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1365. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Il dit qu’il ne faut pas se faire des images de ce qui est dans les cieux. […] Par exemple, pour quelle partie de l’égliseo serait l’image et sa grandeur, et sa forme, etc. Car je suppose que cela doit être approprié à la disposition des ornements intérieurs, et sans doute les principales images sont déjà commandées à des célébrités russes. […] pour telle image qu’on voudra. […] C’est l’image la plus fine, la plus complète et la plus grandiose de l’esprit supérieur qui voit défiler devant lui les vices, les ridicules et les infamies de l’humanité.

1366. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Deux mots suffisent : vous êtes restée une toute petite fille, et vous avez étudié la vie dans les livraisons qui, pour dix centimes, donnent aux enfants comme vous une image et une bonne tartine de roman au miel ou à la moutarde. […] Pensées et images, — car Mme de Witt ne recule jamais devant les rides d’une vieille métaphore, — se suivent avec incohérence. […] Quelquefois aussi Jacques Fréhel — lorsqu’elle daigne ne point nous ennuyer d’un conte égyptien — nous émeut d’une nouvelle bretonne pénétrée d’exquises mélancolies, souriante d’images originales. […] Bob vieilli a perdu sa verve, dessine des images plus ridicules que caricaturales et trouve parfois un mot lourd de recherche. […] Elle a, celle-ci, la plénitude souple du rythme, la noblesse et la vivacité des images.

1367. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Cette image encadrée d’une bande de bois blanc, était drôlement placée dans ce coin, bien qu’elle fût le seul tableau du logis. […] Il avait même fait la trouvaille d’une petite image, bordée de dentelle, qui la représentait. […] On me permettait de regarder les images, sans me défendre de lire le texte, pensant bien qu’il était trop fort pour moi et que je n’en lirais pas long. […] Une autre image, dont la légende était : « Elle posa sa main sur la mienne et dit : Ô Klopstock !  […] Tandis qu’il écrivait, je regardais ces étonnantes images, où les personnes avaient des têtes d’animaux, d’incroyables coiffures cornues et des poses si singulières.

1368. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Et puis, s’il y a encore des images banales, il n’y a plus de mauvaises pointes. […] Ainsi je fis d’aimer l’aimable apprentissage ; Je m’y suis plu depuis, j’en aime la douceur ; J’ai toujours dans l’esprit tes yeux et ton image ; J’ai toujours Parthénice au milieu de mon cœur. […] Le drame est tout en scènes familières, presque de comédie, n’était l’image de la mort partout aperçue et l’attente du dénouement sanglant. […] Comme le fond en est, si je puis dire, de beaucoup antérieur à la forme, elles embrassent d’immenses parties de l’histoire des hommes et présentent simultanément, à des plans divers, l’image de plusieurs civilisations. […] Nous sentons qu’une image hante cette femme damnée ; une image dont elle jouit, malgré elle, avec d’autant plus d’intensité qu’elle sait que ce plaisir non consenti la perd éternellement.

1369. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Ce Joseph Delorme, sans être lui tout à fait quant aux circonstances biographiques, était assez fidèlement son image au moral. […] Si, né dans sa mort même, Ma mémoire n’eut pas son image suprême, Il m’a laissé du moins son âme et son esprit, Et son goût tout entier à chaque marge écrit. […] Cette mer aux flots argentés, Qui ne fait que bercer l’image Des bords dans son sein répétés ?

1370. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Nodier, grand styliste prédestiné, a de bonne heure excellé à revêtir les formes et les teintes d’alentour : une de ses images favorites est celle de la pierre de Bologne, qui garde, dit-on, quelque temps les rayons dont elle a été pénétrée. […] … le procédé final n’a pas changé ; l’adorable idylle, la pastorale enchantée, tout amoureusement tressée qu’elle semble, va se trancher net encore à la Werther ou à la Werthérie, sinon par un coup de pistolet, au moins par une petite vérole qui tue, par un anévrisme qui rompt, par une convulsion délirante ; Séraphine, Thérèse, Clémentine, Amélie, Cécile, Adèle, toutes ces amantes qu’il a touchées au front, elles en sont là ; il a comme résumé leur destin en un seul dans ces Stances mélodieuses, où du moins le rhythme et l’image ont tout revêtu et adouci : Elle était bien jolie, au matin, sans atours, De son jardin naissant visitant les merveilles, Dans leur nid d’ambroisie épiant les abeilles, Et du parterre en fleurs suivant les longs détours. […] Nombre de ses images, qui expriment des nuances, des éclairs, des mouvements presque inexprimables (comme celle du goëland qui tombe, citée plus haut), étaient faites pour illustrer et couronner l’audace ; et, dans une Poétique de l’école moderne, si on avait pris soin de la dresser, nul peut-être n’aurait apporté un plus riche contingent d’exemples.

