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582. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Gratry était parfaite, et c’était un homme très attachant, un vrai galant homme. […] La vanité de l’homme de lettres n’est pas mon fait. […] J’ai toujours été le moins littéraire des hommes. […] Je suppose que tout homme que je vois pour la première fois doit être un homme de mérite et un homme de bien, sauf à changer d’avis (ce qui m’arrive souvent) si les faits m’y forcent. […] L’homme ne doit jamais se permettre deux hardiesses à la fois.

583. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

C’est un subtil, — un homme qui travaille ses nuances comme un acteur travaille son masque. […] Condorcet prévoyait et annonçait que l’homme trouverait le moyen de ne pas mourir, M.  […] Il veut unir en un seul homme ce que le moyen âge a séparé : l’Empereur et le Pape. […] L’écrivain de la Vie de Jésus n’a ni l’enthousiasme passionné de l’erreur, ni la haine implacable de la vérité, ni l’adoration païenne de l’homme par l’homme, devenu le seul Dieu qui puisse exister. […] Renan, l’a empêché de se laisser aller aux entraînements du grand écrivain qu’il aurait été, probablement, s’il avait été un autre homme que l’homme au « grattoir » dont j’ai parlé plus haut.

584. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

L’homme est-il composé de deux principes ? […] Et la raison en est toute simple : c’est que l’âme de l’homme est celle qui est le mieux connue à l’homme. […] L’homme n’est point égaré en ce monde. […] Il n’en faut pas davantage à l’homme. […] Un homme très supérieur à Pline, très supérieur à Buffon, égal à Cuvier ; une intelligence presque divine appliquée à la nature organisée ; l’homme étudiant l’homme, et la vie décrivant la vie avec le regard d’un Dieu !

585. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il avait de la fertilité d’idées ; il était homme d’expédients et, parfois, d’exécution. […] Jeune et dans son intendance, il nous paraît tout à son avantage ; ce pouvait être un homme d’État pratique, qui se débrouillait et se formait pour une plus grande carrière. […] C’est un homme intraitable et entier, d’une probité solide et autres vertus de tempérament. […] Il eût été homme, malgré l’aveu qu’il fait de ses premiers torts, à entreprendre de faire le bien despotiquement, sans égard aux mœurs des hommes. […] Si je perds l’image du parfait philanthrope et de l’homme de bien modèle qu’on avait réussi à nous faire accepter alors, je me dédommage de reste en retrouvant l’homme de bien original et particulier qui ne ressemble à nul autre.

586. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

C’est un homme précieux, un homme d’or. […] Gourville, en un mot, c’est le type le plus complet et le plus parfait de l’homme d’affaires ; il y a, par-ci par-là, un reste de subalterne en lui ; il y a du galant homme aussi, et même des commencements de l’homme d’État. […] Barin (contre lequel j’avais quelque rancune), directeur des postes, homme fort riche, et surtout en argent comptant. […] Les jugements de Gourville sur les hommes sont excellents, simples, tracés en quelques traits et indiquant le point décisif. […] Il arriva alors, et c’est une de ces singularités piquantes qui sont le cachet de sa destinée, que cet homme pendu en effigie à Paris, et rançonné par Colbert, devint, par M. de Lionne, l’homme du roi en Allemagne, et fut chargé de négociations délicates auprès des princes de la maison de Brunswick.

587. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Eh bien, songez l’homme meilleur. […] Le génie n’est pas fait pour le génie, il est fait pour l’homme. […] Eschyle parle : « Dès l’origine, le poëte illustre a servi les hommes. […] Qu’il rentre dans l’homme après en être sorti. […] Mais être tout à fait hors de l’homme, c’est ne pas être.

588. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Ils sont hommes. […] L’homme aussi est cette ville assiégée. […] Quand l’homme manque Dieu, Dieu manque l’homme. […] Je dirai à la faire remonter à l’homme. […] Et c’est encore un homme de sauvé.

589. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Tous ces mots sacrés n’ont de sens que pour l’homme ; la conscience est l’unique autel de la justice. […] Elle crée en moi la dignité, elle m’enjoint d’être homme et de respecter l’homme, elle marque l’avènement d’un phénomène nouveau dans l’univers, le sentiment du devoir. Les choses reprennent ainsi leur ordre et leur proportion ; la Terre n’est qu’un des plus petits corps de l’infini céleste, mais elle vaut mieux que le plus beau soleil, parce qu’elle a fait l’homme et que l’homme a trouvé la justice dans son cœur. […] Comment l’homme peut-il créer de son fonds la justice ? […] L’homme ne peut lier l’homme qu’au nom de l’intérêt, et le droit social, ainsi considéré, n’est que la règle des besoins.

590. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Pour un homme de génie ou de talent : se montrer, c’est se diminuer. […] les mots du peuple, l’homme, même de génie, ne les trouvera jamais. […] qu’est l’homme ? […] j’espère, tu as fait sur Ponsard un article… C’est un homme de génie maintenant. […] En somme, un homme inquiet, anxieux, profond, compliqué, fuyant, peu lisible.

591. (1884) Articles. Revue des deux mondes

L’homme n’est-il que raison, et encore raison abstraite, éteinte pour ainsi dire, sans rayonnemens, sans activité ni chaleur ? […] Et plus sont nombreux les hommes de génie et de vertu, plus grossit le trésor, plus s’augmente la somme de force vive au sein de la nation tout entière. […] Flint, ce n’est pas la nature qui est trop grande, ce n’est pas la nature qui est en excès, c’est l’homme qui est trop petit, c’est l’homme qui est en défaut. L’homme n’y est pas ce qu’il devrait être, il n’est pas, à proprement parler, un homme. […] Mais que diriez-vous si l’on vous rapportait des choses encore plus extraordinaires de cet homme ?

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