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299. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

C’est un peu long, diront peut-être les délicats lecteurs de romans qui durent un an, dans les journaux… Certes ! […] De bonne heure, ce génie l’emporta sur celui de la Contemplation et de la Prière, qu’il avait aussi, et en fit le Siméon Stylite du confessionnal, qu’il ne quitta, pendant toute sa longue vie, que pour dire sa messe, faire le catéchisme, et coucher une heure sur une planche. […] Eh bien, pendant de longues années, ce mouvement fut presque européen, et il alla redoublant toujours !

300. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Peu de temps après sa mort, la Revue des Deux-Mondes lui consacra un long article. […] Mais ce n’est pas le fond de cette profonde coupe de rêveries, dans laquelle, si on la vidait, on regarderait peut-être encore, comme ce vieux enivré de roi de Thulé regardait au fond de la sienne, en l’emplissant de ses longues larmes avant de la jeter dans la mer ! […] S’il a parfois, comme les rivages qui ont des anses et les forêts qui ont des clairières, de petits coins de descriptions bornées qui ravissent les contemplateurs au microscope comme Sainte-Beuve, il n’en est pas moins vrai qu’il est particulièrement le poète du mystérieux et de l’immense ; quand, au contraire, André Chénier, le graveur sur onyx avec un poinçon d’or, le faiseur de camées en deux vers et qui en incruste ses plus longues pièces, cet artiste puissamment fin, qui fait tenir tout un combat de Lapithes et de Centaures ou tout un univers émergeant des ondes sur une facette de saphir, est le poète de la ligne ramassée et du contour, cette borne de l’âme à laquelle, pour l’en consoler, Dieu, et l’Art qui répète Dieu, ont donné cette forme divine du contour !

301. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

pour rouler, comme le vent roule une feuille, ce rêve qui tient en quatre mots, sans l’abandonner jamais et en le renouvelant toujours, le long d’un volume tout entier, une vigueur de projection et de propulsion peu communes. […] C’est l’enthousiasme, le Dieu en nous, comme traduisait madame Staël ; c’est l’enthousiasme, cet élargisseur des poitrines et des cœurs, qui donne aux poètes cette longue haleine et cette force d’enlever leurs vers comme sur des ailes, en plein ciel, en plein air, en pleine étendue, et, quoiqu’il se perde ici dans la chimère, l’auteur du Poème humain en a le foyer. […] IV Ces qualités, je les ai dites sans presque les montrer ; car les beautés du Poème humain, réelles et nombreuses, ne sont guères citables, par le fait de l’ampleur de leurs développements et de ce long souffle qui les emporte tellement d’ensemble qu’on ne peut pas plus les détacher que les planches unies du vaisseau qui cingle au fil d’un flot puissant et qui monte toujours !

302. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

mais, pour nous secourir, Est-ce ainsi qu’à nos yeux Hector devoit s’offrir, Quand à ses longs travaux Troie entière succombe ! […] » Hector ne répond point ; mais du fond de son âme, Tirant un long soupir : « Fuis les Grecs et la flamme, Fils de Vénus, dit-il, le destin t’a vaincu ; Fuis, hâte-toi, Priam et Pergame ont vécu.

303. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

c’était là que les Grecs apprenaient à vaincre les Perses ; là ils apprenaient à mesurer le danger, à le prévoir, à user tour à tour de force ou d’adresse, à terrasser, à se relever, à lancer des poids énormes, à franchir des barrières, à parcourir rapidement de vastes espaces, à supporter les impressions de l’air, l’ardeur du soleil, les longs travaux, à voir couler leur sueur avec leur sang ; enfin à préférer la fatigue à la mollesse, et l’honneur à la vie. […] On n’ignore pas que toutes les odes de Pindare sont des éloges de ce genre, et je m’y arrêterai peu ; leur impétuosité, leurs écarts, leur désordre, et surtout les longs détours par lesquels il passe pour trouver ou fuir son sujet, tout cela est connu ; il semble que Pindare a peur de rencontrer ses héros, et qu’il les chante, à condition de n’en point parler.

304. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Cette prophétie était trop motivée par le sort d’une enfant livrée, pendant une longue minorité, aux dissensions d’un petit royaume, déchiré par les factions des grands seigneurs et du clergé, et convoité par un voisin aussi puissant que l’Angleterre. […] Le roi mourant avait, après de longues hésitations, adopté le parti catholique et proscrit le parti puritain. […] Un crespe long, subtil et délié, Ply contre ply retors et replié, Habit de deuil, vous sert de couverture Depuis le chef jusques à la ceinture, Qui s’enfle ainsi qu’un voile, quand le vent Souffle la barque et la cingle en avant. […] « Il y avait dans le Lothian, province de la montagneuse Écosse, dit l’historien que nous citons, un lieu solitaire où Knox passait chaque jour de longues heures. […] Les comtes de Bothwell et de Huntly se laissèrent glisser le long d’un pilier dans les jardins.

305. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Je prie Dieu qu’il me mette remède, ce sera quand il luy plaira, et qu’il vous donne santé et longue vie. […] Sa vie entière, pendant sa captivité, ne fut qu’une longue conjuration. […] Élisabeth, après de longues et sérieuses hésitations devant son conseil, nomma enfin trente-six juges pour aller entendre Marie Stuart et pour faire leur rapport au conseil. […] Son manteau, doublé de martre zibeline, était de satin à boutons de perles et à longue queue. […] Deux rosaires étaient suspendus à sa ceinture, et un long voile de dentelle blanche, qui adoucissait un peu son costume de veuve et de condamnée, l’enveloppait.

306. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Quelquefois un long cortège de Turcs, d’Arabes, d’Arméniens, de Juifs accompagnaient le mort et défilaient en chantant entre les troncs d’oliviers, puis rentraient à pas lents et silencieusement dans la ville ; plus souvent les morts étaient seuls, et quand les deux esclaves avaient creusé de quelques palmes le sable ou la terre de la colline et couché le pestiféré dans son dernier lit, ils s’asseyaient sur le tertre même qu’ils venaient d’élever, se partageaient les vêtements du mort, et allumant leurs longues pipes, ils fumaient en silence et regardaient la fumée de leurs chibouks monter en légère colonne bleue et se perdre gracieusement dans l’air limpide, vif et transparent de ces journées d’automne. […] Mes Arabes avaient donné l’orge dans le sac de poil de chèvre à mes chevaux attachés çà et là autour de ma tente ; les pieds enchaînés à des anneaux de fer, ces beaux et doux animaux étaient immobiles ; leur tête penchée et ombragée par leur longue crinière éparse, leur poil gris luisant et fumant sous les rayons d’un soleil de plomb. […] À la fin d’une journée de route pénible et longue, à l’horizon encore éloigné devant nous sur les derniers degrés des montagnes noires de l’Anti-Liban, un groupe immense de ruines jaunes, dorées par le soleil couchant, se détachaient de l’ombre des montagnes et répercutaient les rayons du soir ! […] Un seul de ces moellons de Balbek avait soixante-deux pieds de long sur vingt-quatre pieds de largeur, et seize pieds d’épaisseur. […] Elle ne sera plus épique ; l’homme a trop vécu, trop réfléchi pour se laisser amuser, intéresser par les longs écrits de l’épopée, et l’expérience a détruit sa foi aux merveilles dont le poème épique enchantait sa crédulité ; elle ne sera plus dramatique ; parce que la scène de la vie réelle a, dans nos temps de liberté et d’action politique, un intérêt plus pressant, plus réel et plus intime que la scène du théâtre ; parce que les classes élevées de la société ne vont plus au théâtre pour être émues, mais pour juger ; parce que la société est devenue critique de naïve qu’elle était.

307. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Ses cheveux de vierge flottent en longues boucles ; une peau de faon tachetée, emblème du ciel étoilé, glisse sur sa nudité juvénile ; ses pieds sont chaussés de splendides cothurnes. […] Mais voilà que ses chaînes de branches tombent d’elles-mêmes, et le captif souriait « de ses longs yeux bleus ». […] Une vigne s’abat du haut des voiles, chargée de fruits mûrs ; une treille se recourbe sur le gouvernail ; un lierre gigantesque grimpe au mât comme au tronc d’un chêne, et un dragon volant s’enroule autour de son long feston. […] Au fort des mêlées, il chasse les guerriers qui l’assaillent, comme les moustiques de leurs jungles, en les éventant d’une longue fleur. […] Il n’en peut plus, comme un vieux roi, au bout d’un règne trop long et trop agité.

308. (1876) Romanciers contemporains

On a dit que ces descriptions sont trop longues. […] De longues caravanes de bisons traversaient la plaine silencieuse. […] Non, et par de longues pages je n’y réussirais pas mieux. […] Zola s’est abandonné à de trop longues descriptions. […] Vincent marmotta une longue phrase latine dans laquelle il se perdit.

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