Près de la moitié des sonnets des Épreuves (on peut compter) sont des images, des métaphores sobrement développées et toutes surprenantes de justesse et de grâce ou de grandeur. […] Il y a de la grandeur et de la grâce dans le Premier jour de l’Éden. […] Cette « tragédie » a de la pureté, de l’élévation, de la grandeur. […] Les deux œuvres sont peut-être aussi solidement composées l’une que l’autre et, si la grandeur et l’extrême simplification ont leur prix, le détail multiple et vivant a le sien. […] Zola sont outrées et systématiques, c’est par là qu’elles sont imposantes, et que, si elles sont souvent horribles, elles le sont peut-être avec quelque force, quelque grandeur et quelque poésie.
Début rapide et ferme, où la distribution des rôles de Zeus et du poète ne manque pas de grandeur. […] Fouqueray, a une grandeur impressionnante. […] Sa grandeur est mêlée de meurtre et de charnier ; et la veuve Scarron jette sur son nom « une ombre vile ». […] L’autre s’y opposait avec toute la vigueur de son esprit et s’efforçait de discréditer, au profit de la Réforme, la vieille discipline religieuse qui avait fait en partie la grandeur de la France. […] La grandeur passée de la France pouvait être gênante.
Le scepticisme contradictoire de Renan, fort limité à côté de celui de Montaigne par exemple, apparaît surtout comme un moyen de fuir la grandeur. […] Notre pays, au temps de sa grandeur (qu’il lui appartient de récupérer) se répartissait en ordres religieux et en familles, représentant le spirituel et le temporel. […] L’enfant était d’abord une bénédiction et une joie, puis un aide et une grandeur. […] L’esprit est dans les lettres du roi Henri IV, esprit léger, se raillant soi-même, et mesurant le rire à la grandeur. […] Le délire des grandeurs s’alimente de l’Évolution et du progrès continu.
Je sais des gens qui se plaisent à cette immobilité et qui l’acclament : ils trouvent cela « plein de grandeur ». […] Quant à Flaminius, il est l’incarnation parfaite de cette politique romaine, hautaine et défiante, habile à parer ses jalousies d’une générosité feinte, et qui valait encore moins que la politique carthaginoise, puisqu’elle aggravait sa bassesse naturelle par l’hypocrisie de la grandeur. […] La vieille comtesse de Montsurvent, qu’on aperçoit à peine dans le fond du roman, sous son dais féodal, atteint à la grandeur légendaire du vieux Job des Burgraves. […] La politesse est naturellement petite, tandis que la familiarité a sa grandeur. […] je n’ignore pas quelles bassesses et même quels crimes formaient l’envers de cette grandeur, quel tissu de hontes ces broderies pompeuses ornaient et cachaient !
Elle aurait tort sans aucun doute de méconnaître que les œuvres d’hier ou d’avant-hier ont eu leur raison d’être, voire même leur utilité, leur nouveauté, leur grandeur. […] Tous, tant que nous sommes, nous nous jouons la comédie à nous-mêmes et nous sommes, en ce rôle-là, si bons acteurs, que nous arrivons à nous créer l’illusion du désintéressement, de la générosité, de la grandeur d’âme. […] Je dirais presque, en reprenant la comparaison dont il s’est lui-même servi, que les branches et les feuilles lui cachent parfois le tronc du chêne colossal dont il essaie de mesurer la grandeur. […] Angelo de Gubernatis rappelle dans son dernier ouvrage8 « qu’elle appartient plus que toute autre nation à l’humanité et que la grandeur des sentiments humains dépasse encore chez elle la grandeur des sentiments patriotiques. […] Il daignait lui reconnaître encore une certaine grandeur, la puissance malfaisante, mais surhumaine, d’un démon ; il voulait lui faire élever une statue par la main du bourreau.
