manqué son coup. […] Il vous manque un sens, voilà tout… »‌ Le personnage me regarda d’un œil attendri : — « Il me manque un sens ? […] Il manque d’idéalisme — au sens philosophique et intime de ce mot — à un incroyable degré.

1732. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

» Il ne lui manqua pour parvenir aux grades les plus élevés qu’une santé plus aguerrie, le temps, l’occasion, et un moindre talent qui le sollicitât ailleurs. […] Mais elle manque l’instant propice ; le démon redevient plus démon que jamais, et c’est elle-même qui tombe, qui est entraînée par le ravisseur au fond de l’abîme, non repentante malgré tout, je le crains, et heureuse jusque dans sa faute de se perdre à jamais avec lui. […] » — « Vous regardez souvent de ce côté, ma chère, répondit Anne d’Autriche, appuyée sur le balcon… » Hors de là, et à part ces scènes délicates, le roman de Cinq-Mars est tout à fait manqué en tant qu’historique, et pour tout esprit ami de la vérité il ne saurait se relire aujourd’hui. […] Je suis ici, depuis dix mois, pour 300 p. : j’ai éprouvé tout ce qui peut affliger un cœur tendre et sensible ; si vous joignez à cela de manquer du nécessaire depuis deux mois, vous jugerez de quel prix serait le service que vous me rendriez.

1733. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

— Il nous manque, pour savoir en quoi consistaient précisément les altérations que le peuple romain lui-même faisait subir à la langue de Cicéron, et pour nous faire une juste idée du latin vernaculaire, de posséder quelques-unes de ces petites comédies populaires que l’on désignait sous le nom d’Atellanes ; mais ce qu’on peut affirmer, c’est que, là comme partout, la multitude tronquait, altérait les formes des mots, les désinences caractéristiques destinées à en nuancer la valeur grammaticale17 ; ou plutôt elle continuait de faire comme avaient fait ses pères, elle suivait les habitudes commodes et la voie large de l’idiome vulgaire, lequel était probablement antérieur à la création du latin savant, qui s’était plus ou moins modelé sur le grec. […] Fauriel, le perfectionne et le précise sur quelques points, et auquel il n’a manqué que plus de patience pour donner à son arbre le temps de prendre racine, à son drapeau le temps d’être reconnu. […] Il ne manquait pas d’en rencontrer sur sa route. […] L’article manque en latin, et c’est certainement une imperfection réelle ; mais il existe dans les langues romanes, chez qui c’est certainement aussi un perfectionnement. » Vous savez, messieurs, qu’à l’époque la plus brillante et la plus pure de la langue latine, Auguste était tellement préoccupé de la clarté et de la précision qu’il sentait bien que cette noble langue n’avait pas au même degré que la dignité ou la grâce, qu’il n’hésitait pas à ajouter des prépositions aux verbes, à répéter les conjonctions : « Præcipuamque curam duxit, sensum animi quam apertissime exprimere : quod quo facilius efficeret, aut necubi lectorem vel auditorem obturbaret ac moraretur, neque proepositiones verbis addere, neque conjunctioncs sœpius iterare dubitavit, quoe detractae afferunt aliquid obscuritatis, etsi gratiam augent34. » Les langues romanes, le vieux français en particulier, tout en défigurant à tant d’égards et en étant si prodigieusement loin de valoir la langue d’Auguste, s’acheminaient du moins à répondre, en fait de clarté et de précision, à la grande préoccupation d’Auguste.

1734. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Mais surtout il me recommanda de ne pas manquer d’aller au théâtre. […] — Ma fille, dit-il, ne manque pas une soirée. […] Vous avez fait tout ce que vous pouviez pour rendre acceptable ce silence, mais aucun motif n’était suffisant en face de la nécessité pressante de sauver la vie de son ami. » — Votre observation, dit Goethe, ne manque pas de justesse. […] « “Et il soutint son opinion par de longs développements d’une parfaite justesse. — Je l’écoutai, gardant une expression de physionomie sereine, et lui répondis avec un sourire gai : « “— Je crois que personne ne m’a fait encore cette critique, mais je la trouve tout à fait juste, et j’avoue qu’il y a dans ce passage un manque de vérité.

1735. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Mais cet excellent critique n’a-t-il pas manqué de pénétration en attribuant le succès de l’ouvrage aux censures qu’il a essuyées ? […] Des épithètes du même genre ne manquèrent ni au Champion des Dames de Martin Franc, ni aux Ballades de Philippe le Bon, duc de Bourgogne ni aux essais de comédie de Coquillart ; c’est un trait de l’histoire de notre poésie que les grandes admirations n’ont pas attendu les grands talents. […] Il n’y manque ni un gouvernement, ni des prisons, ni un parlement, ni des cours plénières, dont Charles d’Orléans rime la procédure. […] Pour les moines, que leur manque-t-il ?

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