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518. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

S’il vous répugne, au nom d’une liberté mal entendue et d’une sorte de solidarité mal comprise, de traîner ces livres en justice, au moins mettez-leur sur la couverture une marque d’infamie qui les fasse reconnaître. […] Et voyez la justice des choses : Les Rois en exil ont obtenu un grand succès, et Le Crépuscule des dieux a été à peine lu. […] Car la justice a toujours d’étranges et profondes racines dans les âmes. […] Devant les interrogations anxieuses des amis, devant cet inexprimable martyre de la mère, la police est muette, la justice est muette. La police a accompli son œuvre de ténèbres, et elle s’en lave les mains ; la justice informe.

519. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

La justice, la science, l’armée, la finance, les usages, les mœurs, la littérature, l’administration, l’histoire, etc., y ont leur chapitre, et jusqu’à notre immortelle Académie. […] Marat croyait à la justice : il demandait deux cent mille têtes. […] Justice de femme L’idée de Justice de femme, que Daniel Lesueur, un romancier en crédit près des lecteurs, vient de publier, est justement que les femmes ont souvent tort de se faire justice. […] Ceux qui douteraient de l’authenticité de ce récit pourraient retrouver le nom du bourreau en question sur les registres d’émargement du Ministère de la justice. […] Ils ne savaient pas qu’il y a, dans certaines âmes, au plus profond, une pitié grave et froide comme la justice.

520. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Un Espagnol, Tirso de Molina, veut peindre l’égarement du libertin qui se damne en comptant trop sur les délais de la justice divine : il crée d’après une vieille légende le type de don Juan, qui donne le jour présent au plaisir, pensant toujours avoir plus tard le temps de se repentir.

521. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Éphémérides poétiques, 1870-1890 » pp. 181-188

Sully Prudhomme : La Justice.

522. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

Baillet dit que Scioppius y passa les bornes d’ un correcteur de collège, & d’un exécuteur de la haute justice .

523. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Le public lorsqu’il a entre les mains autant de poesies qu’il en peut lire, rend alors trop difficilement justice à ces ouvrages excellens qui se produisent, et pendant un temps assez long, il les place à une trop grande distance des ouvrages consacrez.

524. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Pour qu’aucun enseignement ne manquât, les chefs de doctrines qui avaient conduit la révolution dans ses différentes étapes, périssaient successivement les uns par les mains des autres, et la justice de Dieu s’exerçait par l’injustice des hommes. […] Cette fermeté de cœur et d’intelligence lui permet d’émettre sur les causes, la nature, la portée de la révolution française, des appréciations dont la justesse et la justice n’ont pas été surpassées, peut-être égalées depuis. […] Dieu, par un conseil de justice et de miséricorde, la châtie ainsi dans le présent, en la réservant à l’avenir. […] Ils entraient dans les conseils de la justice de Dieu, et espéraient dans sa miséricorde ; la divinité de la religion leur paraissait plus haute, au milieu de tant d’exemples de la fragilité des choses humaines, et la vanité des idées philosophiques du dix-huitième siècle se révélait à leur esprit par leurs conséquences. […] On a vu le premier rompre, à la date de la mort du duc d’Enghien, avec le consulat, qui rompait lui-même avec la justice, l’équité, le droit des gens et le droit de l’humanité.

525. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Puisque vous vouliez absolument deux femmes pour accompagner la statue de bronze de Molière, prenez donc ces deux-là et vous ferez justice ; — en même temps vous aurez un charmant contraste : la vieille servante et l’élégante comédienne ; ce gros rire et ce fin sourire, ces deux bonnes mains, et ces deux mains si fines ; ce tablier et ces dentelles ; vous aurez, en un mot, un monument qui aura quelque bon sens, ce qui est bien rare dans tous les monuments de l’univers. […] D’autre part, on est si fort persuadé que rien ne peut atteindre ce damné Don Juan, — ni la colère des maris poussés à bout, ni l’épée des frères déshonorés, ni les larmes des femmes au désespoir, ni les prières d’un père épouvanté, qu’il faut bien que la justice divine intervienne enfin ! […] Don Juan veut, à cette heure, payer ses dettes, rétablir son crédit, apaiser son père par un faux repentir, éloigner la justice humaine, qui ne peut manquer d’intervenir, et enfin tirer un bon parti de Don Carlos, qui veut le tuer : « Le Ciel me défend ce duel. — Prenez-vous-en au ciel ! […] Don Juan, seigneur du mont et de la plaine, qui avez haute et basse justice sur vos possessions féodales, ce n’est pas, à vous, à enseigner au pauvre qu’il n’y a pas de Dieu ! […] Ainsi la justice divine a châtié, à la longue, tous les coupables !

526. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

La grande idée de justice plane sur toute cette noble harangue. […] Rappelez-vous toutes ces gloires, et que la justice guide votre arrêt !  […] Je voudrais que cet étroit justicier se lassât peu à peu de se faire justice. […] Il croit à Dieu, à l’Evangile, à la justice future ; il croit, il espère, et ne sort pas de là. […] Et telle est la justice ici-bas.

527. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

L’énergie qui n’est pas doublée de sensibilité me paraît ressembler à la brutalité, de même que la force qui n’est pas doublée de justice me paraît ressembler à l’inhumanité. […] Plût au ciel que son rêve fût une réalité et qu’il rendit en effet justice aussi bien qu’il se flatte de la rendre ! […] Il ne demande qu’à se dévouer au service des faibles et des opprimés, à faire respecter la justice, à découvrir et à soulager l’infortune. […] L’effet ordinaire du sentiment de la justice est de suspendre en nous le respect et l’amour ; Dante renverse cette loi ordinaire de notre nature. […] Plus cette lumière brille en lui, mieux il découvre les lois de l’ordre du monde entier, mieux il lit les décrets de l’éternelle justice et de l’éternel amour.

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