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1817. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Dallainval a réduit à une trentaine de lignes le rôle de Damis, le brave garçon qui aime Benjamine et qui lui pardonne après que le marquis de Moncade s’est démasqué. […] Jamais on n’a vu les très grands, les très saints on les très bons, ceux qui ont eu souci du monde entier, réduire, fût-ce un instant, leur vie intellectuelle et morale au désir et à la poursuite d’une forme féminine accidentelle, de la couleur spéciale d’une paire d’yeux ou de la petite ligne d’une bouche. […] L’optimisme de Greuze, de Florian, de Berquin, de Bouilly, de Legouvé père et fils ; la conviction que l’homme est une créature naturellement délicieuse ; l’optimisme des hommes de 48, la vision de l’ouvrier à belle barbe, de l’ouvrier pensif et doux, et du bourgeron frère de la redingote ; l’optimisme des gens qui, par profession, s’occupent d’enseignement public, visitent des écoles et rédigent des rapports sur les progrès de l’instruction ; enfin, un optimisme particulier, cet optimisme littéraire qui consiste à croire que des lignes de douze syllabes rimant ensemble sont nécessairement de la poésie… voilà l’audacieuse et paradoxale inspiration de ce petit drame innocent, très élégant d’ailleurs et très aimable.

1818. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

. — Dans le livre des Snobs, voyez la dernière ligne : « Fun is good, truth is still better, and love best of all. » 1356.

1819. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Quand une fois elle a disposé dans la chambre obscure de son cerveau rétréci, l’héroïne qu’elle doit représenter, elle reste jusqu’à la fin dévouée et fidèle à cette image qu’elle s’est tracée, et quoi qu’il arrive, elle n’ira jamais plus loin que cette ligne où son imagination s’est arrêtée en son travail ; — telle qu’on la voit le premier jour, telle elle sera cent jours après. […] au moment où j’écris ces lignes, où le nom du docteur Blanche apparaît pour la première fois dans mon livre, voici qu’il meurt à son tour, ce galant homme, et puisque nous sommes à causer des choses et des hommes du théâtre, il ne faut pas que nous le laissions partir de ce bas monde, et sans lui rendre les honneurs mérités. […] D’un poème épique, il a fait, bien souvent, un conte pour le Journal des Enfants ; d’un discours-ministre, il a tiré, plus d’une fois, vingt lignes de bonne politique.

1820. (1895) Hommes et livres

On songe aux premières lignes de Gil Blas, quand il nous conte son départ de la maison paternelle : ironie à part, c’est la même réalité familière, la même abondance de menus et précis détails : Le dimanche 9 octobre (1552) mon père m’enveloppa deux chemises et quelques mouchoirs dans une toile cirée ; il me remit, pour le voyage, quatre couronnes d’or, qu’il eut la précaution de coudre dans mon pourpoint, et trois couronnes en monnaie. […] Jamais, je crois, le principe de l’héroïsme cornélien et de l’admiration que malgré tout il inspire, n’a été mieux mis à découvert que dans ces dernières lignes.

1821. (1927) André Gide pp. 8-126

Aussi ne prétend-il exorciser que d’autres spectres, et d’abord celui de l’ennui. « On peut tromper, écrit-il, quelques généreux adolescents sur la qualité d’un ouvrage de grande littérature ; on peut accréditer cette opinion que l’ennui est la marque du sérieux… La crainte de commettre une injustice peut nous faire accepter les inventions des claudéliens…, etc. » Le plaisant est que ces lignes aient paru dans le Mercure de France, dont les auteurs sont fort semblables en général à ceux de la Nouvelle revue française et parfois les mêmes : Gide et Claudel notamment ont des œuvres éditées dans l’une et l’autre maison.

1822. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Oubliez donc les contours, ils ne sont que des lignes ; le corps n’est ici que pour traduire l’esprit1099.

1823. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Vers le matin, il commence sa toilette, qu’il interrompt à chaque minute pour corriger une ligne, modifier une expression, ajouter une idée qui doit assurer le succès de son entreprise.

1824. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Index général des noms cités dans les neuf volumes »

Ligne (Le prince de), I, 295.

1825. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Mêlée à celle de nos pères les barbares, elle sut raffiner, assouplir et pour ainsi dire spiritualiser ces idiomes grossiers qui sont devenus ce que nous voyons… Qu’on jette les yeux sur une mappemonde, qu’on trace la ligne où cette langue universelle se tut : là sont les bornes de la civilisation et de la fraternité européennes… Le signe européen, c’est la langue latine. » [Joseph de Maistre, Du Pape.]

1826. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il l’avait connue à quarante-cinq ans, et elle était devenue son amie, — comme ils disaient au xviiie  siècle, avec une pudeur sentimentale des plus comiques dans la bouche de ces impudiques, qui concubinaient tous régulièrement sur toute la ligne comme on n’avait peut-être jamais concubiné.

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