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29. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Laissez-moi recomposer la scène et le tableau. […] quand me laisseras-tu lire seule et à ma satiété toutes ces belles aventures ! […] Il faut vous laisser ces charmants bocages et ces charmants fantômes dans l’imagination pour enchanter cette nuit vos rêves de quinze ans !  […] La lecture de Ginevra avait laissé une légère teinte de gravité douce sur le visage de la comtesse Léna, et quelques folles larmes sur le fond d’azur des yeux de Thérésina […] Si tu prends ainsi ces fantaisies de cœur, je ne te laisserai plus assister à la lecture après la sieste. — Oh !

30. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

C’est l’âge ou jamais, on en conviendra, pour l’ensemble des générations suffisamment contemporaines qui se sont longtemps laissé intituler le jeune Siècle, de prendre un dernier parti. […] Les laissera-t-on échapper et se dissiper, ce qui est en train de se faire ? […] De leur côté, enfin, il y a plutôt quelque chose qui favorise et rien qui gêne ; ils ont gardé chacun leur rang, et la place est laissée à d’autres qui tous ne sont pas venus. […] Thierry ne l’a jamais laissée oisive à la main fidèle140 qui retrace sa pensée. […] Il les faut laisser à l’orgueil des générations survenantes, qui ont encore à parcourir en leur propre nom tout le cercle des erreurs.

31. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Ses aveux là-dessus ne laissent rien à désirer : Or moy qui suis tout flame et de nuict et de jour, Qui n’haleine que feu, ne respire qu’amour, Je me laisse emporter à mes flames communes, Et cours souz divers vents de diverses fortunes. […] Regnier pense que le même feu qui anime le grand poëte échauffe aussi l’ardeur amoureuse, et il ne serait nullement fâché que, chez lui, la poésie laissât tout à l’amour. […] Sur ce terrain critique et didactique, il laisse bien loin derrière lui Boileau et le prosaïsme ordinaire de ses axiomes. […] Notre poète, cédant à des considérations de fortune et de famille, s’était laissé attacher à l’ambassade de Londres, et il passa dans cette ville l’hiver de 1782. […] Tous deux, complets en eux-mêmes et en leur lieu, nous laissent aujourd’hui quelque chose à désirer.

32. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Mais il y remonte avec d’autant plus d’ardeur qu’il les a plus longtemps laissés. […] Zola, s’il s’en doute, n’en laisse rien voir. […] Comme lui, laissons dire et, nous qui savons bien pourquoi, admirons et aimons. […] Les aînés l’ont laissé dépérir entre leurs mains paresseuses. […] Bouchor laisseront une trace.

33. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Fox n’a laissé que du talent, la faveur aveugle de son pays ; la postérité juge les hommes d’État par leurs actes et non par leurs discours. […] Il mourut bientôt après son grand rival Pitt ; il laissait une mémoire, mais il laissa peu de regrets. […] Il ne faut pas laisser ce sophisme à nos neveux. […] Au premier ordre, Murat était accouru au galop. — “Eh bien, lui dit Napoléon, nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ? […] Tout autre général que celui qui n’avait pas de juge y aurait laissé sa réputation et compromis sa tête.

34. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Baudrand, [Michel-Antoine] Abbé, né à Paris en 1633, mort dans la même ville en 1700, connu par un mauvais Dictionnaire Géographique in-folio, qui n’a pas laissé d’être utile à ceux qui en ont composé de meilleurs. […] Ne doit-on pas conclure, d’après l’inanition dans laquelle ils nous laissent, qu’ils ressemblent à ces feux errans, que le vent entraîne indifféremment de tous côtés, sans laisser aucune trace de lumiere après leur passage ? […] Les Ecrivains du Christianisme, en répandant la clarté dans l’esprit, font sentir en même temps une chaleur qui échauffe & remplit le cœur ; dans Bayle, c’est une lueur froide qui éblouit un instant les yeux, & vous laisse ensuite dans l’obscurité.

35. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Et d’autre part, M. de La Rochefoucauld, qui craint sur toutes choses de faire l’auteur, qui laisse dire de lui dans le discours en tête de son livre, « qu’il n’aurait pas moins de chagrin de savoir que ses Maximes sont devenues publiques, qu’il en eut lorsque les Mémoires qu’on lui attribue furent imprimés » ; M. de La Rochefoucauld, qui a tant médit de l’homme, va revoir lui-même son éloge pour un journal ; il va ôter juste ce qui lui en déplaît. […] M. de La Rochefoucauld laissa donc tout subsister, excepté le paragraphe moins agréable. […] Celle-ci, à ce qu’il paraît, n’y put réussir, et elle adressa de nouveau son projet d’article à La Rochefoucauld, lui avouant qu’elle a laissé ce qui lui avait été sensible, mais l’engageant à user de son article comme il lui plairait, à le brûler ou à le corriger à son gré. […] Cousin fait une allusion vague à son prédécesseur quand il parle de ce billet d’envoi de Mme de Sablé « dont on a donné, dit-il, quelques lignes. » Cet on, c’est moi-même ; et comme s’il en avait trop dit, il a l’air tout aussitôt de se repentir de cette vague et inintelligible allusion en faisant entendre qu’il va lui-même publier le billet fidèlement, comme si ma reproduction n’avait pas été absolument fidèle et comme, si elle laissait rien à désirer. […] Cousin laissent subsister tous les éloges qui sont dus à son merveilleux esprit et à son grand talent ; mais on est affranchi désormais envers lui d’une admiration par trop respectueuse.

36. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

Il est vrai que, parfois, ils y gagnent toute une valeur suggestive, que ce sont comme quelques beaux accords frappés, comme une phrase initiale donnée dont on nous laisse libre de nous figurer le développement. […] Charles Van Lerberghe laisse l’impression d’une œuvre très noble et très pure. […] Le tempérament du poète persiste sous ses multiples aspects et à travers ses manifestations les plus diverses ; son âme n’est ni violente, ni véhémente : réservée, lointaine, insaisissable presque, elle laisse cependant parvenir jusqu’à elle les émotions de la vie, qu’elle ressent intimement, mais adoucies et purifiées, et c’est avec un art parfait que le poète les exprime et les réalise avec un luxe simple de mots et d’images. […] Chacun de ces poèmes contient le si peu de choses qu’il faut « pour encourager la beauté dans une âme », et il faut se laisser mener, s’abandonner entièrement pour la joie de comprendre en toute simplicité, et de sentir profondément toute la tranquille beauté, toute la silencieuse activité de l’âme du poète.

37. (1932) Le clavecin de Diderot

Sans doute, à ce piège, ne se laissent définitivement prendre que les niais parmi les niais. […] J’ai laissé, tout simplement, me remonter un peu plus haut que la gorge, au cerveau, quoi ! […] C’est une subjective impuissance de la raison qui laisse cette détermination en cet état. […] Qui ne se laisse prendre à la glu des mythes et symboles ? […] Elle entend, à la fois, pondre tout et tous et ne rien laisser de ce qu’elle a pondu.

38. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Il ne se laisse pas congédier sur un « peut-être ». […] La défiance qu’elle a l’empêche de se laisser prendre aux entrailles. […] Cela me laisse froid. […] Laissons Dufresne, qui n’est qu’un pleutre. […] Le seul moyen qui lui restât de nous paraître plus admirable encore, c’eût été de nous laisser respirer de temps en temps et de nous laisser entendre un peu ses camarades.

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