Les recherches & les réflexions profondes y répandent également du jour & de l’intérêt.
Soucieux de conserver tout ce qu’a produit ce rare esprit, nous n’avons pas cru devoir nous laisser arrêter par les considérations qui l’auraient arrêté lui-même, et il nous a semblé que, prise isolément, chacune des études que nous présentons aujourd’hui offrait un assez haut intérêt pour honorer encore la mémoire d’Émile Hennequin et pour entretenir les regrets de ceux qui ont vu disparaître avec lui une des plus belles intelligences et l’un des plus purs talents de la jeune génération.
— Morale de l’instinct animal et de l’intérêt bien entendu. […] Le premier intérêt de l’homme sain est de s’en délivrer, d’écarter toute superstition, toute « crainte de puissances invisibles398 » Alors seulement il peut fonder une morale, démêler « la loi naturelle ». […] Il ne leur faut qu’un seul mobile, le plus simple et le plus palpable, tout grossier, presque mécanique, tout physiologique, l’inclination naturelle qui porte l’animal à fuir la douleur et à chercher le plaisir. « La douleur et le plaisir, dit Helvétius, sont les seuls ressorts de l’univers moral, et le sentiment de l’amour de soi est la seule base sur laquelle on puisse jeter les fondements d’une morale utile… Quel autre motif que l’intérêt personnel pourrait déterminer un homme à des actions généreuses ? Il lui est aussi impossible d’aimer le bien pour le bien que d’aimer le mal pour le mal404. » — « Les principes de la loi naturelle405, disent les disciples, se réduisent à un principe fondamental et unique, la conservation de soi-même. » « Se conserver, obtenir le bonheur », voilà l’instinct, le droit et le devoir. « Ô vous406, dit la nature, qui, par l’impulsion que je vous donne, tendez vers le bonheur à chaque instant de votre durée, ne résistez pas à ma loi souveraine, travaillez à votre félicité, jouissez sans crainte, soyez heureux. » Mais, pour être heureux, contribuez au bonheur des autres ; si vous voulez qu’ils vous soient utiles, soyez-leur utile ; votre intérêt bien entendu vous commande de les servir. « Depuis la naissance jusqu’à la mort, tout homme a besoin des hommes. » — « Vivez donc pour eux, afin qu’ils vivent pour vous. » — « Soyez bons, parce que la bonté enchaîne tous les cœurs ; soyez doux, parce que la douceur attire l’affection ; soyez modestes, parce que l’orgueil révolte des êtres remplis d’eux-mêmes… Soyez citoyens, parce que la patrie est nécessaire à votre sûreté et à votre bien-être. Défendez votre pays, parce que c’est lui qui vous rend heureux et renferme vos biens. » Ainsi la vertu n’est que l’égoïsme muni d’une longue-vue ; l’homme n’a d’autre raison pour bien faire que la crainte de se faire mal, et, quand il se dévoue, c’est à son intérêt.
C’était le moment où l’intérêt diplomatique du monde était reporté tout entier en Espagne, à Naples, à Turin, et où le congrès de Vérone devait bientôt appeler sur la scène des négociations toutes les cours de la Sainte-Alliance. En ce temps-là, les rois, encore tout fiers de leurs succès, reconnaissaient une cause générale des rois supérieure à toutes les causes secondaires des jalousies nationales, des rivalités d’ambition, ou d’influence des cours ; une véritable ligue politique des gouvernements légitimes subordonnait toutes ces rivalités locales à son intérêt et à une doctrine d’ensemble des monarchies. […] Canning et son salon, il y avait pour lui l’Espagne ; la liaison n’alla jamais plus loin que l’intérêt des affaires. […] Jamais l’intérêt et la grâce n’avaient été plus indissolublement pétris dans des pages scientifiques ; même quand on ne lit pas le texte, on lit le commentaire, et on emporte des images ravissantes de tous les pays qu’on a parcourus avec un tel guide. […] XXXII « Tous ces détails que j’avais recueillis sur lady Esther Stanhope excitaient de plus en plus mon intérêt ; mais j’étais fort embarrassé pour obtenir d’être admis dans sa retraite.
