Parlant des auteurs de mémoires personnels, il a un morceau très vif contre Jean-Jacques Rousseau et Les Confessions, qu’il estime un livre dangereux et funeste : S’il existait, s’écrie-t-il, un livre où un homme regardé comme vertueux, et presque érigé en patron de secte, se fût peint comme très malheureux ; si cet homme, confessant sa vie, citait de lui un grand nombre de traits d’avilissement, d’infidélité, d’ingratitude ; s’il nous donnait de lui l’idée d’un caractère chagrin, orgueilleux, jaloux ; si, non content de révéler ses fautes qui lui appartiennent, il révélait celles d’autrui qui ne lui appartiennent pas ; si cet homme, doué d’ailleurs de talent comme orateur et comme écrivain, avait acquis une autorité comme philosophe ; s’il n’avait usé de l’un et de l’autre que pour prêcher l’ignorance et ramener l’homme à l’état de brute, et si une secte renouvelée d’Omar ou du Vieux de la Montagne se fût saisie de son nom pour appuyer son nouveau Coran et jeter un manteau de vertu sur la personne du crime, peut-être serait-il difficile, dans cette trop véridique histoire, de trouver un coin d’utilité… Volney, en parlant de la sorte, obéissait à ses premières impressions contre Rousseau, prises dans le monde de d’Holbach ; il parlait aussi avec la conviction d’un homme qui venait de voir l’abus que des fanatiques avaient fait du nom et des doctrines de Rousseau pendant la Révolution, et tout récemment pendant la Terreur. […] I, p. 302) une de ces impressions de lecture comme je les aime et qui ont pour moi du prix : Je viens de lire le nouvel ouvrage de Volney (Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique). […] Ce que je viens de dire doit faire supposer que l’impression de ses œuvres est soignée, que le choix du papier et des caractères n’a point été l’affaire d’un instant.
Un ouvrage satirique ou qui contient des faits, qui est donné en feuilles sous le manteau aux conditions d’être rendu de même, s’il est médiocre, passe pour merveilleux ; l’impression est l’écueil. […] Bien des gens vont jusques à sentir le mérite d’un manuscrit qu’on leur lit, qui ne peuvent se déclarer en sa faveur, jusques à ce qu’ils aient vu le cours qu’il aura dans le monde par l’impression, ou quel sera son sort parmi les habiles : ils ne hasardent point leurs suffrages, et ils veulent être portés par la foule et entraînés par la multitude. […] Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use ses esprits à en démêler les vices et le ridicule ; s’il donne quelque tour à ses pensées, c’est moins par une vanité d’auteur, que pour mettre une vérité qu’il a trouvée dans tout le jour nécessaire pour faire l’impression qui doit servir à son dessein.
Ce manifeste est aussi une invite à la constitution active d’une communauté partageant ces valeurs : « Si notre effort vous est sympathique, confiez-nous le soin de vos éditions, travaux d’impression, catalogues et publicité. […] Toute personne nous ayant procuré cinq abonnements recevra la revue gratuitement pendant un an. » Cet activisme est le pendant des difficultés financières qu’exprime la page de sommaire : « Les difficultés d’impression s’opposent momentanément à notre parution régulière, nos abonnés sont assurés de recevoir douze numéros, correspondant à leur abonnement d’un an. » Le numéro fait se rencontrer de façon exemplaire les différentes esthétiques nourrissant la revue, le post-symbolisme du récit de Hertz succédant à l’évocation d’Apollinaire, le poème de Péret rencontrant les fables de Max Jacob. […] Si notre effort vous est sympathique, procurez-nous des abonnés, confiez-nous le soin de vos éditions, travaux d’impression, catalogues et publicité.
L’imagination ne supplée jamais au sentiment par l’impression qu’elle fait sur nous-mêmes ; mais elle peut y suppléer par l’impulsion qu’elle donne aux autres. […] Ainsi l’émotion qui doit animer l’orateur, doit réparer par sa véhémence ce qu’elle pourra ne pas avoir en durée, elle ne ressemblera pas à cette agitation superficielle que l’éloquence excite dans les âmes froides ; impression purement mécanique, produite par l’exemple ou par le ton qu’on a donné à la multitude : plus l’auditeur aura de génie, plus aussi son impression ressemblera à celle de l’orateur ; plus il sera capable d’imiter ce qu’il admire.
… Pourquoi cette impression consolidée a-t-elle la force d’un préjugé ? […] Homme de principes et de tradition en un temps où chacun culbute dans le sens de ses impressions personnelles, M. […] Une voix s’est élevée en France pour protester contre l’injure jetée à la forme exquise et disparue du plus beau des poètes, et cette voix a été celle de la délicatesse dans le courage, mais elle n’avait pas besoin de s’élever… Rien ne peut désormais contre l’impression que Byron a laissée de lui-même dans le monde.
S’il ne prend pas l’esprit par la nouveauté, il le prend par les souvenirs et par les premières impressions que nous donna la littérature qui, dans l’ordre des temps, précéda immédiatement la littérature actuelle. […] Homme politique avant d’être un homme littéraire, journaliste, c’est-à-dire improvisateur, il est impatient d’aller tout d’abord, — et il y va, — aux détails d’une histoire qui n’est plus qu’une série d’impressions personnelles, si l’on n’a pas dans la main le flambeau qui doit l’éclairer. […] C’est là quelque chose d’imposant, sans doute, mais franchement, nous aimons mieux encore nous en rapporter à nos impressions et à nos souvenirs !
Où est-elle, cette Muse inouïe, cette poésie faite avec des laideurs vraies, et parce qu’elles sont vraies, sensibles et douloureuses, ces laideurs, arrivant à un effet d’impression sur les âmes, égal à celui de la plus idéale beauté ? […] Je ne crois pas qu’il soit possible de l’oublier et que les générations futures, fussent-elles plus saines que nous, puissent se soustraire à l’impression de cette poésie, qui leur apprendra ce qu’un jour aura été l’âme de leurs pères ! […] On ne tue pas cette vérité d’impression, d’où sort toute poésie, sans s’y reprendre à plusieurs fois.
À ces impressions du premier âge et de la guerre, aux vicissitudes de la vie privée, allaient se mêler, pour cette forte imagination, les grands spectacles de la fortune et les dernières convulsions de la gloire. […] Mais que d’autres beautés grandes et fortes naissaient de sa puissance d’impressions ! […] J’en aimais le péril ; mais la colère de l’Océan n’a pas laissé dans mon âme l’impression que me fait ta grandeur.
On ne saurait omettre, en effet, de rappeler qu’en 1782, lorsque les Confessions virent le jour, elles ne produisirent d’abord et généralement qu’une impression de dégoût. […] Nous ne sommes, à proprement parler, que la scène ou le lieu de nos impressions, et notre originalité n’est généralement qu’une illusion de notre amour-propre, un mirage, une fantasmagorie. […] Mais s’il y a des familles d’esprits, s’il y a des genres, des espèces dans ces genres, des rangs dans ces espèces, nos impressions ne sont donc plus rien en critique, ni même nos jugements ? […] La Rose de l’Infante ou Les Raisons du Momotombo sont toujours et avant tout les impressions, les opinions d’Hugo sur son sujet. […] Jules Lemaître ont été réunis en volume sous le titre d’Impressions de théâtre.
Barchou-Penhoën a donnée de la campagne d’Alger ; on s’est plu à le suivre dans les spectacles divers qu’il nous a fortement représentés, les colorant de son impression personnelle, les entremêlant de sa réflexion métaphysique.