Il les justifie encore sur leur familiarité avec les auteurs Latins, dont ils prennent insensiblement le ton, les manières & le stile injurieux ; sur l’indépendance attachée à la profession d’homme de lettres ; sur le goût du public pour la satyre ; plaisantes raisons pour dispenser un sçavant de la première science dont tout homme doit se piquer, celle de sçavoir vivre. […] Au milieu de toutes ces disputes, soutenues de part & d’autre avec tant de chaleur, à travers ce fatras d’injures & de libèles, parmi ces révolutions continuelles de la république des lettres, le lecteur pourra suivre le fil de nos connoissances, les progrès du goût, la marche de l’esprit humain.
Mais ils ont poussé trop loin la complaisance pour le goût de leur siecle, ou, pour dire mieux, ils ont eux-mêmes fomenté ce goût avec trop de lâcheté.
Aussi tranquilles donc sur leur subsistance que le religieux d’une riche abbaïe, ils avoient la liberté d’esprit necessaire pour se livrer aux goûts que la douceur du climat dans les contrées qu’ils habitoient faisoit naître en eux. […] Plusieurs de nos chansons faites il y a soixante ans, et quand le goût dont je parle ici regnoit avec plus d’empire, sont infectées des mêmes niaiseries.
Peu curieux de philosophie pure, il a un goût très prononcé pour une sagesse pratique et à portée de la main. […] On reproche aux professeurs d’être pédants, par goût, et dogmatiques, par devoir. […] En général, il a peu de goût pour ceux qui ne sont que des virtuoses de la forme, du style ou de la couleur. […] On peut préférer un écrivain à un autre ; mais la valeur de notre goût se mesure justement à nos préférences. […] C’est dire qu’il y a des principes extérieurs et supérieurs à notre goût individuel ; l’éducation du goût, qui fait que l’opinion d’un ignorant ne compte pas à côté de celle d’un lettré, consiste à rendre notre goût plus conforme à ces principes ; le jugement esthétique est fondé en nature.
» Bonaparte les plaisanta un peu sur ce goût ; mais que lisait-il donc lui-même ? […] Mais je n’ai pas voulu combattre en rien le goût du public. […] Le public parisien devait garder longtemps ce goût du mystère « persan ». […] Weiss reproche à Nisard d’avoir le goût triste […] Nous n’avons pas toujours les mêmes goûts ; nous n’aimons pas toujours les mêmes choses.
Le goût de M. Mazel pour la simplification explique aussi son goût pour le théâtre, conçu tel qu’une refonte des grands événements ou des grandes périodes historiques. […] Le drame historique ne doit pas être dédaigné : il est seulement fâcheux que notre goût absurde d’une mise en scène réaliste le réduise de plus en plus aux trahisons de la lecture. […] Mais il ne faudrait pas exagérer l’influence d’une santé chétive sur les tendances et les goûts d’une intelligence. […] Il écrivait pour se réaliser, pour dire ses sensations, ses admirations, ses goûts et ses dégoûts.
Il a le goût du danger. […] Il n’a de goût que pour les idées. […] Weiss a toujours conservé le goût d’avant 1850. […] Il s’est plié à son goût. […] C’est le goût de l’extraordinaire.
J’avais un goût décidé pour l’étude de la médecine. […] Il me dit en entrant : « Vous avez hier récité des vers ; eh bien, j’en fais et je viens vous les lire. » Il m’en récita de charmants, un peu dans le goût d’André Chénier. […] Ce sont, pour la plupart, des livres couverts de remarques et annotations manuscrites, comme ceux qui composaient la bibliothèque de son fils, aujourd’hui dispersée : on dirait que le père a transmis au fils, en mourant, tous ses goûts avec sa manière d’étudier, la plume ou le crayon à la main. […] Si, né dans sa mort même, Ma mémoire n’eut pas son image suprême, Il m’a laissé du moins son âme et son esprit, Et son goût tout entier à chaque marge écrit. […] Avec Virgile, nous rentrons dans l’un des goûts de prédilection de toute sa vie et qui avaient commencé au collège : Homère, Virgile, Racine, Lamartine. — Lamartine !
Delacroix, averti par le goût toujours inhérent au génie, ne pouvait jamais tomber dans ces vilenies. […] Le crime, dont l’animal humain a puisé le goût dans le ventre de sa mère, est originellement naturel. […] Le Beau est l’unique ambition, le but exclusif du Goût. […] Aussi ce qui exaspère surtout l’homme de goût dans le spectacle du vice, c’est sa difformité, sa disproportion. […] Le goût diabolique du théâtre prit impérativement le dessus, et en 1837 il pria Joanny de l’entendre.
Il a donc fallu que M. le secrétaire perpétuel, pour rendre son sujet tout à fait agréable et pour l’accommoder au goût particulier du public dont il recherchait la faveur, dissimulât le côté essentiel qui y aurait jeté une ombre. […] La recherche du vrai dans toutes les théories, le goût du beau sous toutes les formes, la jouissance du droit conquis par la raison publique et consacré par la loi commune, l’application rapide de toutes les découvertes utiles et l’échange des productions multipliées de l’univers, devinrent en philosophie, en littérature, en politique, en industrie, le travail, l’ambition, le partage de l’heureuse génération à laquelle appartenait M. […] Cousin allait à l’École normale présider une conférence, voulant exprimer le goût qu’il a pour cette formation et cette manipulation des esprits, il disait de ce ton légèrement exagéré où le vrai et le comique se confondent : « Je suis un pédagogue, j’aime la pédagogie ; j’ai fait quelques ouvrages, mais ce que j’ai peut-être fait de mieux, c’est encore Jouffroy, qui est presque un homme. » Ces paroles sont de toute exactitude. — Quant à M. […] Cousin lui disait devant témoins, du ton d’un chef satisfait : « Damiron, tu fais des progrès. » — Ce n’est certes pas ainsi qu’on est philosophe dans le goût de Montaigne, de La Rochefoucauld ou de Saint-Évremond ; mais ces allures servent beaucoup quand on prétend faire une école de philosophie et qu’on en met l’enseigne : dès qu’on veut accaparer les hommes, un peu de charlatanisme ne nuit pas.