1371. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

On montre un chien à un très jeune enfant, et on lui dit, dans le langage des nourrices, en imitant, tant bien que mal, l’aboiement de la bête : « C’est un oua-oua. » Ses yeux suivent le geste indicateur ; il voit le chien, entend le son, et, après quelques répétitions qui sont son apprentissage, les deux images, celle du chien et celle du son, se trouvent, d’après la loi d’association des images, associées à demeure dans son esprit. […] Nous construisons l’utile, le beau et le bien, et nous agissons de manière à rapprocher les choses, autant que possible, de nos constructions. — Par exemple, étant données des pierres éparses et brutes, nous les supposons équarries, transportées, empilées à l’endroit où nous voulons habiter, et, conformément à l’idée du mur ainsi construit, nous construisons le mur réel qui nous préservera du vent. — Étant donnés les hommes qui vivent autour de nous, nous sommes frappés d’une certaine forme générale qui leur est propre ; nous remarquons à un plus haut degré, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, les signes extérieurs de telle qualité ou disposition bienfaisante pour l’individu ou pour l’espèce, agilité, vigueur, santé, finesse ou énergie93 ; nous recueillons par degrés tous ces signes ; nous souhaitons contempler un corps humain en qui les caractères que nous jugeons les plus importants et les plus précieux se manifestent par une empreinte plus universelle et plus forte, et, s’il se trouve un artiste chez qui ce groupe de conditions conçues aboutisse à une image expresse, à une représentation sensible, à une demi-vision intérieure, il prend un bloc de marbre et y taille la forme idéale que la nature n’a pas su nous montrer. — Enfin, étant donnés les divers motifs qui poussent les hommes à vouloir, nous constatons que l’individu agit le plus souvent en vue de son bien personnel, c’est-à-dire par intérêt, souvent en vue du bien d’un autre individu qu’il aime, c’est-à-dire par sympathie, très rarement en vue du bien général, abstraction faite de son intérêt ou de ses sympathies, sans plus d’égard pour lui-même ou pour ses amis que pour tout autre homme, sans autre intention que d’être utile à la communauté présente ou future de tous les êtres sensibles et intelligents.

1372. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Plus donc la nature est assujettie et vaincue, plus la grâce se répand avec abondance ; et chaque jour, par ces nouvelles influences, l’homme intérieur se reforme pour devenir une plus parfaite image de Dieu. […] Il n’est point de créature si petite et si vile, qui ne présente quelque image de la bonté de Dieu. […] Plusieurs mettent toute leur dévotion en des livres, d’autres en des images, d’autres en des signes et des marques extérieures.

1373. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Le style à la mode est hérissé de pointes, chamarré d’images, bigarré de métaphores. […] Le drame n’ose pas s’abaisser à la vie et au langage de tous les jours ; il reste historique et empanaché ; il parle en vers ; ses héros sont des grands de la terre ou des hommes à passions et à destinées extraordinaires, toujours des êtres d’exception ; la basse condition d’un Ruy Blas ou d’un Didier est voilée d’un manteau tissé d’images éclatantes. […] A ceux-là, nous devons des œuvres niaises et plates, ou criardes et enluminées comme des images d’Epinal, n’ayant souci ni de style ni de vraisemblance, relevant moins de l’art que de l’industrie : chansons dont la musique aigrelette est digne des paroles ineptes ou grossièrement bouffonnes  ; romans interminables déroulés durant des mois au rez-de-chaussée d’un journal, débités par tranches à des abonnés patients et promenant du bagne à la cour, du boudoir à l’hôpital, tout un monde de personnages comme on n’en voit qu’en rêve ; mélodrames naïfs et voyants, pauvres de psychologie, mais riches de coups de théâtre et de coups de fusil, rouges de sang et de feux de Bengale, fertiles en miracles de la Providence et du machiniste, étourdissant les yeux et les oreilles par l’éclat des costumes, des décors et des tirades ; littérature faite Sur commande pour un public friand de grosses émotions et de spectacles qui parlent aux sens, parce qu’il ne sait pas encore apprécier des mets plus délicats, parce qu’il n’est initié que d’hier aux jouissances esthétiques, parce qu’il n’a pas fait son apprentissage littéraire.

1374. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

L’optique de Helmholtz renferme une étude approfondie des sensations visuelles dont le commun des hommes ne s’aperçoit jamais, ne prend jamais une conscience distincte : taches aveugles, mouches volantes, images consécutives, irradiation, franges chromatiques, changements marginaux de couleur, images doubles, astigmatisme, mouvements d’accommodation et convergence des yeux, rivalité des deux rétines, etc., etc. Nous ne savons même pas sur lequel de nos yeux tombe une image : on peut être aveugle d’un œil depuis des années et ne pas le savoir.

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