On peut comparer le génie et le talent de David à un miroir ; c’est avec la même fidélité, c’est avec la même impassibilité qu’ils ont reproduit, sans choix et involontairement, toutes les nuances des révolutions politiques et intellectuelles à travers lesquelles l’artiste a passé sa vie. […] Rien dans l’ordre intellectuel ou physique ne naît de rien en ce monde, et la prétention la moins fondée et la plus nuisible, quand on veut établir solidement la réputation d’un homme de mérite, est d’affirmer qu’il a inventé à lui tout seul ce qui s’est fait dans le siècle où il a vécu. […] Mais, comme il est facile de s’en convaincre en repassant dans son esprit ce qui a été dit des études, des relations et des amitiés de David pendant ses deux séjours à Rome, on voit que cet artiste a obéi à un grand mouvement intellectuel, mais qu’il ne l’a pas imprimé. […] La joie que ce grand événement causa tenait du vertige ; et l’on ne doit pas s’étonner si toutes les espérances intellectuelles et le besoin impérieux de se débarrasser de tant de tristes souvenirs, venant à se combiner avec des succès qui donnaient tout à coup tant de force et d’éclat à la patrie, jetèrent les Français dans un état voisin de la folie. […] Il fut grand surtout, comme on peut le croire, parmi les artistes et chez tous ceux qui, regardant la France comme le centre d’où devait se répandre une nouvelle science, une nouvelle vie intellectuelle, se félicitaient de voir arriver à Paris les chefs-d’œuvre d’art de la Grèce et de l’Italie.
Au milieu des confusions intellectuelles du moment, il ne vous a rien moins fallu que l’audace que vous donne votre jeunesse pour entreprendre un journal comme le vôtre. […] Si les œuvres indigènes remarquables à un titre quelconque sont aussi clairsemées chez eux qu’ailleurs, leur public littéraire est du moins assez sage pour varier sa satisfaction intellectuelle à l’infini, en accueillant avec un empressement égal tout ce qui lui arrive des quatre points cardinaux. […] En agissant différemment, vous manquez non seulement de sagesse, mais encore vous vous privez des plus douces délectations de la vie, et me forcez à appeler votre système une véritable castration intellectuelle. […] On n’avait pas encore vu tant de fracas, tant d’audaces, une personnalité s’imposer avec tant de hardiesse et de tournure : le costume, l’apparat du Cirque ont été toujours des moyens de suprématie matérielle et intellectuelle ; et il y a des gens qui verraient dans Jersey une sorte de Sainte-Hélène. […] Le culte de l’Intellectuel (sentiment spiritualiste) terrassera le culte du Beau (sentiment matérialiste) qui a couvert de son pavillon menteur cent mille fraudeurs d’art et de littérature.
Dierx écrivit ces strophes apitoyées, l’idée de réconciliation des peuples malgré les calculs des dirigeants ne s’affirmait pas encore comme de nos jours chez les intellectuels. […] Cette observation est applicable dans l’ordre intellectuel et dans l’ordre moral. […] Mallarmé, d’autre part des maladies intellectuelles que propagèrent le pessimisme, le catholicisme et le satanisme, l’évolution est encore lente. […] Nous le jugerons, selon nos tendances et nos besoins intellectuels, sans avoir cure de ménagements politiques ni d’embrigadement à la suite d’une Influence. […] Ils en font une pâte qu’ils revendent, pour un sol ou deux la livre, à la population, laquelle l’absorbe tous les matins en guise de purge intellectuelle.
Un homme d’un esprit étendu et d’une noble ambition intellectuelle, Gustave Fallot, le premier chez nous, entreprit de donner à des études jusqu’alors partielles, éparses, fragmentaires, un ensemble, une constitution scientifique, et de les mettre en rapport par l’esprit et la méthode avec les travaux des illustres linguistes d’outre-Rhin. […] En d’autres termes, ce n’est point le mélange et l’influence des Barbares qui ont causé des altérations ; ce n’est pas la décadence politique et intellectuelle de l’Empire qui a réagi sur le parler et y a introduit toutes sortes de fautes contre l’analogie ; il n’y a eu dans ce grand phénomène ni vicieuse intervention de l’étranger, ni appauvrissement graduel des sources du savoir et de la grammaire : mais les germes analytiques qu’on peut voir poindre sous la forme synthétique de l’idiome latin se sont développés.
