Il prend tout juste sa matière — et c’est la guerre de Cent Ans — comme Chrétien de Troyes a pris l’histoire de la Table ronde. […] On l’a comparé à Hérodote : mais qu’il en est loin, avec son enfantine conception de l’histoire, sa philosophie vaine, et sa moralité creuse. Même il est vrai que Villehardouin était plus près de la véritable histoire : pour toutes les qualités solides et essentielles, la Chronique de Froissart est un recul plutôt qu’un progrès. […] Le fait caractéristique, et du reste tout naturel, dans l’histoire des origines de l’éloquence française, c’est la prédominance du genre religieux sur le genre politique et judiciaire. […] Renan, Histoire littéraire de la France au xive siècle, 2 vol. in-8, 2e édit., Paris, 1865.
Tel autre, dessinant à grands traits impérieux l’histoire des idées ou l’histoire des formes littéraires, semble toujours écrire contre quelqu’un ou quelque chose et, même avant d’être moraliste, est invinciblement orateur et « dialecticien. » Faguet est un « logicien », et de quelle puissance ! […] Et ainsi, elle a su faire le plus bel accueil au dernier des autocrates, rien qu’en faisant saluer les trois siècles de la très jeune Russie par quatorze cents ans d’histoire de France. […] Ce ne serait pas le moindre bienfait de la visite du Czar que d’avoir réconcilié Marianne avec l’histoire de France. […] * * * Le bon hagiographe Pouvillon a pieusement extrait de cette histoire miraculeuse tout ce qu’elle comportait de poésie, d’humanité et d’évangélisme. […] Son art est tel que ce « tableau de cour » ne détonne point dans cette naïve histoire d’un miracle rustique.
une véritable histoire d’amour et sur laquelle on peut longuement disserter. […] C’est l’histoire d’Ulysse de Pénélope et des prétendants. […] Il puisait aussi volontiers dans la tradition que dans l’histoire. […] Son livre veut être un livre d’histoire positive. […] On y commentait des livres tout pleins de l’histoire abominable des dieux.
Camille Rousset s’étonne que le grand Frédéric, dans son Histoire de mon Temps, ait pu croire et dire que le maréchal de Broglie n’avait pas été disgracié à son retour pour cette inconcevable retraite, et que « la Cour ne lui avait témoigné aucun mécontentement ». […] Frédéric était un roi essentiellement patriotique, et il ne badinait point dès qu’il s’agissait de son pays et de l’histoire. […] On cite de lui quelques mots piquants, des reparties heureuses ; mais en général, dans la conversation, il répétait à satiété les mêmes histoires, il ennuyait son monde, et de bonne heure on put dire qu’il rabâchait. […] Malgré tant de remarques critiques auxquelles j’ai peut-être trop paru me complaire, cette publication qui éclairera désormais plus d’un point d’histoire resté jusqu’ici obscur ou caché, et pour laquelle on doit des remerciements à M. […] Preuss, le digne éditeur des Œuvres complètes de Frédéric, a publié à cette occasion un fort bon article dans la Revue pour servir à l’histoire de Prusse.
Le génie humain n’a pas un si grand nombre de chefs-d’œuvre ; savez-vous que la scène des appartements de Versailles après la mort de Monseigneur est une œuvre unique, incomparable, qui n’a sa pareille en aucune littérature, un tableau comme il n’y en a pas un autre à citer dans les musées de l’histoire ? […] Le profond moraliste se retrouve dans un dernier trait : « Le nom qu’un infatigable bonheur lui a acquis pour des temps à venir m’a souvent, dit-il, dégoûté de l’histoire, et j’ai trouvé une infinité de gens dans cette réflexion. » Combien de guerriers, de héros d’un jour, se survivant à l’état de paix et n’ayant gardé à la fin que l’ostentation et le fracas de leurs vices, ont produit ce même effet sur des esprits honnêtes et sages, qui ont pu se dire comme Saint-Simon : « C’est à dégoûter de l’histoire ! […] On sait l’histoire, mais on ne la peut savoir de personne plus fidèlement que de celui qui y était présent et sur le terrain même. […] Espérons que communication au moins en pourra être faite un jour aux travailleurs dans l’intérêt de l’histoire. […] Quand j’ai entendu toutes les critiques qu’on peut faire sur Saint-Simon, je me surprends, malgré tout, à former un dernier vœu : Que ne sommes-nous affligés d’un Saint-Simon pour chaque période de notre histoire !
Il ne s’agit que du théâtre qui tire ses sujets de l’histoire religieuse et des légendes dévotes. […] Cependant cette pauvreté serait atténuée si l’on se décidait à ne plus compter parmi les mystères l’« histoire de Griselidis ». […] Pour cette rareté dans l’époque qui nous occupe, pour un peu de fine sensibilité, l’« histoire de Griselidis » est à lire. […] Gautier, Histoire de la poésie liturgique au moyen âge : les tropes, Paris, 1886. […] Quant au « mystère de Griselidis », que le ms. nomme simplement « histoire » (Petit de Julleville, t.
