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793. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Vogl en a encore un peu ; Madame Vogl n’en a plus du tout : l’indignation était générale parmi les étrangers ; Madame Vogl est, certes, une excellente artiste et fut une excellente chanteuse ; mais on ne peut laisser que tout un rôle comme celui de Brünnhilde soit annulé par l’absolue insuffisance vocale d’une actrice ; l’administration de l’Opéra de Munich y devrait songer autrement, aux prochaines représentations wagnériennes il y aura des désertions. […] Dans la pensée de l’auteur ils sont ainsi parodiés, mutilés même par « l’Esprit de Négation » : il faut lire de quelle façon intelligente et vraiment supérieure le docteur Pohl a interprété la conception et la mise en œuvre générales de toutes ces transformations, dans sa magnifique étude de l’œuvre qui nous occupe63. […] Il a vu que deux musiques étaient possibles ; l’une personnelle, traduisant, dans le minutieux détail, les émotions d’une âme individuelle ; l’autre exprimant les émotions générales, totales, d’une masse humaine, la résultante d’états multiples, mais surgis en des âmes pareilles de foule. […] A une foule peuvent être offerts seulement les grosses émotions d’une foule : l’orchestre, jusque le jour où il deviendra vraiment invisible (où il sera lu en un livre) est à dire, uniquement, les grandes passions collectives, les blocs d’émotions généraux. Ainsi les œuvres orchestrales de Beethoven, au contraire des sonates et quatuors, expriment toujours des états très généraux, revivent l’âme de foules, non d’individus choisis.

794. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

On dit contre les commencemens de poëme trop enflés, qu’un exorde doit être simple, et que cette régle est générale : mais si elle étoit aussi générale qu’on le prétend, le début des plus belles odes seroit vicieux, on y promet toujours des miracles. […] L’expérience ne prouve que trop qu’avec cette ressemblance générale que les hommes conserveront toujours entr’eux, ils ne laisseront pas d’avoir des différences considérables. […] On doit quelquefois négliger les mots les moins importans, pour enchérir, s’il se peut, sur les essentiels, afin de rendre par ces compensations, plutôt le génie et l’agrément général, que le détail scrupuleux des phrases, toujours languissant et sans grace. […] Les suffrages de juges aussi éclairés entraînent toujours l’approbation générale.

795. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

, qui a produit ce livre où il y a du talent souvent à dégoûter, mais c’est quelque chose de plus général qu’un goût ou une fantaisie individuelle. […] Ici vient se placer la description des mœurs de la charcuterie, générale et privée, et des opérations culinaires de cette attrayante industrie. […] Cela s’épandait, se soutenait, au milieu du vibrement général, n’ayant plus de parfums distincts (il appelle cela des parfums !) […] Il y a, dans La Faute de l’abbé Mouret, en dehors de son intention outrageante contre la religion, une autre cause de succès, bien plus générale encore… Je l’ai dit plus haut, c’est la bassesse de l’inspiration. […] Zola est d’une brutalité de touche qui, de simples qu’elles sont, les fait basses, et son amour dépravé du détail laid — le mal général de la peinture à cet instant du xixe  siècle — les abaisse davantage encore.

796. (1903) Le problème de l’avenir latin

Voilà pourquoi le résultat général de la romanisation de la Gaule nous paraît avoir été corruption, amollissement. […] Le caractère général en serait d’être un programme radical. […] C’est une part fort importante de la besogne générale : mais une part seulement. […] La brutalité est une chose qui appartient au mode d’existence générale du monde, aussi bien dans l’humanité que dans la nature. […] Au lieu de contribuer au mal général dans leur patrie, ces individus deviendraient ainsi des créateurs d’avenir.

797. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Si les orateurs grecs et romains touchent en nous les cordes du patriotisme et les notions générales de l’intérêt public, ce dont nous parlent nos orateurs chrétiens — le dogme mis à part, — c’est toute notre vie morale et toutes les grandes questions métaphysiques et morales, que notre conduite journalière tranchera à notre insu, si nous ne les résolvons avec réflexion ; c’est une conception générale de la vie et de l’être, qui se dégagera malgré nous de nos actes, si nous ne les dirigeons pas par elle. […] Il les dirigeait, lui, si discrètement, et de si haut, que, ne se sentant pas asservies, elles ne se croyaient pas dirigées : il se contentait d’offrir, de sa raison à leur raison, des principes généraux de conduite. […] Oeuvres oratoires de Bossuet Dans la diversité des ouvrages de Bossuet, le caractère le plus constant et le plus général qui se manifeste, est le caractère oratoire : c’est donc sur l’orateur qu’il faut porter d’abord notre étude. […] Le Discours sur l’Histoire universelle est d’abord un abrégé chronologique de l’histoire générale, qui vaut par la brièveté lumineuse, et par un sens de la réalité dont tous ces faits arides et ces dates sèches se trouvent vivifiés. […] Le sens général de l’œuvre de Bossuet est de démontrer qu’ils ne peuvent l’aire ni l’un ni l’autre : qu’en fait, le dogme varie de secte à secte et de génération en génération ; que nulle autorité chez eux n’est reconnue, ni universellement, ni souverainement, et que l’essence de la réforme est de livrer le dogme aux variations de la raison individuelle, de mettre cette raison individuelle au-dessus de la tradition et de l’autorité.

798. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

., on distingue simplement une classe générale de phénomènes d’une autre classe de phénomènes, indépendamment du fait d’être senti, perçu, pensé, voulu, etc. […] Toutes ces questions, le psychologue en prépare la solution, mais elles appartiennent proprement à la philosophie générale, puisqu’elles constituent des inductions sur la nature intime des individus et du tout. […] Mais, d’abord, un terme général n’a pas le pouvoir de supprimer des distinctions spécifiques. […] Nous essaierons de montrer l’appétit et, du côté physique, la motion, d’abord sous la sensation, puis sous l’émotion agréable et pénible, enfin sous la réaction qui constitue la volonté au sens le plus général du mot. […] La méthode synthétique que nous nous proposons de suivre a, si nous ne nous trompons, l’avantage de rattacher non seulement la physiologie à la psychologie, mais encore la psychologie à la philosophie générale.

799. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Dès le lendemain de la révolution de 1830, la confusion des idées devint générale. […] Peut-être n’est-elle ni aussi avancée, ni aussi générale que quelques-uns se le persuadent. […] L’initiative individuelle usurpe alors, dans le mouvement général des intelligences, une plus large place. […] Ils ont érigé le fait exceptionnel en fait général, et le fait général en maxime ; à savoir, que l’amour a en lui une force réparatrice, une vertu purifiante ; qu’il efface les souillures et rend à l’âme son innocence perdue. […] On le retrouve dans La Confession générale de Frédéric Soulié.

800. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

elle a répondu avec ardeur, avec feu et sur tous les tons, à l’appel et au vœu des fondateurs du concours, non pas qu’il soit sorti de cette mêlée générale, où 251 concurrents étaient aux prises, une œuvre achevée, complète, et qui réunisse toutes les conditions que les législateurs d’autrefois en ces matières eussent exigées pour une parfaite couronne ; mais il y a nombre de pièces, et même parmi celles qu’on a eu le regret de devoir éloigner, où s’est montrée l’empreinte du talent, le signe distinctif du poète ; et quelques-unes enfin dans lesquelles, d’un bout à l’autre, un souffle heureux a circulé. […] Au milieu des comparaisons multipliées et consciencieuses auxquelles se sont livrés le jury général et les sous-commissions dans lesquelles il s’était divisé, il y avait une difficulté très réelle, au moins pour ce qui concernait les nouvelles et la poésie, non pas tant à démêler d’abord qu’à classer définitivement les ouvrages. […] Pour moi, qui suis de ceux à qui la Société des gens de lettres avait fait l’honneur de les appeler dans son sein pour participer à ce jugement, je puis dire en mon nom et en celui des hommes de lettres ainsi conviés que j’ai été frappé et touché avant tout d’une chose, du sentiment d’équité générale et bienveillante qui a présidé à ce long examen.

801. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Il a fait un livre d’une teinte grise, livre le plus dénué de poésie et de couleur, mais d’une observation générale des plus vraies et tristement éternelle. […] Si l’on voulait, à toute force, tirer une leçon du livre, rien ne serait plus aisé : les moralistes chrétiens ont parlé souvent en termes généraux, mais avec une grande vérité, des misères de la passion et de l’enfer des jalousies ; on en a ici un exemple à nu, on a un damné qui sort de son gouffre et de son cercle dantesque pour nous faire sa confession atroce et d’une énergie truculente. […] L’amour supplée aux longs souvenirs par une sorte de magie. » Mais il ne nous indique aucun de ces détails qui lui ont paru si charmants, ou il ne les indique que d’une façon très générale ; il aime mieux s’écrier : « L’amour n’est qu’un point lumineux, et néanmoins il semble s’emparer du temps, etc. » — Un jour il écrit à Ellénore, pour lui donner idée de ce qu’il souffre pendant les heures qu’il vit séparé d’elle : « … J’erre au hasard courbé sous le fardeau d’une existence que je ne sais comment supporter.

802. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

., qui ont toujours l’honneur de manger avec le général, y mangeaient avec leurs chapeaux sur la tête. […] C’était dans le temps que l’on venait de donner les fermes générales ; les fermiers craignaient fort qu’on ne leur retirât le domaine de Paris. […] Colbert les envoya quérir aussitôt après la conversation qu’il eut avec le roi, et leur demanda pour quel prix ils mettaient le domaine de Paris dans les fermes générales.

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