Le vent et la légèreté de l’âge, la mauvaise renommée de la mère emportèrent ces serments ; mais Voltaire conserva toujours le tendre souvenir de ce premier attachement, et retrouva plus tard avec un tendre intérêt mademoiselle Dunoyer mariée au baron de Winterfeld. […] Une série de tragédies écrites d’année en année avec la rapidité de l’imagination, depuis Zaïre jusqu’à Mérope, l’Orphelin de la Chine, Tancrède, ne cesse pas de rappeler, pendant soixante ans de sa vie, l’intérêt, la passion, l’admiration des siècles sur le poëte. […] La tragédie de Mahomet, ainsi conçue, n’aurait rien perdu en intérêt, elle aurait gagné en vérité, en héroïsme et en enthousiasme. […] XIV Frédéric II, l’ami de Voltaire, venait de monter du cachot au trône ; la France avait intérêt à l’attirer dans son alliance. […] XV La cour de Berlin ressemblait à celle de Denys de Sicile : un roi jeune, vainqueur, absolu, très-élevé par le génie et par l’instruction au-dessus de son peuple, aimable quand il avait intérêt à être aimé, terrible quand il fallait être craint, prince grec au milieu des Teutons demi-barbares, joignant aux élégances d’Athènes les mœurs suspectes de la Grèce, philosophe par mépris des hommes, poëte par contraste avec son rang, réunissait autour de lui une société nomade d’aventuriers d’esprit, fuyant leur patrie et cherchant fortune.
Chaque homme même se persuade vite que la patrie est en danger quand ses propres intérêts sont lésés. […] Il lui présente le devoir comme conforme à son propre intérêt, et comme la seule activité digne d’une volonté libre. […] Sous la pression des intérêts égoïstes ou de sentiments très divers notre morale dévie sans cesse, et n’échappe à une déviation que pour en subir une autre. […] Au reste, la santé physique n’excite pas non plus l’intérêt. […] Il y a peu d’années, une crise dangereuse et extrêmement intéressante a mis aux prises — pour ne rien dire des intérêts individuels, des convoitises ou des rancunes — l’esprit de justice et le respect de la chose jugée et de l’autorité en général, l’amour de la patrie et l’aspiration vers une humanité élargie et meilleure, le zèle pour la vérité quelle qu’elle fût, et le sens des conventions nécessaires, l’amour des grandes abstractions idéalisées et le souci de réalités qui imposent à la vie des concessions parfois dures.
Paul Bourget et son école, se préoccupe avant tout de la lutte entre le passé et le présent, des conflits qui surgissent entre l’idéal d’hier et celui de demain, de la bataille engagée entre les intérêts individuels et les intérêts familiaux, des vicissitudes que traverse l’idée de famille, — par la crise du mariage, par la déchéance de l’autorité paternelle, — et, enfin, des haines de classes. […] Vigoureux et neuf, ce roman offre de belles images ; l’intérêt y est entretenu par une continuelle évocation des problèmes du temps présent : celui, surtout, de savoir si la civilisation à outrance, confinant à la cruauté froide des époques barbares, aura raison de la civilisation généreuse et policée née du christianisme. […] Dans toute celle-ci, l’intérêt des luttes évoquées se concentre sur les mouvements secrets des âmes où ces luttes se livrent. Il a dès aujourd’hui une action sociale nettement définie dans le roman provincial qui, sous sa plume, conclut toujours à l’honneur de la tradition et des intérêts familiaux.
Avec une imagination vive, une ame sensible, un esprit nourri de la bonne Littérature, le talent de rendre avec intérêt ses idées, comme on en peut juger par l’Ouvrage que nous venons de citer, il eût été en état d’enrichir notre Littérature de plusieurs excellentes Productions.
S'il veut s'appliquer dans la suite à mettre plus de precision dans son style, à dégager les événemens de certains détails superflus qui refroidissent la narration & affoiblissent l'intérêt principal, nous lui promettons du succès, même pour des Ouvrages d'un genre supérieur.
Daniel Lantrac nous donne, sous le joli titre de : L’Imagier du soir et de l’ombre, de courtes pages qui éveillent singulièrement l’intérêt.