Plus noble encore, plus détaché, planant plus haut, je ne suis pas assez misanthrope moi-même pour prétendre qu’il fût tout à fait faux ; mais il sortirait, non seulement de cette moyenne de l’humanité que peignent les moralistes et que reconnaît le lecteur, mais même des parties les plus élevées de cette moyenne ; et il deviendrait un personnage qu’il n’est pas intéressant et qu’il n’est pas instructif de peindre. […] Dès qu’Alceste a une affaire d’honneur, il « ne le quitte pas », s’attache à lui pour lui rendre tous les bons offices qu’il pourra, le suit au tribunal des maréchaux, et le lecteur voit bien que ce on qui a, très difficilement, arrangé l’affaire, tiré d’Alceste quelques déclarations à la rigueur acceptables, et fait s’embrasser les antagonistes, c’est Philinte lui-même. […] Ils sont forcés, quand ils ont conçu un personnage délicat, distingué, original, de combattre fortement dans l’esprit du lecteur la tendance que le lecteur a toujours de ramener ce personnage à un des types consacrés, courants, communs et grossiers qu’il connaît ; ils sont forcés d’écarter le lecteur de l’idée du type traditionnel que ce personnage lui rappellera certainement.
Et l’homme qui l’applique à ce qu’il a observé me fait l’effet d’un père, qui, par vanité, fait promener son fils dans des habits trop larges pour son âge. » Un autre observa : « Toutes ces considérations, où se complaît un auteur, me semblent superflues pour cette seule raison que l’auditoire a d’ordinaire plus d’esprit que l’orateur, et que le public des lecteurs vaut mieux que l’écrivain. […] Par l’énergie simple et l’intégrité de son langage il empoigne le lecteur et le contraint à comprendre ce que Poil-de-Carotte ne distingue encore que vaguement. […] Lorsqu’il posait devant le public un de ses pirates solitaires dans un accès de mélancolie, comme il vous en arrive dans tous les métiers honnêtes, chaque lecteur faisait l’entendu. […] Il lui paraît complètement inutile de se rappeler ou de rappeler au lecteur pourquoi l’enfant se trouvait là pleurant sous l’œil des barbares ; mais d’autre part son esprit d’exactitude rappelle à son regard que c’était contre le poteau de gauche qu’il s’appuyait, sous le hangar, au fond de la cour des petits. […] Mais c’est cette indécision justement qui rend son livre vraiment humain ; il fait appel à nous, lecteurs, à notre cœur et à notre aide, dont il a besoin, et le brouillard où elles aiment à se perdre nous invite à attirer plus près de nous les belles choses qu’il nous montre.
Cela blesse étrangement l’oreille du lecteur, & l’on ne conçoit pas comment on ne s’apperçoit pas en écrivant d’un pareil défaut… Il n’y a parmi nos écrivains que l’abbé Guidi, auteur de plusieurs ouvrages, qui ait su éviter une pareille dissonance. […] Cela favorise la paresse de l’auteur, & soulage l’attention du lecteur. […] On convint que réellement il arrivoit quelquefois que le mercure louoit un livre que le journal de Paris déprisoit, & ainsi du reste, & nous observâmes à ce sujet, que sur les premiers principes de la littérature, il n’y avoit pas deux manieres différentes de juger, mais que les ouvrages se présentoient aux lecteurs sous différens aspects, & qu’il en étoit des livres comme des fleurs, dont l’une plaisoit plus, l’autre moins ; de sorte que les gens d’imagination aiment les saillies, pendant que les personnes flegmatiques les ont en aversion. […] Chacun veut être auteur ou lecteur : le cocher même lit sur son siege les ouvrages du jour ; & tout personnage, jusqu’aux domestiques, jusqu’aux porteurs d’eau, se mêlent de raisonner.