Un jour qu’Athelstan visitait avec les nobles sa parente Ethelflède, la provision d’hydromel fut épuisée du premier coup par la grandeur des rasades ; mais saint Dunstan, ayant deviné, l’immensité de l’estomac royal, avait muni la maison, en sorte « que les échansons, selon la coutume des fêtes royales, purent toute la journée servir à boire dans des cornes et autres vaisseaux. » Quand les convives étaient rassasiés, la harpe passait de mains en mains, et la rude harmonie de ces voix profondes montait haut sous les voûtes. […] C’est la grandeur du cœur ici qui fournit à l’imagination sa matière. […] Sitôt que Judith est rentrée, « Les hommes sous leurs casques — sortent de la sainte cité — dès l’aurore. — Ils font gronder les boucliers. — Ils rugissent bruyamment. — À ce cri se réjouissent — dans les bois le loup maigre — et le corbeau décharné, — l’oiseau avide de carnage ; — tous les deux accourent de l’Ouest, — parce que les fils des hommes ont — pensé à leur préparer — leur soûlée de cadavres. — Et vers eux volent dans leurs sentiers — le rapide dévorateur, l’aigle — aux plumes grises ; — le milan de son bec recourbé — chante la chanson d’Hilda. — Les nobles guerriers s’avancèrent, — les hommes aux cottes de mailles, vers la bataille, — armés de boucliers, — les bannières gonflées… — Promptement ils firent voler — des pluies de flèches, — serpents d’Hilda, — de leurs arcs de corne. — Il y avait dans la plaine — une tempête de lances. — Furieusement se déchaînaient — les ravageurs de la bataille. — Ils envoyaient leurs dards — dans la foule des chefs… — Eux qui auparavant avaient enduré — les reproches des étrangers, — les insultes des païens, — leur payèrent à ce jeu des épées — tout ce qu’ils avaient souffert. » Entre tous ces poëtes inconnus65, il y en a un dont on sait le nom, Cœdmon, peut-être l’ancien Cœdmon, l’inventeur du premier hymne, en tout cas semblable à l’autre, et qui, repensant la Bible avec la vigueur et l’exaltation barbare, a montré la grandeur et la fureur du sentiment avec lequel les hommes de ce temps entraient dans leur nouvelle religion.
L’un veut humilier notre orgueil par le spectacle de nos infirmités, l’autre élever notre âme en lui révélant sa grandeur. […] Mais enfin, de tant d’hommes que nous voyons si occupés dans ces plaines, de tant d’autres qui vont chercher la fortune aux Indes, ou qui, sans sortir de chez eux, jouissent en repos, en Europe, des travaux de ceux-ci, il n’y en a aucun qui ne soit destiné à perdre un jour ce qu’il chérit le plus, grandeurs, fortune, femme, enfants, amis. […] J’amenai chez moi madame de la Tour, qui se soutenait au milieu de si grandes pertes avec une grandeur d’âme incroyable.
L’art n’a pas mission de changer en or fin le plomb vil des âmes inférieures, de même que toutes les vertus imaginables sont impuissantes à mettre en relief le côté pittoresque, idéal et réel, mystérieux et saisissant des choses extérieures, de la grandeur et de la misère humaines. […] La grandeur et la beauté de cette légende tragique ne furent pas comprises. […] Il croit puiser dans sa foi profonde en une puissance infinie, rémunératrice et clémente, la généreuse compassion qui l’anime pour les faibles, les déshérités, les misérables, les proscrits auxquels il offre si noblement un asile ; il lui doit, pense-t-il, de chanter en paroles sublimes la beauté, la grandeur et l’harmonie du monde visible, comme les splendeurs pacifiques de l’humanité future, et il ne veut pas reconnaître qu’il ne doit sa magnifique conception du beau qu’à son propre génie, comme ses élans de bonté et de vaste indulgence qu’à son propre cœur.
* * * — Les petits esprits, qui jugent hier avec aujourd’hui, s’étonnent de la grandeur et de la magie de ce mot avant 1787 : le Roi. […] Il avait aussi pensé, pour un Tribunal, à une sorte de triptyque, au milieu duquel il aurait peint, de grandeur nature, une Justice, à la chevelure blonde rappelant le souvenir d’une perruque du Parlement, à la robe rouge, imitant la robe de la Cour de cassation, le pied nu posé sur un glaive, assise sur un siège de marbre, où une tête de lion et une tête de mouton décoreraient les deux bras, et, derrière elle, les toits, les clochers, les dômes, les coupoles d’une vaste cité. […] * * * — La grandeur de Dieu m’apparaît surtout dans l’infini de la souffrance humaine.
Le mot lui ressemble, et par son impersonnalité, il atteint à une certaine grandeur. […] Et le grand et tranquille retroussement de draperie porté sur le bras droit, dont la main tient le sceptre du monde, — un manche à balai pour l’heure. — Apparition de grandeur et de majesté de l’humanité. […] 16 septembre Hébert travaille au portrait de la princesse, que nous lui avons vu fusiner avant de partir : un portrait de la princesse en buste, dans le joli format restreint des petits portraits d’Holbein, un portrait intime, qui doit être gravé de la même grandeur pour les amis.