XXII Ce caractère distingue Confucius des sophistes grecs ; un autre caractère le distingue des autres législateurs de l’Inde, de l’Égypte, de la grande Grèce et des deux Asies, c’est qu’il ne fait point intervenir le ciel et les prodiges dans l’autorité qu’il affecte sur les hommes ; il n’étale point l’inspiration surnaturelle de Zoroastre, de Pythagore, du prophète arabe, pas même le génie conseiller et un peu frauduleux de Socrate ; il ne se substitue pas aux lois absolues de la nature, il ne se proclame ni divin, ni ange, ni demi dieu ; il ne sonde le passé que par l’étude, il ne lit dans l’avenir que par la logique qui enchaîne les effets aux causes ; il se confesse homme faible, ignorant, borné comme nous ; seulement, à l’aide de cette clarté purement intellectuelle et toute humaine qui vient pour la vérité de l’intelligence et pour la morale de la conscience, il recherche le vrai et conseille le bien. […] Il déposa les six livres commentés sur un autel, puis, s’agenouillant, il remercia à haute voix le ciel et l’âme des ancêtres de lui avoir permis de restaurer et d’achever ce monument intellectuel de la religion, de la philosophie et de la politique des hommes de son temps.
Ce journal est nécessaire à certains égards, et commandé, pour ainsi dire, par les lois, parce que, quand quelqu’un est présenté à l’empereur pour être promu à un emploi, il doit être en état de répondre sur les charges qu’ont remplies son grand-père, son père et lui, sur les grâces qu’ils ont obtenues, sur les fautes qu’ils ont faites, sur la manière dont ils en ont été punis, sur la façon dont ils les ont réparées ou en ont obtenu grâce. » Tout le gouvernement est intellectuel dans un pays dont Confucius a écrit le code et spiritualisé toute la constitution. […] La littérature politique de la Chine a peu de témoignages plus frappants et plus authentiques de la nature toute intellectuelle, toute philosophique et toute littéraire de ce gouvernement.
Elle subit et elle exerce une pression ou impression universelle de toutes les choses et sur toutes les choses avec lesquelles elle est en communication par ses organes matériels, distincts, mais immergés dans l’océan des êtres appelés intellectuels. […] Ces sens sont les liens des deux mondes : le monde intellectuel et le monde matériel.
Sa vraie nature intellectuelle, son panthéisme véritablement indien, c’est-à-dire une divinisation vague de l’œuvre au lieu de l’ouvrier ; une immersion les yeux fermés, à tout risque de l’âme, dans le sein de la nature matérielle et intellectuelle, éclatent dans les monologues de Faust comme dans son dialogue avec le génie du doute et du mal.
Vous m’avez fait réellement comprendre que tout est contemporain pour celui qui comprend la notion de l’éternité ; vous m’avez expliqué Dieu avant la création de l’homme, la création intellectuelle de celui-ci, puis son union à la matière par sa chute, quand il crut se faire un destin de sa volonté. […] Voilà pourtant, me dis-je à moi-même, ce seuil qu’ont foulé tous les jours, pendant tant d’années, les pas de tant de femmes charmantes, de tant d’hommes illustres, aimables ou lettrés, dont les noms, groupés par l’histoire, formeront bientôt la gloire intellectuelle des cinq règnes sous lesquels la France a saigné, pleuré, gémi, chanté, parlé, écrit, tantôt libre, tantôt esclave, mais toujours la France, l’écho précurseur de l’Europe, le réveille-matin du monde !
Je n’ai jamais joui de l’entier exercice de mes facultés intellectuelles et créatrices, que mon cœur ne se trouvât auparavant rempli et satisfait, et que mon esprit ne se sentît appuyé, soutenu par une main estimable et chère. […] Instruite sans pédantisme, passionnée pour les arts sans nulle affectation, Louise de Stolberg semblait faite pour régner avec grâce sur l’aristocratie intellectuelle de son époque, dans les plus pures régions de la société polie.