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1580. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et devant cette jeune femme, tendrement penchée sur cette horrible et breneuse mégère qui l’injurie, je pense, comme on penserait à un goujat en goguette, à ce Béranger, à cet auteur qui a trouvé drolichon de faire entrer au paradis une sœur de charité et une fille d’Opéra, avec des états de service se valant à ses yeux… Oui, il a toujours manqué aux ennemis du catholicisme, un certain sens respectueux de la femme propre, manque qui est la marque et le caractère des gens de mauvaise compagnie, et le grand patron de la confrérie, M. de Voltaire, voulant faire un poème ordurier, a été nécessairement choisir comme héroïne Jeanne d’Arc : la Sainte de la patrie.

1581. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Ô grand Zenon, patron de ces héros sans nombre Accoudés sur la mort comme on s’assied à l’ombre Et n’offrant qu’au devoir leur pudique amitié, Tu fus le maître aussi du divin Marc-Aurèle, Celui dont la douceur triste et surnaturelle Etait faite à la fois de force et de pitié !

1582. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

C’est Don Quichotte qui est le véritable père de Don Juan ; le jour où l’on a commencé à railler l’héroïsme et l’amour, on a ouvert la carrière aux héros du scepticisme et du libertinage.

1583. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Le volume que Baudelaire nous met sous les yeux ne contient que les œuvres inférieures de son héros intellectuel.

1584. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Le plus beau de tous est sans contredit le dernier — le Samson aux grosses épaules, le Samson invincible est condamné à tourner une meule — sa chevelure, ou plutôt sa crinière n’est plus — ses yeux sont crevés — le héros est courbé au labeur comme un animal de trait — la ruse et la trahison ont dompté cette force terrible qui aurait pu déranger les lois de la nature. — A la bonne heure — voilà du Decamps, du vrai et du meilleur — nous retrouvons donc enfin cette ironie, ce fantastique, j’allais presque dire ce comique que nous regrettions tant à l’aspect des premiers. — Samson tire la machine comme un cheval ; il marche pesamment et voûté avec une naïveté grossière — une naïveté de lion dépossédé ; la tristesse résignée et presque l’abrutissement du roi des forêts, à qui l’on ferait traîner une charrette de vidanges ou du mou pour les chats.

1585. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

De là, descendu dans le monde, le chœur des rois immortels célèbre la gloire du Père et le premier-né, sa divine image ; elle le célèbre, cette armée des anges qui ne vieillit pas ; et tantôt, les regards fixés sur l’intelligence suprême, elle se repaît à la source de la beauté, tantôt, regardant les sphères, elle gouverne les profondeurs de l’univers, s’abaissant du monde supérieur jusqu’à l’infime matière, où la nature, à son plus bas degré, enfante la tourbe bruyante et insidieuse des démons, d’où le héros divin, d’où l’esprit céleste, répandu à l’entour de la terre, en a vivifié les parties sous des formes diverses.

1586. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

On dira peut-être, pour expliquer ce singulier état d’âme, que ces prétendus sentiments imaginaires sont tout simplement des émotions très réelles, que j’éprouve par sympathie en me représentant la situation du personnage, et que j’objective en les lui attribuant ; à ce compte, l’effet de la lecture serait d’exciter en moi des sentiments vrais, joie, tristesse, crainte, amour, que j’utiliserais en les faisant entrer dans les phrases où l’écrivain décrit l’état d’âme de son héros. […] Comme Alexandre Dumas il sourira en voyant ses héros se lancer si témérairement dans de folles aventures, et contre toute vraisemblance en sortir à leur gloire. […] Il est bien rare que le romancier femme ne donne pas à ses héroïnes quelque chose de sa mentalité propre et même de ses traits physiques.

1587. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Le poète latin, quand il dissipe l’obscurité qui enveloppe son héros, lui fait voir, au milieu du tumulte d’une ville qui s’abîme, les formes redoutables des divinités qui président à ce grand changement, numina magna deûm.

1588. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Dans les trois cas sublimes, un même effet est produit par la haine orgueilleuse d’un héros, par la douleur délirante d’une mère, par le ressentiment implacable d’une amante.

1589. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

» Plus tard, à des siècles de là, au déclin, mais à un bien beau déclin encore, le Tasse, avec sa séduction magique et ses ravissantes héroïnes, dut inspirer autour de lui autant et plus de passions peut-être qu’il n’en ressentit lui-même.

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