avec quel bonheur je me représentais sa joie en me serrant de nouveau dans ses bras ! Dans mon avant-dernière lettre, je m’adressais à lui comme s’il avait encore pu m’entendre ; je lui peignais ma joie au retour. […] Guizot lui disait un jour à la Chambre en causant : « Vous êtes pour moi un aristocrate vaincu qui accepte sa défaite. » On aurait pu dire aussi et en toute équité : « Vous êtes un aristocrate converti qui plaide la cause du vainqueur, mais qui la plaide sans joie. » Tocqueville ne se donna jamais pleine carrière, en effet ; il ne sut jamais prendre à temps son élan ; il se méfiait des autres et de lui ; raisonnable, consciencieux et prudent, dès le point de départ il enraya sa roue et prit garde de ne point se briser à la borne : il ne courait qu’en signalant le danger.
Et quelle bonne joie naïve quand il peut enfin dresser ses plans, mesurer le terrain, planter ses jalons et embaucher ses ouvriers ! […] Marianne, ne vous comparez pas à moi, je ne suis qu’un malheureux pécheur fort en peine de son salut ; vous, vous êtes une sainte, et, je vous le dis en vérité, un jour vous verrez Dieu ») ; le voyage des Aires à Lignières, par la montagne, derrière la voiture de déménagement, un humble exode et qui a pourtant je ne sais quoi parmi sa simplicité, d’auguste et de biblique ; le déjeuner du bon ermite Adon Laborie au presbytère ; le pèlerinage de Saint-Fulcran ; la joie et l’orgueil du bon vieux prêtre quand son doyen lui permet de dire la messe dans la chapelle miraculeuse…, tout cela est délicieux, d’une franche poésie, familière et pénétrante. […] Lors donc que le désir vient à quelques-uns de secouer ce joug et aussi de goûter dans toute leur étendue ces joies superbes de la domination spirituelle, ce qu’ils voient forcément au fond de leurs rêves ambitieux, c’est l’épiscopat, à moins que ce ne soit la direction de quelque ordre monastique.
Adieu à ces joies pures et douces où je me croyais près de Dieu ; adieu à mon aimable passé, adieu à ces croyances qui m’ont si doucement bercé. […] Elle m’a été une grande joie et un grand secours durant ces tristes vacances que le passe dans le plus pénible isolement qui se puisse imaginer. […] Je ne me repens de rien, et il y a à souffrir pour son devoir une joie bien supérieure à toutes celles dont on a pu faire le sacrifice.
Un soir de samedi saint, il lui était arrivé des huîtres toutes fraîches : dans sa joie il courut vers la grande-duchesse pour la convier à en manger : elle venait de se mettre au lit, harassée des exercices de dévotion de la semaine sainte, et ayant à être debout à minuit pour les matines de Pâques. […] Arrivés dans mon cabinet, un petit chien de Bologne, que j’avais, vint au-devant de nous et se mit à aboyer fortement contre le comte Horn ; mais, quand il aperçut le comte Poniatowsky, je crus que le chien allait devenir fou de joie.
Ce volume est tout entier inspiré par les douleurs de l’exil, par les joies du retour, joies si mêlées et si altérées encore.
Il y a dans l’Ensorcelée une pauvresse, ancienne fille de joie, Clotilde Mauduit : elle devient sibylline, monumentale de mystère, de dignité et d’orgueil. […] Je crois que ce qu’il y a de sincère en lui, c’est le goût de la grandeur, de la force, de l’héroïsme, et la joie de se sentir « différent » de ses contemporains.
Il parle avec horreur et naïveté de la courtisane. « Il n’y a plus de filles de joie : il y a des filles de marbre et des filles de tristesse. » De même, Michelet n’est point « féministe ». […] Et l’une de ses grandes joies a été d’apprendre, par des expériences de Bouchardat, que, contrairement au préjugé de l’Église et du moyen âge, le sang féminin dont les mouvements composent ce rythme harmonieux est un sang parfaitement pur.
De cette disposition surhumaine, Renan donne ces explications : « L’exaltation et la joie de souffrir ensemble les mettaient dans un état de quasi anesthésie. […] Ce qui ailleurs était vanité, transporté au sein d’un petit groupe d’hommes et de femmes incarcérés ensemble, devenait pieuse ivresse et joie sensible.
C’était, pour ainsi dire, la respiration même du poète suspendue ou précipitée par ses souffrances ou ses joies, c’étaient les propres battements de son cœur ralenties ou hâtées par elles, qui, spontanément, scandaient et divisaient son vers. […] Il en écoutait l’harmonie qui, volontiers, lui paraissait divine ; il en notait les avis, sans efforts, tantôt comme « le roseau qui soupire », tantôt comme le chêne qui crie dans la tempête, allant du doute à la foi, de la mélancolie à la joie, ballotté entre tous les extrêmes, sans seulement s’en apercevoir.
C’est une aussi grande joie pour moi de relire Sagesse que les Fêtes galantes, et Jadis et naguère qu’Amour ou Parallèlement. […] Il est rejeté de la douleur vers le repentir, du plaisir vers l’expiation, de la joie vers la tristesse et la contrition.