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1616. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Sa sérénité enfantine regardait le monde de si haut qu’il ne lui paraissait plus qu’un badinage, une bulle de savon, causée par la fantaisie d’un enfant. […] Si on le rencontrait le matin, fatigué par douze heures de travail, courant aux imprimeries, un vieux chapeau rabattu sur les yeux, ses admirables mains cachées sous des gants grossiers, les pieds chaussés de souliers à hauts quartiers passés sur un large pantalon à plis et à pieds, il pouvait être confondu dans la foule ; mais s’il découvrait son front, vous regardait ou vous parlait, l’homme le plus vulgaire se souvenait de lui. […] « Sa haute instruction lui faisait suivre avec bonheur les progrès des sciences et les améliorations sociales, dont, à leur début, il comprenait l’avenir ! […] Je n’ai pas oublié avec quelle vélocité il accourait à moi pour m’éviter de rouler les trois marches hautes, inégales et sans rampes qui conduisaient de la chambre de notre nourrice dans le jardin ! […] « “Le susdit carrick n’arrivant qu’à mi-corps, reste le haut, mal défendu contre la gelée, qui n’a que le toit et ma veste de molleton à traverser pour arriver à ma peau fraternelle, trop tendre, hélas !

1617. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Le long des hautes fenêtres en bas, on ne voyait que les grandes nappes blanches, étincelantes d’argenterie et couvertes du gibier, de poisson et d’autres mets rares, autour desquels ces voyageurs venaient s’asseoir côte à côte. On n’entendait dans la grande cour derrière que les hennissements des chevaux, les cris des postillons, les éclats de rire des servantes, le roulement des voitures, arrivant ou partant, sous les hautes portes cochères. […] Souvent, au passage des régiments qui traversaient la ville, — la grande capote retroussée sur les hanches, le sac au dos, les hautes guêtres montant jusqu’aux genoux et le fusil à volonté, allongeant le pas, tantôt couverts de boue, tantôt blancs de poussière, — souvent le père Melchior, après avoir regardé ce défilé, me demandait tout rêveur : « Dis donc, Joseph, combien penses-tu que nous en avons vu passer depuis 1801 ! […] Au nom du ciel, ne criez pas si haut. […] Nous avions dépassé la ferme du Gerberhoff, et nous allions descendre la côte du grand pont, lorsque j’entendis quelqu’un me parler ; c’était le capitaine, qui me criait du haut de son cheval : « À la bonne heure, jeune homme ; je suis content de vous ! 

1618. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

On ne s’avisa pas d’abord d’essayer de la haute comédie. […] L’imitation de Molière est si féconde, qu’il en a bien pris à deux auteurs de cette première moitié du siècle de quitter la poésie légère, pour s’aventurer, sur les pas de ce guide, dans la haute comédie. […] Sa prétention va plus haut. […] Regnard se dérobe au labeur de la haute comédie dans les facilités de la comédie d’intrigue. […] Où en trouver un qui pousse le défaut de tout le monde jusqu’au genre de ridicule dangereux qui fait le fond de la haute comédie ?

1619. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Et puis, il y avait si peu d’espoir que jamais le maître verrait sur la scène la réalisation de ses rêves, et il en ressentait si impérieusement le besoin, non pour les autres, mais pour lui-même. « Souvent, dit-il, je riais tout haut, et je m’avouais que je passais mon temps en de fort sottes occupations » (VI, 378). […] Certes, tout ceci a une portée bien plus haute que celle, littérale, de la simple fable. […] Reprenons l’exposé de la théorie énoncée plus haut. […] en proie au désir du plus haut salut, être contraint de languir près de la source de toute perdition. » La malédiction de Kundry, qui le voue à l’erreur (Irre, Irre, dich weih ich ihn zum geleit ?) […] » Il se lève et poursuit sa marche vers le Gral et là délivre Amfortas de sa blessure. « Bénie soit ta souffrance, lui dit-il, elle qui a donné au simple la force toute puissante de la pitié et le pouvoir de la pure connaissance. » Il monte enfin sur l’autel, prêtre à la fois et victime, comme dit Schopenhauer, pour célébrer le sacrifice, et, tandis que le monde contemple son sauveur levant le calice dans la lumière, du haut de la coupole descendent les paroles : Hoechsten Heiles Wunde !

