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814. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Elle n’est plus jeune. […] La Critique, — dit-elle, avec les yeux baissés d’une jeune Première d’Opéra-Comique qui regarde timidement l’ourlet de son tablier, — a eu toujours trop d’esprit avec moi (Vous êtes bien bonne, Madame). […] Il était jeune alors. […] Le jeune chevreau bondissait au Journal des Débats.

815. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Le moindre mal qui résulte, pour des âmes trop jeunes, de l’étude des œuvres romanesques, c’est l’exaspération de la sentimentalité. […] Oublions que plus d’une lectrice, jeune ou vieille, n’a d’autre critérium, pour apprécier un caractère, que celui qui consiste à se demander, si elle est jeune : « L’aimerais-je ?  […] Que les autres, ceux qui sont jeunes, attendent la leçon commune ; qu’ils vivent d’abord, qu’ils laissent de côté le roman comme une œuvre pour eux vide de sens, écrite dans une langue étrangère.

816. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

C’est Voltaire qui, lisant Athalie, s’exclamait : « On a honte de faire des vers quand on en lit de pareils. » Pareillement, et malgré l’autorité de notre aimable Marcel Prévost, qui, tout en continuant avec un dévouement dont on lui sait gré ce qu’il appelle la tradition des gentils conteurs, adresse à sa clientèle spéciale des consultations pour les maladies morales secrètes, et enseigne aux nobles lectrices du Temps, pour moitié protestantes et pour moitié israélites, les principes de la galanterie nationale et honnête, en un style troublant qui fleure le pot-au-feu au patchouli, malgré l’exemple du jeune et courageux écrivain, n’osons-nous plus tenter ces petits divertissements psychologiques pour peu que nous venions de relire ou Stendhal ou Balzac ou Tolstoï. […] Quant aux jeunes femmes, c’est autre chose ; elles se disent assidues des conférences : ne les croyez qu’à demi. […] Demain j’y retournerai. » La phrase a trop servi, et maintenant la jeune femme répond à son seigneur inquiet de ses yeux fatigués : « Je n’ai pas cessé de courir de Faguet à la Sorbonne, à du Bled chez la duchesse, et à Vanor chez Bodinier, sans trouver la nuance d’âme que je cherchais ; je recommencerai demain. » Je remercie les auditrices, loyales celles-là ou momentanément inoccupées, qui aujourd’hui sont venues en personne entendre moquer leur prétendu passe-temps favori.

817. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Les bruits qui ont circulé, de son vivant, sur ce jeune génie qui s’est déchiré à tous les plaisirs d’une jeunesse folle, comme les dentelles que les femmes accrochent et déchirent, en valsant, ces bruits ont charrié jusqu’à moi plus de choses que ce pâle récit qui n’ajoute rien à sa renommée. […] … Fatalement, l’atmosphère du temps saturée de poésie byronienne dut pénétrer jusqu’au fond de cette jeune poitrine. […] Idéal, charmant, éternellement jeune et frais, même sous les brûlures des passions qui consument, on dirait un bois de lilas foudroyé.

818. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Il ne l’a point été et il l’a sacrifiée à sa jeune sœur Rosette, belle nature de femme entretenue, la mademoiselle Bovary du livre, pour laquelle le docteur Quérard se prend d’un amour qu’il faut bien appeler incestueux. […] L’amour même, comme les auteurs semblent l’admettre un instant, l’amour virginal de Rosette pour le jeune Paul ne la purifie point, ne l’arrache point à l’abominable concubinage dans lequel elle vit avec son beau-frère. […] Par exemple, quand il introduit le jeune Paul dans sa maison et qu’il le fait vivre avec Rosette, il n’est pas seulement un être stupide, mais il devient un être impossible.

819. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

Huet, et en fait des ouvrages tout à fait originaux auprès de tant d’autres paysages maniérés, superficiels et factices ; de lui aussi on peut dire en ce sens ce que nous disions, il y a quelques jours, d’un autre jeune artiste philosophe, de M. […] La critique de la jeune école, en 1829-1830, ne s’en tenait pas seulement aux poëtes et aux littérateurs : les peintres novateurs étaient nos frères, et la lutte que nous engagions pour nous-mêmes, nous la soutenions aussi pour eux.

820. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

On reproche à notre jeune siècle d’être irrespectueux envers le passé, de ne rendre hommage qu’aux gloires modernes, et de jeter à peine quelques regards en arrière sur les hommes honorables et utiles qui ont fait sa destinée. […] Il s’indignait, non de cette indignation jeune et vive de l’aventureuse Gironde, mais de celle, bien plus triste, d’un citoyen découragé.

821. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

« J’avais pris sur mon habitation de Saint-Domingue et amené avec moi en France un jeune nègre nommé Aza, âgé de treize à quatorze ans. […] Au milieu de tant d’illusions de gloire, de patriotisme et de science si unanimement partagées alors par la jeune noblesse, mais dont plusieurs depuis se sont si bien corrigés, il n’a garde d’oublier, à côté des ballons de Montgolfier, la baguette et les baquets de Mesmer.

822. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

M. de Ségur, dont l’esprit toujours jeune semble encore sous le charme, compare cette marche triomphale de la Cléopâtre du Nord à un chapitre des Mille et une Nuits. […] Pendant que son vieux ministère se démenait jour et nuit, inépuisable à lui inventer des surprises et des fêtes, son jeune aide de camp Momonoff ne la quittait pas ; le roi Stanislas implorait d’elle une entrevue qu’elle lui accordait en courant, et l’empereur Joseph II venait en personne lui apporter des complaisances et des hommages.

823. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Madame de Scudéry était beaucoup plus jeune et a un tout autre esprit que Madeleine, sa belle-sœur. […] Entre 1630 et 1635, viennent Rotrou, Scarron, Benserade, Saint-Évremond, Charleval, Ménage, plus jeunes de quelques années que les précédents.

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