. — Liberté, drame en trois parties. — Le Lundi de la Pentecôte, comédie en un acte (1898). — Chacun cherche son trésor, comédie en trois actes, en vers et en prose, musique de Lucien Michelot (1899). — Le Théâtre du Peuple, renaissance et destinée du théâtre populaire (1899). — L’Exil d’Aristide, conte (1899). — Le Chemin du repos, poèmes (1890-1900) [1900]. […] Cette année, l’auditoire de plus de trois mille personnes a applaudi un drame : Liberté, drame social se personnifiant dans un drame intime.
» je répondrai sans hésitation : Je réclame pour le poète la liberté la plus illimitée. […] Réclamer pour le poète autre chose que la liberté infinie, discuter pour savoir s’il a droit à telle ou telle « licence », c’est folie ! […] Aussi est-ce avec une entière confiance qu’il faut réclamer la liberté illimitée. […] Fouillée dans ses belles études sur la liberté idée-force nous a permis de le concevoir, celui de la plus grande liberté humaine. […] C’est en ce sens qu’il faut entendre l’affirmation de sa liberté.
Il peut sembler qu’il y ait contradiction entre sa théologie et sa morale : n’est-ce pas la liberté qui fonde la bonne vie et rend la vertu possible ? […] Au reste c’est l’éternelle antinomie : l’exercice de la vertu suppose l’homme libre, et les doctrines qui marquent le plus haut degré de l’effort moral dans la vie de l’humanité, stoïcisme, calvinisme, jansénisme, sont celles qui théoriquement suppriment la liberté. […] Si on lui dénie l’excuse qu’on accorde au zèle des catholiques, et qu’on estime la cruauté d’un Réformateur plus condamnable comme démentant ses principes, on devra considérer que Calvin n’est pas venu apporter la liberté, mais la vérité.
Dans ces lettres, en effet, l’Iphigénie mâle — et très peu mâle — de la Liberté italienne, et qu’on n’égorgea pas plus que l’autre Iphigénie, confesse ingénument, à vingt places différentes, qu’après tout elle n’était pas d’une si virginale innocence, et que le Calchas de l’Autriche ne fut pas un si grand bourreau ! […] Après la Marseillaise de la liberté, son livre était, comme l’a dit Brucker, « la Marseillaise de la miséricorde », et on comptait certainement sur celle-là pour faire lever les Révolutions de l’Avenir ! […] Les uns l’ont donnée pour cruelle parce que, comme tous les gouvernements qui veulent vivre, elle a privé de leur liberté les gens qui s’en servaient contre elle ; les autres l’ont appelée généreuse et se sont même servi de l’histoire de Silvio Pellico pour le prouver ; mais quelle discussion est maintenant possible devant des aveux aussi calmes, aussi pourpensés, aussi nuancés que ceux-ci ?
Dans ces lettres, en effet, l’Iphigénie mâle, — et très peu mâle, — de la Liberté italienne, et qu’on n’égorgea pas plus que l’autre Iphigénie, confesse ingénument, à vingt places différentes, qu’après tout, elle n’était pas d’une si virginale innocence, et que le Calchas de l’Autriche ne fut pas un si grand bourreau ! […] Après la Marseillaise de la liberté, son livre était, comme l’a dit Brucker, « la Marseillaise de la miséricorde », et on comptait certainement sur celle-là pour faire lever les Révolutions de l’Avenir ! […] On a bien discuté l’Autriche : les uns l’ont donnée pour cruelle parce que, comme tous les gouvernements qui veulent vivre, elle a privé de leur liberté les gens qui s’en servaient contre elle ; les autres l’ont appelée généreuse et se sont même servi de l’histoire de Silvio Pellico pour le prouver, mais quelle discussion est maintenant possible devant des aveux aussi calmes, aussi pourpensés, aussi nuancés que ceux-ci ?
Pourquoi donc n’essaierait-on pas d’adapter à notre époque une institution de liberté, mais de liberté organisée, qui se recommande aux hommes de sens jusque par sa ruine ; car elle est due à l’esprit faux des économistes ? […] On aura remplacé des réunions anarchiques où le peuple s’occupe d’idées qu’il n’entend pas, par des réunions d’ordre et de liberté où il s’occupera de ses intérêts, qu’il entend très bien.