1620. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Mardi 24 février Si j’étais encore peintre, je ferais un trait gravé à l’eau-forte de ce fond de Paris, que l’on voit du haut du pont Royal. […] » s’écrie tout haut, l’une d’elles en français. […] Aujourd’hui, à peine notre langue se susurre-t-elle tout bas, et au haut bout, l’on voit, comme ce soir, un Prussien en uniforme, tout militaire et tout raide, à cette place d’honneur. […] Sur ces hauts sommets, le voyageur jouit de la pureté de l’air, comme un gourmet d’eau, jouit à Rome, de la bonté de l’ aqua felice . […] À côté monte, sur son haut pied, un grand panier en vannerie, orné de nœuds de rubans, contenant les soies de la princesse, dans un fazzoletto rouge, rayé d’or.

1621. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

V Après l’avoir traversée dans un bac, on roule rapidement dans une plaine aride et rocailleuse, sous les coteaux chargés de vignobles et de maisons blanches du beau village d’Ambérieux ; puis la plaine s’étrangle et s’assombrit entre deux hautes chaînes de montagnes, et on pénètre avec une secrète terreur dans les gorges célèbres de Saint-Rambert. […] De toutes ses fenêtres le regard tombe ou sur des jardins plantés de bouquets de charmille, ou sur un coteau où les vignes hautes d’Italie sont entrecoupés de larges sillons de culture et d’arbres fruitiers, amandiers, pêchers, aux fleurs précoces, aux feuilles sans ombre, ou sur de vertes prairies fuyantes à l’horizon, dans lesquelles paissent de blanches génisses. Les longs corridors, les hauts dortoirs, la vaste église attenant à l’édifice, les portiques et les cours espacées sur lesquelles s’ouvrent les salles d’étude, donnent à tout l’ensemble de ce bâtiment l’aspect d’une magnifique abbaye de cénobites épris des champs, plutôt que la physionomie murale d’une prison d’enfants, physionomie trop habituelle à ces monuments d’étude. […] Lorsque, plus jeune encore, Je rêvais des brouillards et des monts d’Inistore ; Quand, tes vers dans le cœur et ta harpe à la main, Je m’enfonçais l’hiver dans des bois sans chemin, Que j’écoutais siffler dans la bruyère grise, Comme l’âme des morts, le souffle de la bise, Que mes cheveux fouettaient mon front, que les torrents, Hurlant d’horreur aux bords des gouffres dévorants, Précipités du ciel sur le rocher qui fume, Jetaient jusqu’à mon front leurs cris et leur écume ; Quand les troncs des sapins tremblaient comme un roseau Et secouaient leur neige où planait le corbeau, Et qu’un brouillard glacé, rasant ses pics sauvages, Comme un fils de Morven me revêtait d’orages ; Si, quelque éclair soudain déchirant le brouillard, Le soleil ravivé me lançait un regard, Et d’un rayon mouillé, qui lutte et qui s’efface, Éclairait sous mes pieds l’abîme de l’espace, Tous mes sens, exaltés par l’air pur des hauts lieux, Par cette solitude et cette nuit des cieux, Par ces sourds roulements des pins sous la tempête, Par ces frimas glacés qui blanchissaient ma tête, Montaient mon âme au ton d’un sonore instrument Qui ne rendait qu’extase et que ravissement. […] Le loriot siffle, l’hirondelle gazouille, le ramier gémit : le premier, perché sur la plus haute branche de l’ormeau, défie notre merle, qui ne le cède en rien à cet étranger ; la seconde, sous un toit hospitalier, fait entendre son ramage confus ainsi qu’au temps d’Évandre ; le troisième, caché dans le feuillage d’un chêne, prolonge ses roucoulements semblables aux sons onduleux d’un cor dans les bois.

