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1651. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Je n’aime pas beaucoup mon siècle ; cependant, avant de mourir, je veux goûter quelques sensations rares, d’ordre tout intellectuel, et j’ai l’intention de confier le maniement de ma fortune à un homme habile : banquier, industriel où directeur d’un grand journal. […] Que deviendrions-nous, que deviendraient les classes supérieures si tout le monde avait part à la fortune publique ?

1652. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

On interroge Nefftzer qui ne répond pas directement à la question, et avec son scepticisme finement blagueur sous son gros rire, et avec sa parole malignement mordante sous son épais accent alsacien, se moque de Gambetta venant d’envoyer, comme maire de Strasbourg, un maire, qui, d’après lui, se serait sauvé, et remplacerait un maire qui se battrait courageusement, et il accuse X… d’avoir fait sa fortune dans les travaux des fortifications, et encore des officiers du génie, de faire inscrire, sur les feuilles des entrepreneurs, trois cents ouvriers, là, où un atelier de cinquante travaille seulement. […] » Puis le poète parle de la ruine financière de la France, répétant une phrase de Rouland, toute chaude de ce matin : « Si l’on peut estimer la fortune de la France à quinze cents milliards, il faut la considérer comme tombée, dès aujourd’hui, à neuf cents milliards. » Le jour de l’an de Paris de cette année, il réside dans une douzaine de misérables petites boutiques, semées, çà et là, sur le boulevard, où des marchands grelottants offrent des Bismarck, caricaturés en pantins, aux passants gelés.

1653. (1940) Quatre études pp. -154

Aucun poète, a écrit Wyzewa, ne saurait espérer pareille fortune, jamais. Pareille fortune, Elisabeth Barrett, sa contemporaine, ne l’a pas eue ; mais je ne sais si elle n’a pas obtenu des dieux une plus précieuse faveur.

1654. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Peut-être à cause de sa grande fortune ? […] Est-ce que je sais seulement ce que vous avez, je me moque de votre fortune !

1655. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Soldat et bon soldat, officier et officier de mérite, trafiquant, entrepreneur agronome, millionnaire oisif, fastueux et débauché, gueux manquant de pain, scribe au Mont-de-Piété, besoigneux nourri par un de ses anciens domestiques, journaliste, pamphlétaire, philosophe, fondateur de religion, à peu près dieu après sa mort, il n’est aucune situation de fortune qu’il n’ait traversée, ni forme d’existence qu’il n’ait prise. […] En combinant avec les plaisirs sensuels l’absence de soins matériels dont les père et mère seront délivrés ; le contentement des pères dégagés des frais de ménage, éducation et dotation ; le contentement des femmes, délivrées de l’ennuyeux ménage sans argent ; le contentement des enfants abandonnés à l’attraction, excités aux raffinements de plaisir même en gourmandise ; enfin le contentement des riches tant par l’accroissement de la fortune que par la disparition de tous les risques et pièges dont un civilisé opulent est entouré ; l’Harmonie fera régner sur la terre le bonheur parfait, et en même temps l’ordre méthodique, rigoureux, minutieux, une exactitude d’horaire, un admirable mécanisme administratif. […] Et enfin, ce qui est, non pas le plus grave, mais le plus frappant, et qui fera peut-être le plus réfléchir les prêtres catholiques : ainsi liée au gouvernement de la France, l’Église de France suit sa fortune. […] A l’impopularité de la Restauration rejaillissant sur l’Église qui avait lié sa fortune à celle de la Restauration. […] Sans avoir jamais été communiste, ni même égalitaire au point de vue de la distribution des biens de la fortune, la richesse l’irrite et va lui arracher, dans les Paroles d’un croyant, les plus éloquentes de ses déclamations

1656. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Quand les œuvres littéraires correspondent aux premiers, ils vivent dans la même estime aussi longtemps que la combinaison persiste ; quand elles se rapportent aux seconds, elles ne plaisent qu’un jour, et tout ce que l’on peut espérer pour elles c’est que la même combinaison, venant à se reproduire fortuitement, leur ramène momentanément la fortune. […] Les hommes de ma génération le regrettent, mais c’est en vain qu’ils espèrent pour lui un retour de fortune. […] Christian, le regard terne, la démarche légèrement avinée, entre, inconscient de l’écroulement définitif de sa fortune royale, hébété au milieu d’un désastre que rien ne peut plus conjurer.

1657. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Kitty Bell parle pour la première fois à son hôte, qu’elle croit riche aussi maintenant, et le prie de prendre un appartement plus convenable à sa fortune.

1658. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

L’exercice de son imagination était pour lui un plaisir complet que ne pouvaient troubler ni les objections de la critique, ni les rigueurs de la fortune. […] Sir Edward n’a pu voir Madeleine sans l’aimer ; il lui offre sa fortune et sa main.

1659. (1893) Alfred de Musset

Il en met, et d’énormes, aux sommes d’argent ; les deux ou trois cents francs donnés à un jeune homme dans l’embarras en deviennent vingt-cinq mille, les fortunes se gonflent démesurément et les affaires des petits usuriers prennent des proportions grandioses. […] La Confession a eu l’étrange fortune d’être presque toujours jugée sur ses défauts et ses mauvaises pages, même par ses admirateurs.

1660. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Mais Dante et Pétrarque, restés les grands monuments de la poésie italienne, après diverses fortunes de gloire et d’oubli, n’ont jamais joui de l’universalité des poètes appartenant aux âges classiques. […] Perdu de dettes, de concussions et de rapines, complice de Catilina, moins la franchise et l’audace, associé, lui patricien, avec les instigateurs de la guerre servile, prostitué aux plus honteuses débauches, voyant contre lui dans Caton tout ce qu’il y avait de grandeur morale, dans Cicéron tout ce qu’il y avait de haute intelligence à cette époque, s’appuyant, pour refaire sa fortune, sur ce tas d’hommes perdus de crimes qui, si tout n’est renversé, ne sauraient subsister : pour échapper à toutes les hontes, il fallait qu’il devînt maître du monde ; il avait à opter entre les Gémonies et le Capitole ; il avait à faire du nom de César le titre des chefs d’empire, pour qu’il ne restât pas, au-dessous de Catilina, la flétrissure des impurs fauteurs de la démagogie. […] À ceux donc qui admirent la force, abstraction faite de son but et de son principe moral, nous laissons le culte de César et de sa fortune.

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