Avant-propos Les cinq essais rassemblés ici se répartissent en deux groupes que le lecteur eût facilement distingués de lui-même. […] Pour la commodité du lecteur, il a semblé à propos de joindre à cette introduction le texte même du court et charmant ouvrage qui en est l’objet. […] Elles sont oubliées cependant, — sauf les plus récentes, — ou le souvenir n’en est conservé que dans les livres et n’émeut que les lecteurs français, il en est tout autrement de celle du 15 août 778. […] Dans l’été de 1900, mon ami Gaston Deschamps, — qui n’est pas romaniste de profession, mais dont la curiosité alerte est universelle, — s’y rendait de Saint-Jean-Pied-de-Port, et communiquait ses impressions aux lecteurs du Temps : il reçut à cette occasion et imprima toute une série de lettres qui prouvaient l’intérêt soulevé par les questions effleurées dans son article17.
Si l’on néglige les accidents — quoique mémorables — ce principe est demeuré très puissant et si bien compris, à mesure que l’instruction se répand, qu’il suffit à un critique de le faire intervenir pour qu’un lecteur honteux rejette l’œuvre nouvelle qui le rafraîchissait. […] L’insuffisance de la documentation dans un roman didactique ou historique est donc une des conditions de l’exécution même du roman et, d’autre part, ce qu’on y perd de science ou d’histoire, l’art peut le compenser si bien que le lecteur le plus exigeant s’y trouve satisfait ; c’est ce qui arriva pour Là-bas, où il y a des chapitres admirables, supérieurs par la puissance de l’incantation verbale aux pages trop déclamatoires de la Sorcière. […] En somme, la symbolique, au cours de ces longues, un peu trop longues pages, est traitée d’une façon satisfaisante et avec une érudition bien faite pour éblouir le lecteur dévot aussi bien que l’indifférent. […] Je vois bien, d’après les petits bonshommes gradués comme des fioles d’officine (dont le démonstrateur éclaire libéralement l’intellect de ses nombreux lecteurs), je vois bien, dis-je, que le français est aujourd’hui serré d’assez près par le japonais et que, bien au-dessus de la française, la fiole russe dresse sa capsule noire ; je vois bien les rapports arithmétiques qu’il y a entre les chiffres 85, 58 et 40, — mais c’est tout, car il s’agit des langues humaines, c’est-à-dire de pensée, d’art, de poésie, et non pas de sucre, de poivre ou de café.
Il a pratiqué d’avance la méthode de Condillac, remontant dès l’abord au fait primordial, tout palpable et sensible, pour suivre de degré en degré la filiation et le parentage des idées dont il est la souche, en sorte que le lecteur, conduit de chiffre en chiffre, peut à chaque moment justifier l’exactitude de son opération et vérifier la valeur de ses produits. […] Le lecteur se réjouit intérieurement quand il entend un témoin oculaire conter des détails intimes sur de si grands personnages. […] Je prie le lecteur d’aller lire lui-même les stratagèmes délicats de Worthy, de Mirabell et des autres.
La réaction Le lecteur sera peut-être étonné que nous ayons commencé notre chapitre sur le traditionalisme par un exposé qui concernait son contraire, cet antitraditionalisme, ce mouvement vers la gauche, ce sinistrisme immanent de la vie politique française. […] Milice cléricale, et plus d’un lecteur de gauche reniflera, à ce mot, une odeur de poudre. […] La génération des fondateurs de la République, Gambetta, Challemel-Lacour, Brisson, Pelletan, sera une génération de lecteurs de Michelet.
Je prie le lecteur de lire entre cent autres les sermons du docteur Arnold devant ses élèves de Rugby.
Que nos lecteurs nous pardonnent ; nous touchons aux meilleures pages du cœur et du génie de M. de Chateaubriand.
En 1589, il écrivit sa première pièce Periclès, qui frappa quelques lecteurs ; en 1597 il écrivit Roméo et Juliette, copie exacte d’un libretto italien, solennisé et éternisé par une touchante et sublime déclamation de Shakespeare.