Ses meilleurs endroits sont toujours les ébauches faciles, assez gracieuses dans leur facilité, d’un homme qui, peut-être, sera un artiste demain… En parcourant ces pages incorrectes et lâchées, et ces vers dans lesquels l’émotion ne peut sauver le langage, on a senti que cette langue de poète avait le filet… On ne le lui coupa pas et jamais il ne se l’arracha… Dans ses Nuits d’hiver comme dans sa Vie de Bohême, il n’a pas plus d’inspiration personnelle qu’il n’a de style à lui.
Pour complaire au plus beau visage Qu’amour puisse jamais former, S’il ne faut qu’un doux langage, Qu’on est sot de ne pas aimer !
Si l'expression de la sensibilité inépuisable de son cœur paroît quelquefois emprunter le langage de l'esprit, ce n'est que pour produire de ces traits fins & délicats, fruit d'une imagination tendre & vive, & rendus dans un style qui peint & anime tout.
J’entends, par la fin d’un pays, son passage sans réaction sous une domination étrangère, et le renoncement à son langage. […] Le romantisme ne consiste pas dans une certaine impétuosité, intermittente ou chronique, du langage. […] Certaines prétendues observations sur la formation du langage chez l’enfant sont des modèles de débilité mentale. […] Celui des localisations cérébrales et notamment de la localisation du langage articulé au pied de la troisième frontale gauche. […] J’ai entendu la phrase, je ne l’invente pas : « Seuls les calotins pourraient nier, aujourd’hui, la circonvolution du langage !
Ovide nous charme dans celles de ses élegies où il n’a pas substitué son esprit au langage de la nature.
D’abord elle semble ne point le reconnaître, mais par la douceur de sa voix, par l’éloquence de son langage, il la conquiert, et elle l’embrasse, en présence de l’armée et déclare qu’il est son fils. […] Le dessinateur systématise et accentue, choisit et rejette, et l’œuvre décorative offre le même rapport avec la reproduction naturaliste que le langage du drame imaginatif avec le langage de la vie réelle. […] Whistler, pour telle ou telle raison, employait constamment le langage des petits Prophètes. […] Vous avez emprunté à la France jusqu’au langage de vos statuts, mais les Français ne craignent pas d’imposer leur loi, et vous, vous avez peur d’appliquer la vôtre. […] On a dit de lui, et avec grande vérité, qu’il est un maître du langage, mais on peut dire avec plus de vérité encore que le langage est son maître.
Non pas qu’Einstein ait dû la commettre ; mais la distinction que vous venons de faire est de telle nature que le langage du physicien est à peine capable de l’exprimer. […] Pour la traduire en langage de physicien, il faut se placer dans ce que nous avons appelé l’hypothèse de la relativité unilatérale. Et comme ce langage s’impose, on ne s’aperçoit pas qu’on a adopté pour un moment cette hypothèse. […] Bref, il n’adoptera pas le langage de la Relativité. […] La traduction qu’il va nous donner de l’idée nouvelle en langage ancien nous fera mieux comprendre en quoi nous pouvons conserver, en quoi nous devons modifier, ce que nous avions précédemment admis.
Ce qui, à l’origine, serait aisément devenu une ode de Klopstock, nous arrive dans quelques sons du langage de Bérénice. […] Elle travaillait à s’élever, à se détacher de plus en plus, suivant son nouveau langage, des pensées des hommes du torrent ; mais elle changea moins qu’elle ne le crut. […] Après tout, sous une forme particulière, dans son langage biblique vague, mais avec un sentiment vivant et nouveau, Mme de Krüdner n’a fait autre chose qu’entrevoir à sa manière et proclamer de bonne heure, du sein de l’orage politique, cette plaie du néant de la foi, de l’indifférence et de la misère moderne, qu’avec plus ou moins d’autorité, de génie, d’illusion et de hasard, ont sondée, adoucie, aigrie, déplorée et tourmentée tour à tour ceux qui, en des sens divers, tendent au même but de la grande régénération du monde, Saint-Martin, de Maistre, Saint-Simon, Ballanche, Fourier et La Mennais. […] Il y a ici une incorrection de langage (assistant ne se prenant point dans un sens absolu) ; l’auteur de Valérie, en se faisant instrument divin et prophétesse, soignait beaucoup moins son expression.
Jouffroy disait fréquemment d’une voix pénétrée : « Tout parle, tout vit dans la nature ; la pierre elle-même, le minéral le plus informe vit d’une vie sourde, et nous parle un langage mystérieux ; et ce langage, le pâtre, dans sa solitude, l’entend, l’écoute, le sait autant et plus que le savant et le philosophe, autant que le poëte ! […] En 1823, notre philosophe écrivait dans la solitude cet article, Comment les Dogmes finissent, où éclatent la vertu et la foi frémissantes sous la persécution, où retentit dans le langage de la philosophie comme un écho sacré des catacombes. […] Si l’on examine enfin l’allure et le langage du Globe depuis qu’il devint expressément politique, c’est-à-dire sous les ministères Martignac et Polignac, on y trouve une hardiesse, une fermeté de ton qu’aucun organe de l’opposition d’alors n’a surpassées.
Si quelques esprits restés fidèles à l’ancien type historique, et justement préoccupés de précision, de choix sévère entre le nécessaire et le superflu, de beauté soutenue du langage, ont pu croire par moments qu’ils lisaient moins une histoire qu’un vaste et éloquent rapport, ils sont d’accord avec les bons juges et la foule pour admirer cette facilité, cette lumière universelle qui, de l’esprit de l’écrivain, se répand sur tous les sujets qu’il traite, cette pénétration qu’aucune difficulté ne met en défaut, cette éloquence qui, même où elle surabonde, ne sent jamais l’amplification, cette veine de français des meilleurs temps de la langue, qui court à travers les négligences et les locutions vieillissantes de la langue politique138. […] Les Récits des temps mérovingiens, ouvrage si neuf et si dramatique, trahit, dans l’auteur, le penchant à croire que tout contemporain du passé est nécessairement un témoin fidèle, que tout ce qui est en vieux langage est naïf, que tout ce qui est authentique est vrai. […] Ce qui défraye les pièces de théâtre, c’est le travers du jour, c’est le tour d’esprit du jour, c’est le langage du jour. […] Des aventures touchantes, les mœurs de la vie des champs, des paysages frais dans quelque coin de notre belle France, des villageois auxquels l’écrivain prête sa langue élégante, non comme Fontenelle a prêté la sienne à ses bergers, pour leur faire parler le beau langage de la ville, mais pour les aider à mieux rendre leurs sentiments ; le style des Confessions, avec plus d’aisance et de grâce ; le pinceau de Bernardin de Saint-Pierre retrouvé, ont rendu certaines pastorales aussi populaires que Paul et Virginie ; et de même que Paul et Virginie a plus fait pour la gloire de Bernardin de Saint-Pierre que ses Études et ses Harmonies, ainsi ces pastorales seront plus comptées à leur illustre auteur que les plus ingénieuses de ses utopies sociales.