Il y a deux faces à cette institution tant controversée de l’Académie française, et deux manières de la juger, selon qu’on la considère au point de vue de l’émulation qu’elle était destinée à donner au génie national, ou au point de vue de l’ascendant et de l’autorité qu’elle peut donner à la pensée.
Le saint évêque parla sur ce sujet d’une manière si vive et si touchante, qu’il changea la haine et l’aversion qu’on avait pour Eutrope en compassion, et fit fondre en larmes tout son auditoire.
Et ce qu’il y a peut-être de plus admirable encore dans son œuvre que l’œuvre même, c’est que, née en ce temps de Renaissance, et lui devant non seulement la plupart de ses sujets, mais l’éclat ou la manière de sa forme, et presque tout le vocabulaire et toutes les couleurs de son éloquence et de ses peintures, elle semble cependant, en beaucoup de ses parties, en ses plus extraordinaires parties, issue d’une puissance intellectuelle, non pas rénovée, mais neuve, d’une première éclosion de race, d’une virginité de génie. […] De là un incomparable désespoir vainement adorné, comme en une minutie de damnation enragée, par toutes les curiosités du langage, par toutes les raretés ingénieuses, intimes, lointaines et exotiques aussi, de l’image, par toutes les manières enlaçantes de l’art le plus subtil, le plus reptilien. […] Pour l’abondance somptueuse des images et la flexibilité sonore du rythme, aucun parnassien n’est supérieur à l’auteur du Jardin des rêves et de Vitraux, à cet extrême Laurent Tailhade, qui, depuis, en une rage farce, fantasquement injurieuse, burlesquement pittoresque, fut un satiriste excessif, formidable, et pas méchant ; imaginez un canon, d’où, comme par un miracle de saint Janvier, jailliraient des oranges d’or en manière de mitraille. […] En 1829, Pierre Leroux, à propos des Orientales, écrivait de Victor Hugo : « On pourrait définir cette partie de sa manière, la profusion du symbole. » Et tous les sublimes poèmes sont des apocalypses.
Ce grand commandant conduisit la campagne de 1707 de la manière la plus scientifique. […] On lui offre des guirlandes de tiges de choux en manière de couronnes de lauriers.
Mais ma sœur m’indiqua une manière de courir tout le long en sautillant et je voulus bien condescendre à cette galopade restreinte. […] En somme, dépouillée de son costume original, elle n’avait rien de très particulier dans l’aspect, mais son caractère était singulier ; sa manière de parler, ses gestes, tout me rappelait à chaque instant son origine et ce qu’elle contenait d’inconnu. […] Sa façon d’enseigner me rappelait assez la manière dont j’apprenais à lire à ma camarade de Montrouge : Nini Rigolet ; elle me disait : « Jouer », tandis que je n’avais aucune notion, ni d’exécution, ni de lecture musicale. […] Mon père savait très bien imiter sa manière de rire en fronçant le nez et en fermant tout à fait les yeux ; il s’exécutait sans se faire prier, dès que nous lui disions : « Papa, fais About. » Mais celui qui m’enthousiasma du premier coup, ce fut Gustave Flaubert.
Ce qu’il faut dire à la décharge de sa mémoire, c’est qu’il avait de l’humanité ; que Mme Desbordes-Valmore n’avait jamais invoqué en vain en lui le compatriote et le pays ; qu’elle lui demandait chaque année des grâces pour étrennes ; qu’elle avait une manière de les lui demander en glissant un mot de patois flamand (acoutè’m un peo, écoutez-moi un peu !)
Raton avec sa patte, D’une manière délicate Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts, Puis les reporte à plusieurs fois, Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.
Les secours nécessaires à l’indigence sont une dette du riche envers le pauvre ; il appartient à la loi de déterminer la manière dont cette dette doit être acquittée.
Mais il est Dieu, et par conséquent il agit en tout d’une manière incompréhensible à notre misère morale.
CXXXIII — Je leur dis alors, comme on parle dans le délire de la fièvre, tout ce qu’on peut dire quand on a perdu sa raison et qu’on n’écoute rien de ce qui combat votre folie par des raisons, des caresses ou des menaces, que mon parti était pris ; que si Hyeronimo devait mourir, il valait autant que je mourusse avec lui, car je sentais bien que ma vie serait coupée avec la sienne ; que des deux manières ils seraient également privés de leurs deux enfants ; que, vivant, il aurait peut-être besoin de moi là-bas ; que, mourant, il lui serait doux de me charger au moins pour eux de son dernier soupir et de prier en voyant un regard de sœur le congédier de l’échafaud et le suivre au ciel ; que la Providence était grande, qu’elle se servait des plus vils et des plus faibles instruments pour faire des miracles de sa bonté ; que je l’avais bien vu dans notre Bible, dont ma tante nous disait le dimanche des histoires ; que Joseph dans son puits avait bien été sauvé par la compassion du plus jeune de ses frères ; que Daniel dans sa fosse avait bien été épargné par les lions, enfin tant d’autres exemples de l’Ancien Testament ; que j’étais décidée à ne pas abandonner, sans le suivre, ce frère de mon cœur, la chair de ma chair, le regard de mes yeux, la vie de ma vie ; qu’il fallait me laisser suivre ma résolution, bonne ou mauvaise, comme on laisse suivre la pente à la pierre détachée par le pas des chevreaux, qui roule par son poids du haut de la montagne, quand même elle doit se briser en bas ; que toutes leurs larmes, tous leurs baisers, toutes leurs paroles n’y feraient rien, et que, si je ne me sauvais pas aujourd’hui, je me sauverais demain, et que peut-être je me sauverais alors trop tard pour assister le pauvre Hyeronimo.