1622. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Si je me suis un peu étendu sur ce sujet, c’est qu’il est de la plus haute importance d’arriver à nous faire une idée, quelque incomplète qu’elle soit, de la durée des temps géologiques. […] Quelques-unes des nombreuses espèces d’animaux qui vivent sur les côtes entre les limites des hautes et basses eaux semblent devoir rarement se conserver. […] Vu le nombre extraordinaire d’individus qui représentent beaucoup d’espèces de cette famille dans le monde entier, depuis les régions arctiques jusqu’à l’équateur, et qui habitent des zones marines diverses, variables depuis la limite des hautes eaux jusqu’à une profondeur de 50 brasses ; vu le bon état de conservation des spécimens dans les couches tertiaires les plus anciennes ; vu la facilité avec laquelle on peut reconnaître même un fragment de valve ; j’avais cru pouvoir inférer de tant de circonstances réunies que si les Cirripèdes sessiles eussent existé pendant la période secondaire, ils se fussent sans nul doute conservés, et on en eût découvert un certain nombre. […] Comme les plus hautes montagnes sont celles qui paraissent avoir subi la plus longue série de soulèvements, et que ce sont encore celles qui se sont le plus récemment soulevées ; que, du reste, ces soulèvements aient été réels ou qu’ils ne soient, au contraire, que le résultat de l’affaissement des plateaux et des plaines voisines, on peut toujours dire qu’en thèse générale les irrégularités de la surface du globe ont été constamment en augmentant, à travers toute la succession des âges géologiques. […] Cette induction est de la plus haute importance pour la théorie, en ce qu’elle appuie sur de nouvelles probabilités la supposition que les terrains Siluriens, où l’on trouve déjà représentés les quatre embranchements principaux du règne animal, ne sont pas les plus anciennes couches fossilifères qui aient existé ; car nous avons vu précédemment, que, s’il y a eu dénudation complète des aires granitiques, ce ne peut être que très anciennement, et lors de la première émersion de ces roches, lorsqu’elles n’étaient encore recouvertes que d’une seule formation récente et mal solidifiée, sur laquelle des eaux, peut-être plus chaudes, avaient une plus grande action dissolvante.

1623. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Fièrement, l’âme haute, ils couraient à l’ennemi. […] Il habite une chambre du haut, où il passe ses journées à marcher en rêvant, comme un loup en cage. […] Pour la première fois depuis huit ans, il quitte la chambre haute et descend au rez-de-chaussée. […] C’est un type excellent et de haut relief, la joie et la gloire de cette comédie aux fonds grisâtres. […] C’est que, bénévolement, je les croyais de sens droit et d’âme haute.

1624. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Mais… il était noble, quoique depuis moins longtemps qu’il ne se plaisait à l’imaginer, et de moins haute origine. […] C’est encore ce que Bourdaloue, dans le beau sermon que nous citions plus haut, a éloquemment développé. […] d’avoir encore ramené, mais d’avoir voulu ramener la poésie à une conception d’elle-même plus libre, plus large, et plus haute. […] Et qui sait, à considérer les choses d’un peu haut, si ce ne serait pas ici, précisément, la secrète raison de leur hostilité ? […] Le roman de l’avenir aura de plus hautes ambitions, et je dis qu’elles seront légitimes.

1625. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Plus haut encore. […] Et plus haut encore, s’il se peut ! […] Et, ainsi, répétons-le, des passages que nous avons cités plus haut : je ne crois pas qu’ils constituent la doctrine de Massillon. […] La belle prose italienne est montée d’un ton plus haut que la belle prose française. […] C’était placer Chardin bien haut peut-être ; Diderot ne connaissait assez ni l’art italien ni l’art hollandais.

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