Il n’entend rien à Colbert et ne lui tient nul compte des grandes et patriotiques entreprises qu’il eut l’adresse de faire adopter au jeune roi pour l’honneur de la nation. […] [NdA] Un de mes obligeants lecteurs me rappelle ici ce qui m’avait d’abord échappé : il y a un autre passage de Rousseau, et des plus curieux, sur les mœurs de l’abbé de Saint-Pierre : c’est au livre iii de l’Émile, lorsqu’il s’agit de faire apprendre au jeune élève un métier, mais un métier honnête.
Elle émigra, en Italie d’abord, avec sa famille ; elle connut à Naples la jeune princesse qui fut depuis la duchesse d’Orléans, la reine Marie-Amélie, et y noua avec elle une véritable amitié de première jeunesse. […] Jeune, jolie, irréprochable, la comtesse de Boigne, rentrée en France, tenait avec distinction le salon de son père, et les étrangers qui visitaient Paris vers 1809 parlaient déjà d’elle comme d’une des personnes les plus sérieuses jusque dans son amabilité.
Élémir Bourges, la gloire de la plus jeune prose imprimée. […] Entre les jeunes et évidents génies, qui aura la patience du talent ?
Les jeunes aiment les ouvrages des jeunes.
Chaque fois qu’une jeune femme est présentée à Voltaire, devenu le patriarche de Ferney, il est d’usage qu’elle pâlisse, tremble, frissonne, se trouve mal en l’apercevant. […] Croit-on que les jeunes générations puissent impunément supporter une littérature qui, de parti pris, excite aux raffinements de la volupté ?
On leur montre un inconnu d’hier, jeune célébrité d’aujourd’hui : « Allons donc ! […] Que je comprends bien cette parole d’un jeune écrivain plein de sève et de fougue, qui était venu passer six mois dans un département du Midi, six mois de commerce journalier avec des gens qui ne hasardent jamais une idée sans s’être assurés qu’elle a pour elle la prescription : « Si je devais rester ici trois mois de plus, je n’aurais plus la force de produire une pensée. » C’est grâce à la centralisation — maudite et honnie — que sont possibles ces hardies innovations où se retrempent les littératures fatiguées.
Il est mort jeune ; plaignons sa mère, mais ne le plaignons pas, lui ! […] Il s’est élancé dans le séjour des bienheureux du faîte de l’existence humaine, et il restera toujours jeune et fort dans la mémoire de la postérité, comme dit Goethe, si toutefois cette postérité doit avoir pour lui une mémoire.
Il y a quelque temps, le roi Amédée abdiqua en Espagne et filait avec sa jeune femme au bras. […] Jamais la misanthropie d’Alceste, qui n’est après tout qu’une boutade de salon laquelle n’a jamais crevé le plafond, jamais celle de La Rochefoucauld, qui n’est que de l’égoïsme aux caillots biliaires dans le ventre, ni celle de La Bruyère qui n’est qu’un chagrin d’homme vieilli, faisant payer au monde le regret caché de n’être plus jeune, ni celle de Rousseau qui n’est que la révolte d’un laquais contre sa livrée, ni celle plus cruelle de Chamfort qui hachait, avec les couteaux à dessert des soupers qu’il faisait chez les grands seigneurs de son temps, la gorge d’une société assez bête pour la lui tendre, comme il se la hacha à lui-même avec son rasoir pour s’éviter l’échafaud, ni enfin aucune des misanthropies célèbres qui ont laissé leur empreinte sur notre littérature et l’ont marquée ou du sillon brûlant de la colère ou du sillon froid du mépris, n’ont l’étoffe, l’étendue, le complet, et, qu’on me permette ce mot !
Or le mépris des jeunes pour les vieux est le frein personnel et providentiel du progrès. […] Il faut que les jeunes soient convaincus de notre stupidité. […] Il manquerait quelque chose au bon ordre universel si les jeunes étaient respectueux. […] Il se trouvera, vers 1920, un jeune satirique, que nous appellerons M. […] L’un vieillissant, l’autre nul, le troisième trop jeune.
Quelles que soient les formes sous lesquelles doive se reconstituer (nous l’espérons) l’esprit religieux et chrétien dans la société, cette vertu avancée de quelques jeunes cœurs, cette foi et cette modestie, tenues en réserve, aideront puissamment au jour de l’effusion.