Madame Du Deffand était née gaie, et cette gaieté, elle la garda toujours.
— était si maladroit dans l’exercice des armes qu’il fut obligé de s’interdire la chasse pour ne blesser personne, et qu’on a gardé dans sa famille, comme souvenir unique de son genre parmi ses traditions de gloire, le souvenir de la seule perdrix qu’il eut une si grande peine à tuer !
La proportion est bien gardée.
Ces éblouissants éblouis ont gardé dans les yeux l’impression des éclairs de cet esprit qui en avait tant lancé dans sa vie, et ils croient toujours en voir briller, dans ses lettres éteintes, quand, de fait, il n’y en a plus.
Ils gardent et montrent le sérail d’autrui… Abélards eux-mêmes, naturellement et sans crime î Charles de Rémusat ne s’est pas contenté d’écrire la monographie d’Abélard, il a écrit celle de saint Anselme3, et même celle de bien d’autres, pour le dictionnaire de la Revue des Deux Mondes.
Pope aussi était contrefait, mais, pris dans l’étau de son corset de fer, il n’envoya jamais, du fond de cette torture, d’injure à Dieu et de crachat sur la vie, dont Dieu, qui veut qu’on se soumette à sa Providence, a toujours gardé le secret !
Il semblait que la pureté de son âme eût revêtu ce corps, et gardé des saletés de la terre cette chair qui s’y exposait et se trempait aux fanges avec la soif de l’abjection !
— dit-il quelque part, bondissant sous elle, — l’écrasante et affolante pensée d’un Dieu tout-puissant, qui, non content de tyranniser nos corps, tyrannise nos cœurs, en nous ôtant la force même de nous plaindre, parce que nous savons que l’iniquité même sera juste si le caprice de celui qui peut tout l’a décidé ainsi… » Voilà Job et le poitrinaire qui meurent à Madère, — et c’est lui, Georges Caumont, fou des terreurs de Dieu, et qui, de la religion qu’il réprouve, n’a gardé que la croyance à l’enfer… « Non !
Le christianisme, qui a déjà une fois modifié ces natures bestiales et enfantines, mais qui n’a pas — les doux maîtres partis — gardé sa conquête, tant le nègre redevient incorrigiblement ce qu’il était dans l’espace d’une génération, le christianisme, avec ses influences surnaturelles, pourrait seul constituer un état de civilisation relatif pour ces nègres, en pleine réaction, à l’heure qu’il est, de barbarie africaine, et dont Soulouque est bien plus l’instrument que la tête ; car un pareil homme n’est la tête de rien.
IV Mais tous ceux-là, en petit nombre maintenant, qui auront gardé un peu d’âme dans leur poitrine et un peu de Dieu dans leur âme, liront avec une saveur profonde la simple histoire du plus rare des poètes, qui, dans tout le cours de son livre, n’a pas l’apparence de se douter qu’il en est un.