En effet, après celles qui furent jugées suffisantes pour assurer la liberté et l’égalité civile103, les lois consulaires relatives au droit privé furent peu nombreuses, si même il en exista. […] Mais lorsqu’ensuite se formèrent les monarchies modernes, lorsque reparut dans plusieurs cités la liberté populaire, le droit romain compris dans les livres de Justinien fut reçu généralement, en sorte que Grotius affirme que c’est un droit naturel des gens pour les Européens. […] De crainte d’éveiller la jalousie du peuple en lui enlevant le privilège nominal de l’empire, imperium, il prit le titre de la puissance tribunitienne, potestas tribunitia, se déclarant ainsi le protecteur de la liberté romaine.
D’un autre côté, l’avènement de la reine Anne, à l’exclusion du prétendant, paraissait à la ferme sagesse des Whigs la conséquence légitime de la révolution et une garantie suffisante des libertés publiques. […] C’est aux destinées de ce parti qui, maître des dernières années de la reine Anne, se jetant entre l’Europe et la France, permit à Louis XIV de mourir en paix, et qui, se laissant entraîner du côté où il penchait, faillit rappeler les Stuarts, c’est aux luttes ardentes de ce parti contre les défenseurs de la liberté religieuse et contre les promoteurs ambitieux de la liberté politique qu’est demeuré attaché le grand nom de Jonathan Swift. […] En 1700, il s’y établit et jouit pour la première fois d’une certaine aisance et de la liberté. […] S’élevant enfin contre la discipline des partis, si contraire à la liberté de la raison, il engage les membres du Parlement dissous à s’en affranchir et à regagner la faveur de leurs commettants, irrités au plus haut point contre la Chambre, inquiets de ses empiétements, et indignés de voir un roi, qui a rendu de si grands services au pays, despotiquement opprimé par tes-infidèles représentants de la nation. […] Wood peut offrir sa monnaie, et nous avons pour la refuser, la loi, la raison, la liberté et la nécessité.
La liberté ne serait-elle autre chose que la conscience de l’état de l’âme tel que nous désirons qu’il soitw, état qui dépend en réalité de la disposition du corps sur laquelle nous ne pouvons rien, en sorte que lorsque nous sommes comme nous voulons, nous imaginons que notre âme, par son activité, produit d’elle-même les affections auxquelles elle se complaît. […] Même là où il est sur son terrain et dans sa voie, il a peine à s’en bien démêler ; il entreprend plus d’un écrit philosophique ou politique avec le sentiment qu’il n’en finira jamais : Je fais un écrit politique (sur L’Ordre et la liberté, en 1818) comme Pénélope faisait sa toile. […] Si Maine de Biran avait été plus ferme et d’une trempe d’esprit plus résistante, il semble qu’étant arrivé à la conviction du point d’appui intérieur, de l’âme et de la force vive, de la cause efficace qui domine tout l’être (ce qui est sa seule originalité de penseur, si c’en est une), il se serait établi dans une sorte de stoïcisme élevé, tranquille ; il aurait cru à la liberté humaine, au devoir, au choix éclairé qu’on en fait, et à la satisfaction sentie qui en est la récompense. […] Il trouve sa liberté de vouloir absente ou insuffisante ; il ne trouve nulle part le repos, pas même en soi ; non seulement l’homme extérieur en lui contrarie l’homme intérieur, mais du fond de l’homme intérieur il sent ressortir des contradictions dont il n’est pas maître : « Quel sera le terme de ces contradictions ? […] La liberté ne serait-elle autre chose que la conscience d’un état de l’âme tel que nous désirons qu’il soit x.
C’était, nous l’avons dit, cette satire effrénée d’Archiloque, ce dithyrambe de la haine, qui souvent portait une sorte d’enthousiasme dans les passions mauvaises, l’orgueil, la convoitise, l’envie ; pouvoir odieux, mais plus faible que la liberté, le talent et la vertu réunis. […] C’est, je crois, un des plus beaux traits qu’il soit possible d’enlever à cette sublime poésie, et de rendre sensible et vivant pour nous, en le détachant de l’ode sur la victoire athlétique de Cléandre, enfant d’Égine, la cité favorite de Pindare, parmi les glorieux confédérés de la liberté grecque. […] Mais, avec la liberté, ces maux-là même, les mortels peuvent les a adoucir. […] Quelle explication de sa victoire dans l’idée que ses ennemis mêmes ont de sa liberté ! […] Ce jour-là, dans les fêtes d’Athènes, le génie de la liberté et de la poésie jetait, un siècle d’avance, les fondements de la grandeur d’Alexandre et commençait la conquête de l’Orient.