La Grèce, toujours renfermée en elle-même, et uniquement attentive à ses querelles de petites villes, a eu des historiens admirables ; mais avant l’époque romaine, on chercherait vainement chez elle un système général de philosophie de l’histoire, embrassant toute l’humanité. Le juif, au contraire, grâce à une espèce de sens prophétique qui rend par moments le sémite merveilleusement apte à voir les grandes lignes de l’avenir, a fait entrer l’histoire dans la religion. […] La Perse, depuis une époque ancienne, conçut l’histoire du monde comme une série d’évolutions, à chacune desquelles préside un prophète. […] Avec ses énormes défauts, dur, égoïste, moqueur, cruel, étroit, subtil, sophiste, le peuple juif est cependant l’auteur eu plus beau mouvement d’enthousiasme désintéressé dont parle l’histoire. […] Toute l’histoire du christianisme naissant est devenue de la sorte une délicieuse pastorale.
Aussi, pour son compte, il pourra payer son tribut de politesse et de courtoisie à la mode du temps par quelques épigrammes latines ; mais la plupart de ses poésies légères, aussi bien que ses ouvrages sérieux, il les composera en français ; il évitera ce travers de latinisme prolongé où l’on voit persévérer l’illustre de Thou, et qui infirmera, bien loin de l’augmenter, le succès de sa grande Histoire. […] Giraud a pu si bien dire que le xvie siècle fut l’âge héroïque de son histoire, et qui avait pour chef auguste le grand et courageux Achille de Harlay. […] Pasquier, qui nous transmet cette noble tradition, ajoute : « Je crois que cette histoire est très vraie, parce que je la souhaite telle… et qu’elle soit empreinte au cœur de toute cour souveraine. » Tels étaient les grands exemples dont on se nourrissait en ce temps-là au Palais, et qui étaient, a dit excellemment M. […] Théorie incomplète si l’on veut, inconséquente, et qui ne saurait résister à l’exactitude du raisonnement, mais qui se recouvre de grandeur et de religion dans l’histoire, puisqu’elle a pour elle tant de beaux noms, depuis le premier président de La Vacquerie jusqu’à M. de Malesherbes. […] Si l’on voulait s’égayer, il faudrait rappeler l’histoire de cette fameuse puce que, pendant la tenue des Grands Jours de Poitiers (1579), Pasquier aperçut, un matin qu’il la visitait, sur le sein de la belle Mlle Des Roches, et qui fournit matière à tout un volume de vers plus ou moins anacréontiques, grecs, latins et français, gentillesse et récréation des graves sénateurs.
Il ne lui fut point donné de faire acte dans l’histoire ; mais l’histoire du moins le nommera en passant, comme l’un de ceux sur lesquels elle avait droit de compter pour l’avenir. […] Augustin Thierry, qui achevait alors son Histoire de la conquête d’Angleterre. […] Il composa pour la collection des « Résumés historiques » deux petites histoires, l’une d’Écosse et l’autre des Grecs modernes (1825). […] Il était plus dans sa voie et dans le courant naturel de ses idées quand il composait l’Histoire de la contre-révolution en Angleterre sous Charles II et Jacques II, publiée en 1827. Ce volume d’histoire pouvait sembler, à cette date, un pamphlet d’allusion et de circonstance.
Son livre n’était pas un ouvrage régulier : il avait eu d’abord l’idée, disait-il en commençant, d’écrire une histoire générale de la nature ; mais bientôt, renonçant à un plan trop vaste, il s’était borné à en rassembler quelques portions, et, comme il les appelait, des ruines, n’y laissant debout que le frontispice. […] Il commençait par donner l’histoire de son fraisier, et chacun qui en pouvait répéter autant sur sa fenêtre, était gagné à une science si accessible. […] Mais dans une composition assez analogue que nous offre l’Étude treizième, et où il nous montre un voyageur jeté par un naufrage dans une île inconnue, qui se trouve être l’île de Naxos, il a excédé la mesure : appliquant le même procédé d’idéalisation à l’antique histoire d’Ariane, il montre cette jeune fille de Minos, dans le récit légendaire d’un berger, pleurant nuit et jour l’infidèle Thésée et ne pouvant même être consolée par les jeunes Naxiennes qui lui versent du vin dans des coupes d’or. […] Cette simple histoire est l’œuvre véritablement immortelle de Bernardin ; elle ne peut se relire sans larmes, ce qui est vrai de si peu de livres admirés en naissant. […] Villemain, de notre éloquent secrétaire perpétuel, si j’avais besoin de m’excuser, je dirais hautement : Membre de l’Académie française, j’ai le droit de relever, de la seule manière qui puisse le toucher, l’organe de la compagnie là où il abuse publiquement de son rôle de rapporteur pour y glisser contrairement aux convenances, contrairement aux intentions de beaucoup de membres, ses passions personnelles : biographe littéraire, je souffre toutes les fois que je vois des critiques éminents à tant d’égards et en possession d’un art merveilleux, mais des esprits plus nés évidemment pour la louange ou la fine satire que pour l’histoire, ne songer à tirer parti des faits que pour les fausser dans le sens de l’effet passager et de l’applaudissement.